Et par derrière à Hariri.
Le 4 novembre, la Commission des Affaires extérieures avec les pays du Machreq au Parlement européen a tenu une réunion consacrée à la question des réfugiés syriens. Lors des discussions très sérieuses, des chiffres précis sur le nombre et l’appartenance sociale des réfugiés syriens ont été présentés. Il a été souligné que la Syrie accueille un million de réfugiés irakiens et un demi-million de Palestiniens qui ne sont toujours pas rentrés chez eux.
Ahmad Fatfat a prononcé une allocution qui a indisposé certains députés européens car elle était hors-sujet. Le député du Courant du futur a profité de la tribune pour évoquer la question libanaise interne et tenter d’obtenir le soutien de l’Europe à une feuille de route susceptible de ramener son camp politique au pouvoir.
Dans son discours, M. Fatfat s’est plaint du gouvernement de Najib Mikati, sollicitant l’aide de l’UE pour obtenir son départ. Il est revenu sur l’affaire Michel Samaha et a fait assumer au gouvernement libanais la responsabilité de l’assassinat du général Wissam al-Hassan. Il a aussi mis en garde le Parlement européen contre le fait que «les Gardiens de la révolution iraniens se trouvent sur les rives du Levant». Il a réclamé son appui au printemps arabe et à l’opposition syrienne, affirmant que ce soutien est susceptible de garantir la protection et la stabilité du Liban. Le député a critiqué la politique de dissociation du Liban à l’égard de la crise syrienne, adoptée par le gouvernement Mikati, estimant que cette politique vise en fait à protéger le régime syrien. Il a dénoncé l’intervention du Hezbollah en Syrie et le refus du parti de se plier à la justice internationale, notamment dans l’affaire Rafic Hariri.
M. Fatfat a ensuite proposé une sorte d’initiative de règlement de la crise libanaise, qui ne prévoit nulle part le retour à la table du dialogue, prônée par le président de la République, Michel Sleiman. En substance, la démarche proposée vise à obtenir le départ du gouvernement Mikati et empêcher un vide politique, voulu selon lui par le Hezbollah et ses alliés, en encourageant la formation d’un cabinet de technocrates.
La réponse européenne n’a pas tardé, même si elle était indirecte. Dans son mot de clôture, le responsable de l’action extérieure de l’Europe, Jean Snidof, s’est félicité de la coopération étroite et de haut niveau entre l’Union européenne et le Liban et a exprimé la satisfaction de l’Europe à l’égard de la politique de dissociation. Il a réaffirmé le respect officiel européen pour les politiques du gouvernement libanais et salué le climat qui a prévalu lors des réunions tenues dans le cadre du partenariat entre les deux parties. Les propos de M. Snidof, considérés comme reflétant la position officielle du Parlement européen, ont été perçus comme une gifle assénée non seulement à Fatfat mais aussi à l’homme qui voulait adresser à travers lui un message à l’Europe: Saad Hariri.
Nasser Charara, journaliste libanais proche de la majorité
AL Akhbar
Médiarama-30-11-12