L’armée égyptienne déploie des chars devant la présidence au Caire après des heurts meurtriers.
L'armée égyptienne a déployé jeudi des chars devant le palais présidentiel après des affrontements nocturnes meurtriers entre partisans et adversaires du président Mohamed Morsi.
Dans les pires violences depuis l'élection en juin de M. Morsi, au moins cinq manifestants ont été tués et des centaines blessés lors des heurts entre camps rivaux qui ont éclaté mercredi soir aux abords du palais, selon des sources officielles.
Quatre des victimes ont été tuées par balle et l'un après avoir été atteint près du cœur par une décharge de chevrotine, selon l'agence officielle Mena. Le ministère de la Santé a fait état de 450 blessés.
Cinquante personnes ont été arrêtées, selon le ministère de l'Intérieur.
L’armée s'engage à ne pas utiliser la force
Entre-temps, l'armée égyptienne s'est engagée jeudi à ne pas avoir recours à la force contre des manifestants après avoir déployé des chars devant le palais présidentiel à la suite d'affrontements nocturnes meurtriers, a indiqué l'agence officielle Mena.
"Les forces armées, et la garde républicaine, ne seront pas un outil de répression contre les manifestants", a indiqué le général Mohammed Zaki, chef de la garde républicaine, selon Mena.
Démission de quatre conseillers de Morsi
Face à la dégradation de la sécurité, un quatrième conseiller du président, Mohammed Esmat Seif Eddawla, a annoncé sa démission en signe de protestation.
Un peu plus tôt, trois conseillers du président Morsi ont démissionné en signe de protestation contre la crise qui divise le pays, a annoncé l'agence officielle Mena.
Il s’agit d’Amr el-Leithi, Seif Abdel Fattah et Ayman al-Sayyad, membres de l'instance des conseillers de la présidence.
L'opposition accuse M. Morsi de s'être engagé sur la voie d'un régime dictatorial après un décret pris le 22 novembre, par lequel il s'est arrogé des pouvoirs exceptionnels et mis ses décisions ainsi que la commission chargée de rédiger la future Constitution à l'abri de tout recours en justice.
Elle proteste aussi contre le projet de loi fondamentale devant être soumis à référendum le 15 décembre.
Cependant M. Morsi affirme que ses pouvoirs élargis sont "temporaires" et destinés à accélérer une transition tumultueuse.
M. Morsi ne s'est pas exprimé depuis les violences. Un des conseillers du président Morsi a indiqué que le chef de l'Etat s'adresserait jeudi à la nation.
Dans son intervention télévisée, M. Morsi doit tendre la main à l'opposition et appeler au dialogue, a précisé à l'AFP ce conseiller sans préciser si le président allait faire de nouvelles propositions. "Plusieurs idées sont sur la table", a-t-il dit sous le couvert de l'anonymat.
"Voyous"
Sur son compte Twitter, la confrérie des Frères musulmans a qualifié les anti-Morsi de "voyous armés appartenant à l'opposition" et de "restes du régime Moubarak", provoquant la fureur des opposants dont certains l'ont accusée de "fascisme".
L’opposition exige le retrait du décret de Morsi
L'opposition a de nouveau exigé mercredi le retrait du décret de M. Morsi et l'annulation du référendum.
Mohamed ElBaradei, chef de la coalition de l'opposition, a fait porter à M. Morsi "l'entière responsabilité" des violences. "Le régime perd de sa légitimité jour après jour", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec l'ex-patron de la Ligue arabe Amr Moussa et l'ex-candidat à la présidence Hamdeen Sabbahi, membres du FSN.
"Nous sommes prêts au dialogue" mais uniquement si le décret est retiré, t-il ajouté, qualifiant le pouvoir de "répressif et autocratique".
Al-Azhar demande à Morsi de céder sur ses pouvoirs
Pour sa part, l'institution égyptienne d'Al-Azhar, la plus haute autorité islamique dans le pays, a demandé jeudi au président Mohamed Morsi de suspendre les pouvoirs exceptionnels qu'il s'est accordés.
M. Morsi "doit suspendre le dernier décret et cesser de l'utiliser", a déclaré l'institution théologique dans un communiqué, en référence à la décision du chef de l'Etat à l'origine d'une grave crise politique et d'affrontements meurtriers dan le pays.
L'imam d'Al-Azhar Ahmed al-Tayyeb avait appelé mercredi au dialogue en déplorant une situation "catastrophique".