Les horreurs d’une insurrection en mal de révolution : Lorsque les miliciens syriens pillent, et les Turcs achètent. Lorsque le dévouement et la perspicacité des Aleppins sont punis par la faim.
Les insurgés syriens qui n’épargnent aucun moyen pour soumettre les Syriens au diktat de leur « révolution » exercent une nouvelle arme : celle de la faim.
En tête de leur victime figure hélas la ville d’Alep. Les visiteurs de cette ville sinistrée et sinistre, qui fut dans le passé proche l’une des plus prospères au Moyen Orient, constatent les interminables files des citadins, pour s’acquérir les premières nécessités de la vie. Dont le pain en particulier. Cette denrée devient de plus en plus rare, de plus en plus chère : 20 fois le prix officiel (150 LS le kilo# 8 LS le kilo).
Les véritables responsables sont indéniablement les miliciens et les « révolutionnaires » syriens qui font tout le sale boulot. Et leurs alliés turcs, qui paient comptant !
Ces derniers mois, ils ont pris d’assaut les convois qui transportaient le blé et la farine vers la capitale industrielle de la Syrie, et revendu les grandes quantités de cette denrée essentielle aux boulangeries des localités turques situées aux confins avec la Syrie.
Les dépôts de blé ont également fait l’objet de leurs attaques. Le contenu était soit pillé et revendu aux Turcs, soit brûlé. Durant l’été dernier, les miliciens de Tawhid ont pillé 200 mille tonnes de céréales du Centre Barada (à 30 km au sud d’Alep) dont les dépôts s’étendent sur 5 hectares de superficie. (( Voir sur Wikimapia :
http://www.wikimapia.org/#lat=35.9261604&lon=37.1808211&z=18&l=0&m=b&search=%D8%A8%D8%B1%D8%AF%D8%A9))
Des témoins sur place racontent pour le journal libanais AlAkhbar que des boulangeries situées dans les régions occupées par les miliciens ont elles aussi été démantelées, et leurs pièces détachées revendues. Également à des commerçants turcs !
Toujours les Occidentaux, toujours les Turcs
Du coup, cette ville agonise. Ces jours sombres rappellent tristement aux plus vieux ce que leurs parents leur avaient raconté sur la famine de Safar-Barlec, durant la première guerre mondiale au début du XXème siècle.
La ville d’Alep qui était encore sous l’emprise de l’empire ottoman, en proie aux tentatives européennes de sa dislocation, a alors été victime d’une famine de maladies. Tout comme aujourd’hui, elle fut en proie aux bandits de toutes parts.
« Le dénominateur commun entre le début du XXème siècle et le début du XXIème siècle demeure cette ingérence occidentale incessante au nom de "la liberté des peuples"», constatent les plus pertinents.
Pour d’autres, le rôle turc ne devrait en aucun cas être sous-estimé.
C'est fait exprès
Selon Syria Politics, nombreux sont les Aleppins qui croient sincèrement qu’ils sont face à une politique préméditée exercée par certaines factions de l’opposition syrienne.
« Ce qui se passe à Alep n’est pas de la famine, mais de la paupérisation. C’est une décision politique locale et régionale. Elle a deux raisons : la première est une volonté de se venger de cette ville parce qu’une partie d’elle est restée fidèle au régime, et l’autre silencieuse. Alors qu’une grande partie de sa classe aisée, parmi les hommes d’affaires et les commerçants, n’ont pas arrêté de soutenir le régime », explique un connaisseur, sous le couvert de l’anonymat.
Et de conclure : « La ville devait payer le prix, en l’affamant surtout. Elle a d’ailleurs été toujours appelée la ville de chabbihas » (terme qui veut dire voyous et qui est utilisé pour diaboliser les syriens qui soutiennent le régime, civils et militaires).
Pour que la Turquie prospère
D’autres sources estiment que la destruction méthodique dont a été victime cette ville, qui a été un véritable empire commercial, industriel, et économique, produisant tout ce dont le Moyen orient a besoin, ne peut que servir les intérêts de la Turquie. Ce n’est pas fortuitement que les usines sont démantelées et emportées en Turquie.
« Il fallait coute que coute écarter cette ville face au tsunami commercial de la Turquie. C’est ce que nous croyons. C’est ce que croient les commerçants aleppins », conclut cette source à Syria Politics.
Selon le site Syria Truth, plus de 600 usines qui ont subi ce sort pénible.
Dernièrement les milices Tawhid, en collaboration avec les services de renseignements turcs, ont démantelé l’usine de sucre dans la localité de Maskana, située à 70 Km à l’est d’Alep, sur la route menant à Rakka et ont transporté en Turquie ses pièces à bord de camions turcs. Le pillage de cette usine qui raffinait en moyenne quelques 400 mille tonnes de sucre de betteraves par an s’est fait à plusieurs étapes, durant les semaines passées.
Le samedi passé, ce sont les dépôts de nourriture pour bétail qui ont été pillés par la même milice, dans la localité de Khanaser (45 Km à l’est d’Alep). Le contenu a également été transporté en Turquie.
Le mois passé, ils avaient fait de même avec les dépôts similaires de Barda (30 Km au sud d’Alep), relève du ministère de l’agriculture, après une bataille avec les habitants de la localité qui ont essayé de défendre le dépôt qui. 100 mille tonnes de cette denrée animale ont été emportées en Turquie.
Même des machines de tricot avaient été démantelées dans la Cité industrielle de Jibrine, situé à proximité de l’aéroport international d’Alep, ainsi que tous les appareils de coupage, et autres.. Tous se trouvent désormais chez les Turcs.
Il arrive parfois que les affaires tournent mal entre miliciens et commerçants Turcs : ce fut le cas des équipements de forage de pétrole démantelés et dérobés à la fin du mois de novembre dernier. Les Turcs refusent toujours de payer leur prix. Sachant qu’ils leur avaient été vendus au 10% de leur prix réel. Dans une vidéo filmant le passage de ces équipements via la frontière turque, les pilleurs syriens qui appartiennent à la milice « Tempête du nord » (les kidnappeurs des pèlerins libanais) ont prétendu qu’ils appartiennent au Qatar. Ce que le site Syria Truth a démenti catégoriquement, assurant qu’ils appartiennent à la société NPS pour les services pétroliers, enregistré en Grande Bretagne.
Appauvris, affamés et humiliés, les Aleppins sont outragés : selon le correspondant du journal libanais al-Akhbar, leur colère est sans limite à l’encontre des miliciens et leur "révolution" qui ne connait aucune limite.
Ils en veulent aussi aux autorités parce qu'ils pensent qu'elles n'ont pas rendu la pareille à cette ville, qui a refusé la zizanie et ne voulait que des réformes tout en restant attachée au régime.