Le frère de Jihad Makdessi nie sa défection, les régions des minorités syriennes toujours attaquées, et l’armée régulière syrienne progresse dans la province de Damas et d’Alep
Le responsable du Comité de Coordination pour le Changement démocratique (CCCD) Haytham Mannaa a signalé qu’il existe des points de base communs entre sa formation politique de l'opposition syrienne et la République islamique d’Iran, malgré le soutien inconditionnel de Téhéran au régime syrien.
« Il existe trois points de base communs du dialogue avec les responsables iraniens. Le premier est que l’Etat démocratique est la solution idéale pour le peuple syrien, le second étant qu’il n’y a plus de retour en arrière, vers le régime ancien, et le troisième étant qu’il est nécessaire de baisser la violence pour garantir un transfert démocratique », a assuré Mannaa dans un entretien avec l’agence italienne Aqi, après une tournée à Téhéran et Moscou.
Et de poursuivre : « depuis un an, le ministère iranien des affaires étrangères considéraient que nous étions un axe important en raison de notre position de la résistance et notre refus de l’ingérence étrangère. Aujourd’hui nous nous mettons d’accord sur la nature du projet démocratique en Syrie et c’est un important progrès ».
Selon lui, « le départ des autorités politiques en Syrie ne veut plus dire que la violence va s’arrêter ».
Haytham Mannaa était lundi à Téhéran où il a rencontré le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne Said Jalil, ainsi que le ministre iranien des affaires étrangères Ali Akbar Salehi.
Devant son hôte, Salehi a insisté sur la nécessité d’une solution politique de la crise syrienne. Il a accusé « les ingérences de puissances étrangères d’avoir attisé les tensions politiques et confessionnelles en Syrie, dans le but de faire passer les objectifs politiques de ceux qui veulent du mal à la Syrie».
Sami parle pour son Jihad Makdessi
Concernant le destin du porte-parole de ministère des affaires étrangères Jihad Makdissi qui a été démis de ses fonctions et dont les rumeurs évoquent sa défection, il n'a toujours pas fait son apparition et c’est son frère Sami qui a parlé pour lui ce mardi. Niant l’information de sa défection, Sami a assuré que sa page Facebook et celle de son frère ont fait l’objet d’un piratage, affirmant que tout ce qui y est écrit est absolument faux.
Jihad et l'armement chimique
A noter que Makdessi ne répond plus aux contacts téléphoniques depuis jeudi dernier. Selon Arabs-Press il ne se trouve plus en Syrie et pourrait s’être rendu au Liban où réside sa famille.
Une source journalistique a assuré pour la télévision Al-Manar qu’il a été démis de ses fonctions en raison d’une déclaration qu’il s’est permise, et dans laquelle il a évoqué unilatéralement l’armement chimique.
Un ancien responsable syrien, à la retraite depuis les années 90, perçoit pour sa part un lien le départ de Makdessi et les mises en gardes américaines exprimées par la secrétaire d’état Hillary Clinton, contre un recours à l’armement chimique syrien. Interrogé par le site « Syria Politics », ce responsable qui a requis l’anonymat révèle que Makdessi a été le premier responsable à avoir parlé de l’armement chimique.
Les Druzes de nouveau dans le collimateur
Neuf élèves et un professeur ont été tués mardi dans la chute d'un obus de mortier sur une école du camp al-Wafidine dans la province de Damas, a rapporté la télévision officielle syrienne.
Selon la chaine, le projectile a été tiree par « des terroristes » et près de 20 autres personnes ont été blessées.
D'après l’AFP, l’Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a également rapporté l'incident, fournissant le même bilan.
L’agence assure aussi que le camp Al-Wafidine situé à 20 km au nord-est de Damas accueille 25.000 déplacés syriens du plateau du Golan occupé par Israël en 1967. Ce qui permet de deviner qu’ils appartiennent à la communauté druze originaire du Golan.
Les communautés druze et chrétienne syriennes (en plus des Alaouites et des Chiites) sont particulièrement visées par les attaques meurtrières des miliciens. La semaine passée, une voiture piégée déposée dans le quartier Germana, habitée par une majorité druze et chrétienne a tué 50 personnes. C’était la sixième voiture depuis le début de la crise syrienne.
Et les assassinats ciblés continuent
Des miliciens armés ont tué le journaliste syrien Naji Asaad qui travaille pour le quotidien syrien officiel « Techrine » devant sa maison dans le quartier Tadamone dans la capitale syrienne.
Les journalistes et tous ceux qui travaillent dans le monde des médias, ainsi que les acteurs, les réalisateurs, les professeurs d’université, les médecins, les hauts officiers et les employés de la fonction publiques et autres qui sont opposés à l’insurrection armée et proches du régime sont des cibles favorites des miliciens de l’ASL.
Des centaines ont été abattus depuis le début de l’insurrection. La semaine passée, la célèbre actrice Soulafa Fawakhirdji a failli avoir un sort similaire. Elle a découvert à la dernière ne minute que sa femme de ménage a été payée par des miliciens de l’ASL pour l’enlever.
Par ailleurs, toujours dans le même quartier, une voiture piégée a explosé tuant les 4 miliciens qui étaient en train de la préparer.
Avancée de l’armée dans la province de Damas
Dans la province de Damas, les forces gouvernementales ont infligé de lourdes pertes aux miliciens dans plusieurs localités et villages.
La totalité de la localité de Darayya est désormais entre les mains des forces gouvernementales. Les miliciens avaient tenté en vain de s’emparer de cette localité, en raison de sa position géographique qui requiert une grande importance stratégique vu qu’elle supervise l’aéroport militaire de Mazzé, et le plus grand siège des renseignements aériens.
La ville de Harasta, vidée de ses habitants depuis qu’elle a été envahie par les miliciens, est elle aussi sous le contrôle des forces gouvernementales alors que certaines poches des miliciens subsistent dans la localité voisine de Douma.
Dans la Ghouta de l’est, où la bataille battait son plein la semaine passée autour de l’aéroport international, les sources informées assurent que l’aéroport et son entourage ont été sécurisés, mais des tirs sont encore entendus dans des régions lointaines.
Alors que dans la région de Sayyeda Zaynab, des accrochages persistent entre les comités populaires qui protègent le quartier et des miliciens retranchés dans la région de Hjeïra.
Lundi, les forces gouvernementales ont tué un sergent ayant fait défection et rejoint les rangs de l’ASL. Jamal Ahmad Noeimi ainsi que deux de ses hommes ont été abattus dans la ville de Kara dans une embuscade qui lui a été tendue.
Terrain ailleurs
A Homs, deux syriens chrétiens ont été tués ce mardi dans des tirs d’obus à l’ouest contre la localité chrétienne Hawwache, située dans la vallée des nazaréens.
Selon Arabs Press, les projectiles ont été tirés de la citadelle AlHosne contrôlée par les miliciens et ont détruit trois maisons. Les miliciens ont attaqué plusieurs barrages de l’armée dans cette vallée située à proximité de la frontière avec le Liban, d’où de nombreux miliciens libanais et étrangers s’infiltrent quotidiennement.
Dans la province de Homs, des dizaines de miliciens ont péri, rapporte Arabs-Press:
18 au moins dans le quartier Bab Houd où l’armée a éradiqué les membres de 4 milices dans des accrochages violents.
10 à Houla dans une opération sécuritaire de l’armée régulière d’une grande importance.
5 dans la localité de Rasten dans des échanges de tirs entre miliciens qui se sont chamaillés pour le partage du butin des pillages.
Un nombre indéterminé de miliciens ont été tués dans une traque dans les vergers Deir Baala.
Dans la province d’Alep, les militaires de l’armée régulière ont repoussé une attaque de miliciens de Jabhat Nosrat d’Al-Qaïda (Front d’al-Nosrat) contre la station électrique située sur l’artère reliant Alep à Rakka et leur ont infligés de lourdes pertes, selon Arabs-Press. Plusieurs repaires des miliciens à Haritane, Kafar-Naha, Daret-Ezza ont été attaqués.
Lundi, rapporte Syrian Documents, une voiture piégée contenant 700 kgs d’explosifs a tué une dizaine de militaires au moins et blessé d’autres. Le véhicule a été déposé par la milice Jabhat-Nosrat d’Al-Qaïda qui collabore avec l’ASL, a proximité du barrage Khan Al-Bakar, situé près de l’aéroport de Bab Neyrab.
À Hama, les forces gouvernementales ont éliminé un bataillon de la milice d’Al-Qaida Jabhat-Nosrat qui tentaient d’attaquer un barrage de l’armée régulière dans la localité Akraba. Selon Sana, trois chefs miliciens du bataillon Al-Farouk font partie des tués. De plus, 4 lances roquettes ont été démantelées sur la route reliant Homs à Hama.