25-11-2024 09:38 AM Jerusalem Timing

Morsi refuse de faire marche arrière, l’opposition hausse le ton

Morsi refuse de faire marche arrière, l’opposition hausse le ton

"Ce qui intéresse les Etats-Unis sont les minorités et la sécurité d’Israël », a dit le fameux journaliste égyptien Mohammad Hassanein Haykal.

L'opposition va de nouveau manifester contre le président Morsi

L'opposition égyptienne va de nouveau manifester vendredi, au lendemain du refus du président Mohamed Morsi de retirer le décret par lequel il s'est octroyé des pouvoirs exceptionnels, malgré des protestations de masse et des violences meurtrières.

La grave crise politique qui divise le pays depuis l'annonce de ce décret le 22 novembre a dégénéré en affrontements entre pro et anti-Morsi devant le palais présidentiel cette semaine, au cours desquels sept personnes ont été tuées et des centaines blessées.

Le Front du salut national (FSN), une coalition de l'opposition présidée par le Prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, a renouvelé son appel à manifester en estimant que "le fait que la présidence (...) persiste à ignorer les demandes et les protestations du peuple a fermé la porte à toute tentative de dialogue".

Les jeunes du 6-Avril, qui avaient contribué à lancer la révolte contre Hosni Moubarak l'an dernier et font partie du FSN, ont appelé à marcher sur le palais présidentiel au Caire et à manifester dans le reste du pays.

 "A bas le pouvoir du Guide" des Frères musulmans dont est issu le président, "A bas Mohamed Morsi", ont-ils lancé dans un communiqué.

 Vendredi matin, les abords de la présidence à Héliopolis, en banlieue du Caire, avaient l'apparence d'un véritable camp retranché. Toutes les rues menant au palais étaient barrées par des barbelés et gardées par de nombreux soldats et et policiers anti-émeutes.
Des chars et blindés étaient positionnés sur les principaux axes à proximité du palais.

Dans un discours au ton offensif, qui était très attendu mais a aussitôt été rejeté par l'opposition, Morsi a refusé de faire marche arrière jeudi soir, maintenant ses prérogatives ainsi que le référendum contesté sur la Constitution.
"Nous respectons la liberté d'expression pacifique, mais nous ne laisserons jamais personne participer à des meurtres et à des actes de sabotage", a-t-il dit.

 
Appel au dialogue

Le président a appelé "tous les partis politiques à un dialogue le samedi 8 décembre au palais présidentiel" pour discuter de l'élaboration d'une loi électorale et de la feuille de route à suivre après le référendum.

Hussein Abdel Ghani, un porte-parole du FSN, a rejeté cet appel en jugeant que le président avait laissé passer "une chance historique d'agir comme le président de toute l'Egypte".

"Nous continuerons à faire monter (les manifestations), en usant de moyens pacifiques", a-t-il ajouté.
 L'opposition dénonce une dérive autoritaire de Morsi depuis que ce dernier a élargi considérablement ses pouvoirs par un décret mettant à l'abri de tout recours en justice ses décisions ainsi que la commission constituante accusée d'être largement dominée par les islamistes.

Elle demande aussi l'abandon du référendum prévu le 15 décembre sur le projet de Constitution, accusé entre autres d'offrir peu de garanties pour les libertés d'expression et de religion.
Quatre conseillers du président ont démissionné pour protester contre le décret et la gestion de la crise, la plus profonde depuis l'élection en juin de Morsi, premier président islamiste d'Egypte.

Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite, a demandé au président de suspendre son décret pour sortir de l'impasse. Le président américain Barack Obama a téléphoné à Morsi pour lui faire part de sa "profonde inquiétude" à propos des morts et des blessés lors des manifestations.

« L'Egypte demande que les Frères soient jugés pour le meurtre de manifestants", proclamait vendredi le quotidien indépendant Al-Tahrir.
Le journal de la puissante confrérie islamiste, "Liberté et Justice" titrait de son côté sur "Les martyrs... et les meurtriers", au-dessus d'une photo de trois victimes des violences et des trois principaux leaders du FSN, ElBaradei, Amr Moussa, l'ancien patron de la Ligue arabe, et Hamdeen Sabbahi, ex-candidat à la présidence.

Ces derniers jours, des manifestants hostiles à Morsi ont saccagé ou incendié plusieurs locaux des Frères musulmans, dont leur siège au Caire jeudi soir.

 200 diplomates refusent de surveiller le référendum

200 éléments du corps diplomatique et consulaire égyptiens ont signé une pétition refusant de surveiller le référendum sur la Constitution à l’étranger.  Dans le texte de ce communiqué, on condamne les incidents meurtriers qui ont eu lieu aux alentours du palais présidentiel. « Nous refusons que le ministère des Affaires étrangères surveille un référendum sur une constitution qui favorise l’effusion du sang des Egyptiens », ajoute-t-on dans ce communiqué.

Haykal : « Le vote pour la Constitution m’a fait peur »

Le fameux écrivain égyptien Mohamad Hassanein Haykal a considéré que l’Egypte passe par une crise horrible et inquiétante, tout en appelant à ne pas désespérer. Dans une interview à la chaine de télévision CBC, Haykal a insisté sur la participation de toute la société à la vie politique, précisant que « la Constitution n’est pas une loi, et qu’elle ne doit être imposée ni par la majorité ni par la minorité ».

« J’ai été choqué à la lecture de la première clause de la Constitution. Le vote et la promulgation rapides de la Constitution m’ont fait peur. Il me semble que les jeunes aient une vision plus claire au niveau de leurs revendications, contrairement au Président », a-t-il estimé.

Tout en s’opposant au départ de Morsi, comme le scandent les manifestants, Haykal a prôné le dialogue comme solution unique à la tension qui règne dans le pays, proposant le report du référendum à la Constitution.

S’exprimant sur les ingérences américaines en Egypte, Mohammad Hassanein Haykal a assuré que Washington n’est point soucieux pour les libertés dans ce pays. «Ce qui intéresse les Etats-Unis sont les minorités et  sécurité d’Israël », a-t-il dit, accusant Washington de semer la discorde entre les différentes parties.