conflits sociaux et heurts se multiplient depuis l’été face aux espoirs déçus de la révolution .
Le principal syndicat tunisien s'est réuni mercredi pour déterminer sa riposte après avoir été attaqué la veille par des "milices" islamistes pro-pouvoir, laissant craindre une nouvelle escalade en Tunisie quelques jours avant le deuxième anniversaire de la révolution.
Les dirigeants de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui revendique quelque 500.000 adhérents, sont réunis dans un hôtel de Tunis pour répondre, selon un communiqué, "à l'agression sauvage (...) perpétrée par des milices criminelles nahdahouies" en référence aux membres du parti Ennahda qui dirige le gouvernement.
Quelque 300 partisans du syndicat ont manifesté devant l'hôtel où la réunion avait lieu, criant des slogans tel que "Le peuple veut la chute du régime" et réclamant une grève générale nationale.
D'ores et déjà, des grèves régionales ont été décidées pour jeudi dans trois des 24 gouvernorats du pays par les branches locales de l'UGTT. Il s'agit de Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, Sfax, dont la capitale éponyme est la deuxième ville du pays, et Gafsa, zone minière très volatile.
Le gouvernement et le président Moncef Marzouki ont lancé des appels au calme et ont condamné la violence, alors que conflits sociaux et heurts se multiplient depuis l'été face aux espoirs déçus de la révolution qui a renversé Zine El Abidine Ben Ali.
Cette crise éclate moins de trois jours après la fin de la précédente flambée de violences, lorsque pendant près d'une semaine manifestants réclamant des meilleures conditions de vie et policiers se sont affrontés à Siliana (120 km sud-ouest de Tunis) faisant 300 blessés.
Les syndicalistes estiment avoir été victimes mardi d'une attaque "préméditée" de la Ligue de protection de la révolution, une sorte de milice pro-pouvoir aux méthodes brutales qui s'est donnée pour mission de défendre les revendications de la révolte de 2011.
Cette organisation accuse de son côté l'UGTT d'avoir provoqué les affrontements mais aussi d'être responsable des cinq jours de violences à Siliana, celles-ci ayant eu lieu alors que le syndicat organisait une grève générale.
"Nous avons l'identité des assaillants (...) plusieurs participants sont des responsables régionaux et du grand Tunis de Ennahda", a proclamé Hfaiedh Hfaiedh, secrétaire général adjoint de l'UGTT, accusant le ministère de l'Intérieur "d'avoir laissé faire".
"La porte de la confrontation est ouverte"
Selon un photographe de l'AFP, les militants islamistes ont provoqué les heurts mardi lors d'une manifestation de l'UGTT mais les syndicalistes ont répliqué avec la même violence, si bien que le rassemblement a dégénéré en une bagarre générale faisant au moins 10 blessés.
Le secrétaire général du syndicat, Houcine Abassi n'a pas mâché ses mots mardi soir, après les affrontements.
"Ils veulent s'attaquer au dernier camp capable de lutter contre leurs desseins. Ils sont contre la justice sociale, contre le développement, contre le dialogue constructif", a-t-il lancé, "La porte de la confrontation est ouverte. Ils l'ont voulue".
Le président, jugeant que la Tunisie était au carrefour entre "le chemin de la perdition et celui du salut", a appelé la semaine dernière à la formation d'un gouvernement restreint pour répondre à l'exaspération de la population et de "peur que (la violence) se reproduise dans plusieurs régions".
Le gouvernement d'Hamadi Jebali n'a pas encore répondu à cet appel.
Outre les manifestations sociales, les attaques imputées aux groupuscules salafistes se sont multipliées ces derniers mois en Tunisie, qui fêtera le 17 décembre le deuxième anniversaire du début de la révolution.