Le tir réussi de la fusée, "une percée" selon la Corée du Nord. Pour la Russie, ce tir ne constitue "pas une menace pour la Russie".
La Corée du Nord s'est félicitée mercredi du tir réussi de sa fusée, qualifié de "percée" qui rend hommage à l'ancien dirigeant, Kim Jong-Il, décédé il y a près d'un an.
"Le tir réussi (...) est une percée dans le développement des technologies scientifiques et de l'économie de notre pays et exerce notre droit à l'utilisation pacifique de l'espace", a écrit l'agence officielle nord-coréenne KCNA.
"Nos techniciens et nos scientifiques ont mis en orbite (...) le satellite avec succès en tenant en très haute estime les enseignements du grand dirigeant Kim Jong-Il".
Selon l'agence, la fusée a décollé du centre spatial de Sohae (nord-ouest) à 09H49 (00H49 GMT), soit deux minutes avant l'heure annoncée par l'armée sud-coréenne, et le satellite a été mis en orbite neuf minutes plus tard.
"Le satellite est à présent sur orbite, évoluant entre 499,7 et 584,18 km au-dessus de la Terre", a précisé KCNA.
L'Iran félicite Pyongyang pour le tir réussi de sa fusée, symbole de progrès
L'Iran a adressé ses félicitations à la Corée du Nord après le lancement réussi d'une fusée dans l'espace, dénoncé par une partie de la communauté internationale comme un tir de missile balistique.
L'Iran "félicite le peuple et le gouvernement" nord-coréen pour le "lancement réussi d'une fusée transportant un satellite", a déclaré le commandant en chef-adjoint des forces armées, le général Massoud Jazayeri, à l'agence Fars.
"L'expérience montre qu'à travers la résistance, les pays indépendants peuvent rapidement prendre le chemin de l'indépendance technologique. Les pouvoirs dominateurs comme les Etats-Unis ne peuvent pas arrêter ces pays dans leurs progrès", a-t-il ajouté.
Téhéran et Pyongyang, accusés de poursuivre un programme nucléaire à visée militaire, sont tous deux sous le coup de sanctions internationales.
L'Iran avait démenti mardi la présence en Corée du Nord d'experts iraniens afin d'aider Pyongyang à résoudre des "problèmes techniques" avant le lancement de la fusée, affirmant que la coopération militaire entre les deux pays était terminée depuis la fin des années 80.
Conseil de sécurité
Côté des Occidentaux, le lanceur de satellite a été considéré comme un missile balistique à longue portée par une partie des alliés de Washington d'où sont venues les premières condamnations.
Un diplomate occidental aux Nations unies a annoncé que le Conseil de sécurité tiendrait des "consultations" mercredi vers 11H00 locales (17H00 GMT) au sujet du régime nord-Coréen.
Renforcement des sanctions
L'Union européenne aussitôt brandi mercredi la menace de nouvelles sanctions contre Pyongyang.
"L'Union européenne va examiner une réponse appropriée, en étroite consultation avec ses principaux partenaires, et en conformité avec les délibérations du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment sous la forme de possibles sanctions supplémentaires", a déclaré dans un communiqué la représentante de l'UE pour la politique étrangère, Catherine Ashton.
Condamnations
S’agissant des condamnations, la présidence américaine a fustigé le caractère "hautement provocateur" du lancement mercredi par la Corée du Nord d'une fusée.
Il s'agit d'un "acte hautement provocateur qui menace la sécurité régionale, viole directement les résolutions 1718 et 1874 du Conseil de sécurité de l'ONU (...) et mine le régime de non-prolifération", a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, Tommy Vietor, dans un communiqué.
Condamnation également du chef de la diplomatie britannique William Hague, qui devait convoquer l'ambassadeur nord-coréen à Londres.
Seoul et Tokyo
La Corée du Sud et le Japon, au nombre des plus virulents opposants au régime nord-coréens, ont été les premiers à annoncer le tir de la fusée à 09H51 locales (00H51 GMT) depuis le centre de Sohae dans le nord-ouest du pays.
Le Japon, qui avait mis en alerte les Forces d'auto-défense (le nom de l'armée japonaise) afin qu'elles détruisent le lanceur ou ses débris s'ils menaçaient son territoire, a précisé que le lanceur était passé au-dessus de l'île nippone d'Okinawa douze minutes après son décollage.
Tokyo a rapidement dénoncé un tir "intolérable" et demandé une réunion du Conseil de sécurité.
Selon des médias japonais, le Japon, les Etats-Unis et la Corée du Sud sont convenus de demander au Conseil un renforcement des sanctions au niveau de celles frappant l'Iran.
Regret de Moscou et de Pékin
Cependant Moscou s’est contenté de regretter l'acte nord coréen. "Le nouveau tir de fusée effectué par la Corée du Nord, contre l'avis de la communauté internationale, suscite chez nous un profond regret", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Pour sa part, le ministère russe de la Défense a indiqué que ce tir ne constituait "pas une menace pour la Russie", selon l'agence Interfax.
De son côté, la Chine, a "regretté" mercredi le tir de Pyongyang. "La Chine maintient que l'approche fondamentale pour assurer la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne doit être trouvée par le dialogue. Nous espérons que les parties concernées vont conserver leur calme", a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei.
La Corée du Nord affirme qu'elle poursuivra son programme spatial
En dépit des réactions internationales, la Corée du Nord a réaffirmé son "droit légitime" à lancer des fusées à usage civil et assuré qu'elle poursuivrait son programme spatial.
"Peu importe ce que les autres disent, nous continuerons à exercer notre droit légitime à lancer des satellites", a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères après le tir réussi d'un engin à longue portée qui a suscité une large réprobation de la communauté internationale.