... Et grimpent dans les pays émergents (OIT)
Les salaires, victimes de la crise économique, ont reculé dans les pays développés en 2011 et bénéficient de moins en moins de la richesse mondiale, ce qui alimente un risque de troubles sociaux, a prévenu vendredi l'Organisation internationale du travail (OIT).
Les salaires ont baissé de 0,5% par rapport à 2010 dans cette partie du monde, tout en continuant à grimper dans les zones émergentes, telles qu'en Asie (+5%), selon le rapport 2012/2013 de l'OIT sur l'évolution des salaires dans le monde.
Globalement, tous pays confondus, les salaires ont augmenté de 1,2% en 2011, une croissance très ralentie par rapport aux gains de 2,2% en 2010 et de 3% en 2007, poursuit l'organisation mondiale qui rassemble sous un même toit Etats, patronats et syndicats.
Parallèlement, "les salariés reçoivent une plus petite part du gâteau", dénonce l'OIT. "Pour le dire simplement, davantage du gâteau national est allé aux profits et moins aux salariés", ajoutent les auteurs de ce rapport publié tous les deux ans.
Dans les pays développés, la part des salaires dans le revenu national est tombée à 65% ces dernières années, contre 75% dans les années 70.
Dans un groupe de 16 pays émergents et en développement, elle a aussi diminué à 58% aujourd'hui, contre 62% du PIB au début des années 1990. Même en Chine, où les salaires ont été multipliés par trois en dix ans, la part du PIB revenant aux salariés a baissé.
En conséquence, l'OIT relève que le risque de troubles sociaux augmente, du fait du mécontentement populaire ambiant.
Pour l'organisation, il est essentiel que les salaires augmentent au même rythme que la productivité. "C'est une question d'équité et de croissance économique durable".
Les derniers chiffres montrent que la productivité du travail a augmenté beaucoup plus vite que les salaires dans le monde.
Dans les pays développés, elle a progressé deux fois plus vite que les rémunérations depuis 1999. Exception notable, la Grèce, où les salaires augmentaient plus vite que la productivité avant le début de la crise en 2008. Mais depuis, ils ont chuté de 15% durant les années 2010 et 2011.
Aux Etats-Unis, la productivité horaire du travail a augmenté de 85% depuis 1980, alors que les salaires n'ont augmenté que de 35%. En Allemagne, elle a progressé de 25% environ depuis 20 ans, alors que les salaires sont restés stables.
"Sur le plan social et politique, on ne peut qu'en déduire que les salariés et leurs familles ne reçoivent pas la juste part qu'ils méritent", a déclaré le directeur général de l'OIT, Guy Ryder, lors d'une conférence de presse.
Enfin, l'OIT lance un appel à l'instauration de salaires minima, une mesure indispensable pour enrayer la pauvreté au travail.
"Les salaires minimaux contribuent à protéger les salariés faiblement rémunérés et à prévenir une chute de leur pouvoir d'achat", a déclaré M. Ryder.
Selon le rapport, "des centaines de millions de salariés dans les pays en développement gagnent moins de deux dollars par jour".
Aux Etats-Unis, les travailleurs pauvres représentent 7% de la population salariée, et en Europe, 8%.
L'OIT souligne encore les différences "considérables" de niveaux de salaire d'un pays à l'autre. Aux Philippines, un ouvrier touche 1,40 dollar de l'heure, contre environ 5,50 dollars au Brésil, 13 dollars en Grèce, 23,30 dollars aux Etats-Unis et presque 35 dollars au Danemark.
En Grèce, le salaire minimum a été amputé de 22% à la demande des créanciers internationaux qui réclament des réformes structurelles et mesures d'austérité en échange de nouvelles aides financières pour sauver l'économie du pays.