Dans cette crise qui ravage la Syrie, le peuple est la première victime.
A Idleb, les manifestations sont assimilées à un carnaval festif presque quotidien, surtout dans la localité de Kfar-Nabl. Ici, on manifeste contre tout le monde et on critique avec virulence régime et opposition à la fois.
A Idleb, comme à Alep, les forces du régime et les groupes armés de la soi-disant armée syrienne libre s’entretuent. Dans les rues de cette ville, les graffitis, les affiches et les slogans jonchent les murs. A « Banche », ce sont le front Annosra et l’organisation d’Al-Qaïda qui ont pris le contrôle. Les armes y arrivent en abondance dans toutes ses formes, et les aides humanitaires également. Quant aux avions du régime, ils survolent jour et nuit son espace aérien. La situation humanitaire est catastrophique, la plupart des habitants ont quitté leurs maisons vers d’autres régions plus sures. Seuls les islamistes, les salafistes combattant sur le terrain, et les laïcs espèrent la chute du régime le plus vite possible.
Bienvenue à Banche « libérée » !
Un correspondant du quotidien libanais assafir rapporte ce qu’il a vu lors de sa visite à Idleb :
« Nous arrivons à Banche en traversant des rues asphaltées et agricoles. La localité est toute calme, ses habitants ne sortent pas de chez eux. Il était midi, les rues du marché principal étaient désertes. Selon un activiste médiatique, cette scène est due à la situation humanitaire difficile de la population. La plupart des gens ont dû fermer leurs boutiques ou quitter la région, raconte-t-il.
Les groupes armés de l’armée syrienne libre (ASL) contrôlent cette localité mais l’aéroport militaire n’en pas très loin. Certaines de ses rues lient toujours Banche à Idleb. Des voitures de l’ASL circulent dans les rues de Banche pour préparer les manifestations nocturnes ou celles du vendredi.
« Au premier jour de la fête d’alAdha, nous avons projeté d’organiser une manifestation populaire pour montrer au monde la situation difficile de notre région et insister sur le caractère pacifique de notre soulèvement», explique le représentant de coordination à Banche. « Mais à notre surprise, nous avons remarqué la participation massive du front Annosra avec des drapeaux et des bannières étranges. Même les slogans qui ont été lancés durant cette manifestation étaient inhabituels. Mais aucun organisateur du mouvement n’y a fait attention. Nous étions tous intéressés par les caméras, les médias et la diffusion en direct. Ensuite, des séquences vidéo sur la manifestation ont été diffusées sur Youtube. Nous étions choqués de l’accent arabe de certains participants qui ne ressemble pas à l’accent syrien. En un court laps de temps, des milliers d’internautes ont visualisé la vidéo. Nous avons donc compris le jeu. Dans la semaine suivante, nous avons décidé de hisser le plus long drapeau de la « révolution » syrienne dans une manifestation populaire. Nous cherchions à travers cette idée à effacer l’impact négatif de la précédente manifestation », a-t-il raconté.
Cependant, cet activiste s’est contredit en prétendant que le front Annosra est présent dans la localité de Banche et que ses éléments ne viennent pas d’ailleurs. « Ce sont les fils pieux de Banche », a-t-il allégué, accusant les médias syriens d’avoir amplifié la présence d’al-Qaida dans leur région, profitant de l’accueil chaleureux qui a été réservé au chef des talibans, mollah Mohamad Omar qui a appelé à exterminer les communautés !
Aller à la recherche d’alQaida dans ce village d’Idleb n’est pas une mission aussi facile. Dans les rues, on ne rencontre point d’hommes armés, barbus, à courte robes, ni de femmes portant la burqa. Il ne s’agit pas de Kandahar, ni de Tora Bora, ni de Mazar Charif. On y trouve des gens ordinaires, des hommes et des femmes travaillant dans leurs champs, des filles et des jeunes garçons aux universités. C’est vrai que le front Annosra et les salafistes sont présents à Banche mais les médias ont beaucoup exagéré cette affaire.
Une tournée à Kfarnabl
La localité avoisinante de Kfarnabl est aussi exposée aux raids aériens et parfois terrestres de l’armée syrienne. « Kfarnabl a été bombardée par le régime. Nous essayons d’assurer un abri sûr aux rebelles. L’hôpital a lui aussi été bombardé à maintes reprises. Plus d’électricité plus d’essence à l’hôpital. Plusieurs équipements ont également disparu », raconte un activiste au correspondant du journal libanais.
Une grande bannière est accrochée dans ce village, en réponse à ceux qui ont signé la déclaration d’Alep, appelant à l'instauration d'un Etat islamique : « Votre rôle est de nous protéger, et non pas de nous diriger ».
D’autres caricatures sarcastiques se moquent du ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov qui s’est opposé au déploiement des missiles Patriot turcs alors que son pays envoie des navires de guerre au large de la Syrie.
« Nous nous sommes aussi moqués de la Turquie, du Premier ministre turc Recep Tayib Erdogan, des Nations Unies, des élections américaines », raconte un activiste, en montrant du doigt une bannière sur laquelle est écrit : « A bas le régime, à bas l’opposition, à bas la nation arabe et islamique, à bas le Conseil de sécurité, à bas le monde entier.» !
Source: assafir