A suivre comment les israéliens et les Américains vont faire pour le faire avorter
Soixante-cinq ans après l’adoption par les Nations unies de la résolution 181 partageant la Palestine en deux Etats, et des dizaines de texte sur le conflit israélo-arabe jamais respectés par Israël, l’Assemblée générale de l’Onu a accordé à la Palestine, jeudi, le statut d’«Etat observateur non membre».
La décision a été approuvée par 138 voix pour, 9 contre dont les Etats-Unis et Israël et 41 abstentions parmi les 193 pays membres. 16 des 27 pays européens, y compris la France, ont voté en faveur de ce texte.
Cette décision symbolique et morale ne changera pas radicalement les données sur le terrain, mais elle permettra à la Palestine de s'adresser au Tribunal pénal international pour accuser Israël de crimes de guerre. Les Palestiniens auront également accès à des agences et organisations de l’Onu et des traités internationaux, mais elle risque d’exposer l’Autorité palestinienne à des représailles financières américaines et israéliennes.
Dans un discours prononcé avant le vote, le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé que l’Assemblée allait signer «l’acte de naissance» d’un État de Palestine. Il a estimé qu’il s’agissait de la «dernière chance de sauver la solution à deux États» et a promis de «tenter de ranimer les négociations» de paix avec Israël, gelées depuis plus de deux ans.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a dénoncé le discours «diffamatoire et venimeux» de M. Abbas. «Le monde a entendu un discours rempli de propagande fallacieuse contre l’armée israélienne et les citoyens d’Israël. Quelqu’un qui veut la paix ne parle pas comme cela», a-t-il déclaré, ajoutant que la décision de l’Onu «ne changera rien sur le terrain». «Il n’y aura pas d’État palestinien sans arrangements garantissant la sécurité des citoyens d’Israël», a-t-il martelé.
Le Hamas s'est félicité de «la victoire» de la Palestine après l'octroi du statut d'Etat observateur. «Il s'agit d'une nouvelle victoire sur le chemin de la libération de la Palestine et nous nous en réjouissons. Le Hamas la considère comme un succès unitaire qui suscite la joie au sein de notre peuple», a déclaré à l'AFP Ahmed Youssef, un dirigeant du mouvement à Gaza. Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas en exil, a exprimé dans une conversation téléphonique avec le président Abbas «l'agrément du Hamas à la démarche à l'Onu pour obtenir le statut d'Etat observateur», selon un communiqué.
À Ramallah, en Cisjordanie, le vote a été salué par des tirs en l’air et des acclamations de joie de la foule. La résolution votée jeudi «exprime l’espoir que le Conseil de sécurité considérera de manière favorable» la candidature de la Palestine comme membre à part entière, déposée en septembre 2011 par M. Abbas mais torpillée par une menace de veto américain. Ce qui inquiète le plus Israéliens et Américains, c’est la possibilité qu’auraient désormais les Palestiniens de rejoindre la Cour pénale internationale et d’y porter plainte contre Israël. Des responsables palestiniens ont évoqué cette hypothèse si Israël poursuit sa politique de colonisation en Cisjordanie.
Médiarama/30-11-12/