Les bureaux d’AlAlam attaqués, retour au calme à l’aéroport, et 17 Libanais tués en Syrie ce vendredi
La politique de la terreur menée par les miliciens de l’insurrection syrienne ne connait pas de répit.
Promue au rang de "Chabbihas", terme utilisé pour diaboliser tous ceux qui soutiennent le pouvoir en Syrie, (désignant en général des voyous), la plus célèbre actrice syrienne Soulafa Fawakhirgi semble elle aussi dans la ligne de mire de la milice de l’Armée syrienne libre.
S’adressant pour le site de la télévision arabophone MBC, Mme Fawakhirgi accuse les miliciens d’avoir encouragé sa femme de ménage à la kidnapper et à la livrer pour la simple raison qu’elle soutient le pouvoir. L’actrice assure avoir livré la bonne à la justice, indiquant avoir trouvé parmi ses affaires un appareil de communication ultra sophistiqué, et une importante somme d’argent en dollars. Mme Fawakhirji qui, contrairement à ses collègues acteurs syriens refuse de quitter son pays, a assuré que certains cousins de la femme de ménage appartiennent aux milices en action en Syrie.
Des chabbihas partout : journalistes
Le mois dernier, les miliciens de l’ASL avaient tué un acteur connu pour son rôle dans un feuilleton qui a fait long feu sur les chaines satellitaires arabes, « Bab el-Hara » (Le portail du quartier), le syro-palestinien Mohammad Rafea, lequel a fait l’objet d’une campagne de diffamation pour justifier son assassinat, le présentant comme un chabbiha lui aussi.
Depuis le début de l’insurrection, les miliciens ont tué à bout portant des sportifs, professeurs d’universités, médecins, acteurs, ainsi que des fonctionnaires de la fonction publique, et des hommes de medias.
Le dernier de leurs victimes est le journaliste Bassel Youssef qui travaillait dans l’Organisme général de la radio et télévision syrienne. Il a été abattu au sud de la capitale dans la nuit du 23 novembre dernier. Comme pour couvrir cet assassinat et le justifier, l’OSDH avait prétendu qu’il a été tué dans des tirs de feu contre le quartier Tadamone, signalant qu’il est un chabbiha.
AlAlam dans le collimateur
Ce vendredi encore, les medias sont particulièrement visés. Selon Arabs-Press, le camion SNG de la chaine de télévision satellitaire iranienne arabophone AlAlam a été détruit. Dans les détails, la caméra de surveillance a filmé un jeune homme s’approchant du véhicule et plaçant en dessous un engin explosif avant de prendre la fuite.
Selon le chef du bureau de la chaine à Damas, Hussein Mortada qui a été blessé à deux reprises, ses bureaux ont essuyé plusieurs obus mortiers ces derniers jours et lui fait toujours l’objet de menaces de morts. En même temps, les forces de sécurité syriennes ont démantelé un deuxième engin explosif déposé à proximité des bureaux de la chaine.
Mortada a lié cette attaque à l’interruption de la connexion internet à Damas, imputé par le ministre de l’information syrien aux insurgés : « comme il n’y a avait pas d’internet, certaines chaines de télévision et réseaux sociaux se sont mis à diffuser des rumeurs, comme quoi il y avait des accrochages au cœur de l’aéroport et que l’autoroute de l’aéroport a été fermé, et autre. Alors que nous étions les seuls qui transmettaient des informations instantanément sur ce qui se passait réellement sur le terrain», a-t-il expliqué, accusant les miliciens de vouloir taire cette chaine pour avoir la liberté de raconter les mensonges qu’ils veulent.
Internet et aéroport
En effet, au moment même de l’interruption des lignes de communication internet, des informations contradictoires ont fusé de toutes parts sur la situation à l’aéroport de Damas.
Les sites de l’insurrection ont prétendu que les miliciens de l’ASL se sont emparés de l’aérodrome.
Alors que le site Syria Truth (opposition hostile au régime et a l’insurrection en même temps) a signalé jeudi que plus de 5000 hommes armés ont attaqué l’aéroport et les brigades qui le protègent à coup d’obus de mortier. Il signale que des combats ont été menés aux confins nord et est de l’aérodrome. Il est également question selon le site d’un obus qui s’est abattu sur le VIP terminal, au sud-ouest de la piste d’atterrissage.
Pour ce vendredi, Syria Truth ne donne plus de détails. L’AFP pour sa part rapporte les déclarations d’une source aéroportuaire selon laquelle le trafic aérien est normal vendredi et que l'embarquement des passagers se déroulait sans incident.
"Hier (jeudi), nous avons adressé un télégramme aux compagnies étrangères travaillant encore avec la Syrie et à (la compagnie nationale) SyrianAir pour les informer de l'état de la route de l'aéroport afin qu'ils annulent les vols vers Damas", a affirmé vendredi à l'AFP une source aéroportuaire.
"Aujourd'hui (vendredi), après le rétablissement de la sécurité sur la route, nous avons envoyé un nouveau télégramme pour leur dire que la sécurité était rétablie", a ajouté cette source.
"Les voyageurs de SyrianAir pour Jeddah via Alep ont achevé leurs formalités et attendent d'embarquer. Il y a un vol pour Le Caire prévu à 12H00 (10H00 GMT) mais nous allons le retarder pour attendre les retardataires et un vol pour Lattaquié est également prévu dans la journée", a-t-elle précisé.
"En revanche, pour le moment, aucun avion n'a atterri mais le travail à l'aéroport est normal", a expliqué cette source.
La version de l’OSDH, principale source accréditée à l’AFP est venue corroborer celle de la source susmentionnée, assurant que la route était ouverte et que l'aéroport fonctionnait normalement.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’OSDH avait signalé que « de violents combats ont opposé soldats et rebelles autour de l'aéroport international de Damas ». L’observatoire dit aussi que deux employés de l'aviation civile ont été tués jeudi dans un bus transportant du personnel et l'armée a bombardé des villages longeant la route entre Damas et l'aéroport, situé à 27 km au sud-est de la capitale.
Les USA envisagent
Les Etats-Unis étudient l’éventualité d’intervenir plus profondément en Syrie, vu que la situation en est arrivée à un stade où il lui est possible d’envisager de contribuer à la chute du régime syrien. Selon le quotidien américain New York Times, les discussions au sein de l’administration américaine abordent toujours cette éventualité, mais n’a pas encore pris de décision. Surtout qu’elle a devant elle plusieurs choix, dont entre autre celui de dépêcher directement des armées aux insurgés en Syrie.
Dans les tractations, il est question que les Américains de réviser la position de Washington pour acquérir davantage de crédibilité et d’impact sur les miliciens. La décision la plus importante qu’elle devrait prendre et qui consiste en le déploiement de missiles Patriot à la frontière turque avec la Syrie, devrait être prise la semaine prochaine. Selon des experts américains, ces missiles devraient empêcher le régime syrien de pilonner certaines localités syriennes aux confins avec la Turquie.
D’autres choix devraient être en vue : livrer directement des armements aux insurgés, envoyer des officiers de la CIA ou des autres services de renseignements pour porter assistance aux miliciens dans les régions qu’ils contrôlent.
Le New York Times assure pour sa part que le président Obama est plus disposé à prendre des risques depuis qu’il a été réélu pour un deuxième mandat. Alors que des responsables du Congres américain pensent qu’aucun tournant ne devrait être signalé avant la formation de la nouvelle équipe d’Obama dans la maison blanche.
40 anti aériens
Selon le Washington Post, citant des services de renseignements occidentaux, les miliciens syriens ont d’ores et déjà obtenu 40 missiles anti aériens. Comme pour la majeure partie de l’armement livré aux miliciens syriens, son origine est le Qatar.
A la recherche de deux appareils abattus
Les medias proches de l’insurrection syrienne ont propagé une information les deux derniers jours, selon laquelle un hélicoptère et un avion de combat ont été abattus dans l’entourage de la base « cheikh sleimane pour la défense aérienne » dans la province d’Alep (Rif d’Alep).
L’information n’est pas du tout précisée. Une information parle d’un hélicoptère abattu, alors qu’un autre indique qu’il s’agit d’un avion de combat. Les images vidéo qui escortent l’information montrent un missile qui se dirige vers un hélicoptère. Puis tout d’un coup on entend des cris Allahou Akbar, sans voir nullement comment le missile a percuté l’appareil. Mais les images suivantes montrent une boule de feu, foncer au sol.
Cette information est d’autant plus louche que plusieurs sites indépendants ne l’ont pas évoquée alors que les sites pro insurrection l’ont accompagné de deux photographies différentes : dans le journal libanais AlMoustakbal, le missile frappe la partie gauche de l’appareil, alors que dans le site AZD affiche une photographie ou l’appareil est frappé dans sa partie droite.
Il s’avère que c’est la même photo qui représentait l’appareil abattu dans la banlieue Est de Damas, à Qaboune, depuis plusieurs mois.
Il en est de même pour le présumé avion abattu, et l’illustration qui accompagne son information. Le site célèbre « Moufakiratou al-Islam » (l’agenda de l’islam) a par exemple publie la même photo publiée pour l’appareil abattu le 4 novembre 2012 dans la province d’Alep. L'agence Reuters a elle aussi publié une photographie imprécise la présentant comme étant les débris de l'avion abattu.
Terrain: 17 Libanais tués
Sur le terrain, peu d’informations ont filtrées ce vendredi. Selon le site Syrien documents, des accrochages violents se sont déroulés entre l’armée régulière et les milices de l’Armée syrienne libre (ASL) à Deraa.
A Idleb, selon la même source, les forces gouvernementales ont bombardé des positions de l’ASL dans la région de Maret Noemane. Alors que certaines informations font état d’attaques contre des barrages de l’armée sur l’autoroute de la ville d’Idleb.
Par ailleurs et selon l'AFP, 17 libanais qui tentaient d'entrer en Syrie pour porter assistance à l'insurrection syrienne ont été tués cet après-midi par des tirs de l'armée syrienne.
Non à l’intervention, non à l'effusion de sang
Entre temps, plusieurs factions de l’opposition syrienne de l’intérieur se trouvaient dans la capitale russe alors que la délégation de la coalition se rencontrait au Caire pour étudier l’entrée de nouvelles forces de l’opposition syrienne .
De Moscou, le chef de l’organisme de coordination nationale (OCN) l’avocat Hassan Abdel Azim a réitéré la position de sa faction, hostile à toute intervention étrangère et insistante sur la spécificité de la révolution, et sur la nécessité de faire cesser l’effusion de sang.
Le vice-coordinateur de l’OCN, Aref Dalila a quant à lui assuré que sa formation est prête a dialoguer avec les autorités syriennes pour changer le régime : « il y a le dialogue et les négociations, le pouvoir voudrait le dialogue, et l’OCN voudrait le dialogue pour changer le régime », a-t-il signifié, révélant que la rencontre avec le ministre russe des affaires étrangères Serguei Lavrov a évoqué tous les sujets ayant trait aux solutions de la crise syrienne, dont entre autre l’application de l’accord de Genève, particulièrement cher pour Moscou.
Dalila a réclamé l’arrêt de l’effusion du sang des deux côtés, l’arrêt des hostilités de la part des autorités, l’arrêt de l’armement de l’insurrection, et la formation d’un gouvernement transitoire.
Oui à l'intervention, oui aux armes
Sachant que la coalition qui s’est réunie au Caire a réitéré que ses objectifs n’ont pas changé : « le renversement du régime et le démantèlement de son appareil sécuritaire ». Refusant tout dialogue avec le régime avant son renversement.
« Nous demandons que le monde reconnaisse la coalition comme étant le seul représentant légitime du peuple syrien, et de suspendre l’embargo sur les armements imposé sur l’importation d’armements, et de lui envoyer des missiles anti-aériens ».
Une rencontre devrait se tenir les 17 et 18 décembre prochain dans la capitale italienne ou 33 partis et factions de l’opposition syrienne ont été conviés, ainsi qu’un certain nombre d’officiers syrien de l’armée qui ont fait défection.
Erdogan : la clé Russe
De retour de Madrid à Ankara, le premier ministre turc Recep Tayyeb Erdogan a assuré que « c’est la Russie pour porte la clé de la solution en Syrie, alors que l’Iran n’est plus du tout en situation de porter cette clé ». Il a signalé aussi que le président russe va venir en Turquie le 3 décembre prochain.
Concernant l’insurrection syrienne, Erdogan a signalé qu’elle est en train d’obtenir de l’armement d’une façon ou d’une autre. Et de conclure que « le président syrien n’a plus de contrôle sur terre, et ne peut qu’attaquer par air ». Selon ses allégations, « l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne est exclue sans mandat du Conseil de sécurité ».