Les forces gouvernementales sont parvenues à faire avorter une grande attaque des insurgés qui visaient à s’emparer de trois aéroports civils et militaires dans l’entourage de Damas.
14, 17, 22 ou 30, (selon les médias) miliciens libanais ont été tués dans une embuscade de l’armée syrienne régulière, alors qu’ils tentaient de rejoindre les miliciens de l’insurrection.
Jusqu’à l’écriture de cet article, leur nombre n’est pas encore définitif. Surtout que les différents responsables politiques et medias du camp du 14 mars se sont emparés de l’affaire, et diffusent des informations contradictoires.
Selon le membre de l’Organisme des Oulémas Musulmans (OOM) à Tripoli, Cheikh Nabil Rahim, ils seraient 17, alors que le quotidien libanais AsSafir parle de 22. Rahim signale aussi que trois d’entre eux se sont enfuis et se trouvent chez la milice de l’Armée syrienne libre.
Ce qui est en revanche sur est qu’ils tous sont originaires du nord Liban et faisaient partie d’un groupe de 30 Libanais appartenant aux courantx islamistes salafistes. Certains d’entre eux ont des frères au sein de l’organisation d'al-Qaïda, Fathe el-Islam, indique le journal AsSafir. Certains d’entre eux auraient été faits prisonniers. Le plus jeune d’entre eux est à peine âgé de 20 ans, alors que le plus vieux ne dépasse pas les 25 ans. Il semble aussi que certains d’entre eux se sont rendus en Syrie sans en avoir informé leurs parents. Ils ont été vus pour la dernière foi le vendredi matin, lors de la prière de Fajr (aube) à Tripoli, avant de se rendre tous ensemble vers la frontière avec la Syrie. D’autres miliciens appartenant à d’autres nationalités arabes étaient avec eux. Selon la chaine de télévision iranienne arabophone al-Alam, ils avaient en leur compagnie 9 Syriens, ainsi qu’un nombre indéterminé de Libyens, d’Égyptiens et de Yéménites.
Ils ont été abattus dans la région syrienne de Tall Kalekh qui est sous le contrôle des forces syriennes gouvernementales.
Selon le journal libanais Assafir, la mort de ces jeunes miliciens libanais confirment les informations de l’implication des Libanais dans le conflit syrien. Chose que les partis du 14 mars et des salafistes avaient toujours nié, se contentant de prétendre que leur soutien à l’insurrection syrienne est d’ordre politique et humain.
La campagne médiatique
Durant la journée de samedi, les responsables politiques du camp du 14 mars, en particulier, sont monté à la scène, avec pour principal souci d’alléger le nombre des miliciens tués. À leur tête, le député du courant du Futur, Khaled Daher qui a avancé une version a parlé de 4 tués dans leurs rangs, de 4 portés disparus, alors que tous les autres seraient, d’après lui, arrivés chez l’ASL.
Alors que la radio des Forces libanais, « La voix du Liban » a indiqué que l’un de ceux dont on a annoncé la mort est toujours vivant et se trouve auprès de l’ASL. Mais sans préciser d’où elle a recueilli son information.
Nouveau massacre filmé
Sur You Tube, les images datant du 18 novembre dernier montrent une nouvelle exécution sommaire de 10 syriens sans armes dans la localité de Ras-Eïn, limitrophe de la Turquie dans le gouvernorat de kamechli.
Selon AsSafir, les ravisseurs sont des miliciens de Jabhat-Nosrta (le front al-Nosrat) d’Al-Qaïda, venus par plusieurs centaines des régions turques. Alors que les victimes semblent être des soldats syriens faits prisonniers.
L’une des scènes du massacre montre une des victimes, en train d’implorer les miliciens : « je jure par Dieu que je suis un homme pacifique » leur a-t-il dit en tremblant et les suppliant. (voir vidéo)
L’aéroport sécurisé
Le site Syria Truth a mis la lumière sur les évènements qui ont lieu dans la Ghouta de l’Est de Damas, à proximité de l’aéroport international.
Il assure que l’armée régulière est parvenue à chasser les miliciens de la partie ouest de l’aéroport, et contrôlent désormais les régions de Ghazalaniyyé, Karahta, Bebella, Akraba et la cité des foires. Les miliciens ont aussi été écartés des régions est de l’aéroport, mais se cachent par milliers dans les quartiers résidentiels Deir-Assafir, Chebaa, les environs de Delbé, à Sakka au nord, et à Harane-Awamid, à l’est.
Vendredi, le correspondant d’Almanar a effectué le stand-up de son reportage, à proximité de l’aéroport. Des tirs lointains étaient entendus.
Dans l'après-midi de samedi, des sources syriennes ont assuré pour Almanar que le réseau téléphonique et Internet sera rétabi les heures suivantes
Une attaque d'envergure avortée, le conseil des Russes
Citant une source britannique bien informée et qui suit les évolutions syriennes sur le terrain, le site assure que les miliciens se préparaient à un assaut tous azimuts sur quatre fronts stratégiques dans les environs de Damas. Il devait être lancé samedi matin. Selon lui, ce sont les services de renseignements russes qui ont contribué à le déjouer, en conseillant aux responsables syriens de mener une frappe préventive, trois jours à l’avance.
Toujours à la foi de la source britannique, citée par Syria Truth, le plan des insurgés, élaboré en Turquie en coopération avec la CIA qui dirige les activités à partir de de trois chambres, en Turquie, au Liban et sur le frontière syro-jordanienne, entre 40 à 50000 miliciens ont été mobilisés pour cette opération, 10.000 pour chaque front : en l’occurrence celui de l’aéroport international de Damas, celui l'aéroport militaire de Mazzé et ses environs, et celui l'aéroport militaire Sayyeda Zeinab, long de 3 kilomètres et comprenant des bombardiers.
Mais la puissance d'attaque préventive a déjoué le plan. Les forces gouvernementales ont été en mesure de mobiliser d’importantes forces et de prendre l'initiative en bombardant les groupements d'insurgés, ainsi que leurs lignes d'alimentation venues de toutes les provinces, y compris de Deir Ezzor.
Le blocage de Germana
Selon cette source occidentale, l’une des raisons de l’échec des insurgés est qu’ils n’ont pu rallier à leur cause la ville Jaramana, a majorité démographique druze et chrétienne, laquelle constitue toujours une épine dans la gorge des miliciens, et se dresse comme une importante barrière géographique et démographique qui bloque l’accès Est de Damas, et les privent de la communication sécurisée entre les milices de l'Est Gouta.
A noter que cette ville fait constamment l’objet d’attaques punitives de la part des miliciens, via des voitures piégées meurtrières. La dernière, la sixième, a eu lieu le mercredi dernier et tué 50 civils et blessé 70 autres.
200 et 500 miliciens tués
Selon Syria Truth, les combats se poursuivent dans la localité de Darayya, à partir de laquelle les miliciens devaient prendre d’assaut l’aéroport de Mazzé et les dernières informations font état de l’avancée des forces gouvernementales. Il y est question de plus de 200 miliciens tués et d’un nombre indéterminé de blessés dans leurs rangs. Le site assure que des civils également ont été tués.
Du coté des combats sur l’autoroute de l’aéroport, et la Ghouta de l’Est, Syria Truth avance le chiffre de 500 miliciens tués, dont 40 à Deir Assafir, 30 à Harane-Awamid, 60 à Chébaa, et près de 100 dans les parages ouest de l’aéroport.
Ce samedi, selon le site Syria Documents, des accrochages se déroulent entre les soldats réguliers et les miliciens de l’ASL dans les localités de Akraba et de Bebella , alors que l’aviation syrienne a bombardé des repaires des miliciens dans la localité de Beit-Saham, Dans la province de Damas.
Ailleurs
A Alep, les milices de l’ASL ont reconnu la mort de trois de leurs miliciens dans des accrochages avec l’armée régulière dans le quartier Amiriyya. Il est difficile de vérifier le nombre des tués dans les rangs des miliciens de source indépendante, sachant qu’ils les évacuent immédiatement.
A Idleb, selon des activistes sur place cités par Syrian Documents, les miliciens d’un repaire du font al-Nosrat d’al-Qaïda dans le village Wadi Deif proche de Maaret-Noemane ont tous péri dans un pilonnage de l’armée.
Version AFP-OSDH
Raids aériens autour de Damas, l'armée reprend un champ pétrolier
L’armée de l'air syrienne bombardait samedi la banlieue de Damas, où se concentrent désormais les combats, les troupes au sol reprenant par ailleurs un champ pétrolier qu'ils avaient abandonné dans l'Est.
Le régime, qui a lancé jeudi une vaste offensive pour prendre un rayon de huit kilomètres autour la capitale, veut à tout prix conserver Damas et ses alentours pour être en position de négocier une issue au conflit, selon les experts.
De fait, l'aviation et les troupes étaient de nouveau samedi sur le pied de guerre, pilonnant les vergers qui bordent Damas où les rebelles ont établi leurs bases arrière. Ils bombardaient notamment les localités de la Ghouta orientale, traversée par la route de l'aéroport international.
Jeudi, pour la première fois en 20 mois de violences, les combats ont gagné les abords de cet aéroport, où la compagnie nationale SyrianAir a assuré à l'AFP que le trafic avait repris normalement, les autorités disant avoir "sécurisé" jeudi soir la route y menant.
Samedi, le ministère de l'Information a une nouvelle fois martelé que "l'aéroport fonctionne normalement et la route y menant est totalement sécurisée", selon la télévision d'Etat.
Néanmoins, un convoi de l'ONU qui quittait l'aéroport de Damas a été la cible vendredi de tirs d'origine indéterminée, pour le deuxième jour consécutif, a indiqué un porte-parole de l'ONU.
"L'armée veut prendre le contrôle du côté est de l'aéroport (la Ghouta), où se trouvent des milliers de terroristes et cela va prendre plusieurs jours", a déclaré à l'AFP une source de sécurité. Le régime assimile les rebelles à des "terroristes".
Alors que les violences ont gagné en intensité et surtout atteint la capitale et sa proche banlieue, l'émissaire Lakhdar Brahimi a dit redouter que la Syrie ne devienne un "Etat en décomposition avec toutes les conséquences désastreuses pour le peuple syrien, pour la région et pour la paix et la sécurité internationales".
L'armée reprend un champ de pétrole
Dans l'est du pays, où se trouve la plus grande zone géographique échappant totalement au régime, l'armée a repris le champ pétrolier Al-Omar, après l'avoir abandonné jeudi, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les rebelles n'avaient pas investi le champ, "redoutant qu'il ne soit miné", a expliqué à l'AFP son chef, Rami Abdel Rahmane. Cette infrastructure est stratégique car elle est l'une des dernières positions des troupes à l'est de la ville de Deir Ezzor, non loin de l'Irak.
En novembre, les rebelles ont porté un coup, surtout symbolique, au régime en prenant le plus important champ pétrolier du pays ainsi que plusieurs autres réserves de gaz et de brut.
La production pétrolière syrienne, principalement destinée à la consommation intérieure, qui s'élevait à 420.000 barils par jour, a été réduite de moitié depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire devenue conflit armé.
Dans le nord du pays, 14 rebelles ont péri dans des combats contre des membres des forces pro-gouvernementales aux abords d'une base de la défense aérienne, a rapporté l'OSDH, faisant également état de bombardements et de combats à Alep, la métropole du nord en proie depuis plus de quatre mois à une guérilla urbaine.
Une grande partie du pays était toujours coupée du monde samedi, sans internet ni téléphone pour le troisième jour consécutif, a constaté une journaliste de l'AFP.
Ce black-out fait craindre le pire aux militants et aux ONG, tandis que des appels internationaux ont été lancés, exhortant les autorités à rétablir les communications.