Washington s’oppose. Nouveau feu vert initial israélien à une grande colonie en Cisjordanie.
Quatorze des quinze pays membres du Conseil de sécurité, à l'exception notable des Etats-Unis, ainsi que l'ONU ont demandé mercredi à « Israël » de renoncer à ses projets d'implantations en Cisjordanie et à l’Est de Jérusalem occupée.
Dans des déclarations séparées, les quatre pays européens du Conseil (France, Royaume-uni, Portugal, Allemagne), huit pays non-alignés ainsi que la Russie et la Chine, ont affirmé que ces initiatives étaient illégales et menaçaient d'anéantir toute chance de relancer des négociations pour instaurer deux Etats : « Israël » et un mini Etat palestinien.
Les quatre Européens ont publié une déclaration commune où ils "s'opposent fermement aux projets israéliens d'accroître" la colonisation en Cisjordanie, et en particulier au projet dit E1, qui couperait l’Est de Jérusalem du reste de la Cisjordanie.
Ces projets "envoient un message négatif et font douter de sa volonté de négocier", affirme le texte. Les implantations "sont illégales au regard des lois internationales et nuisent aux efforts internationaux pour relancer les négociations de paix et garantir une solution à deux Etats", ajoutent les quatre pays. "Toute activité de colonisation, y compris à Jérusalem-Est, doit cesser immédiatement", selon eux.
Au nom des pays du Conseil membres du mouvement des non-alignés (Azerbaïdjan, Colombie, Inde, Guatemala, Maroc, Pakistan, Afrique du Sud, Togo), l'ambassadeur indien Hardeep Singh Puri a dénoncé les implantations comme "le principal obstacle à la paix" et exigé que "cesse immédiatement toute activité de colonisation".
Il a expliqué qu'il y avait eu des discussions au Conseil sur l'éventualité d'adopter une résolution à ce sujet mais "qu'un pays membre s'y était opposé", une allusion transparente aux Etats-Unis.
Pour son homologue russe Vitali Tchourkine, la crise "pourrait être apaisée si Israël reconsidérait ses projets de construction". M. Tchourkine a appelé à tenir d'urgence une réunion ministérielle du Quartette (ONU, UE, USA, Russie) pour tenter de relancer les négociations israélo-palestiniennes, suspendues depuis septembre 2010.
La Chine s'est elle aussi déclarée "opposée aux constructions d'implantations".
Auparavant, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait demandé à l’entité sioniste de "ne pas continuer dans cette voie dangereuse qui nuit aux perspectives de reprise du dialogue" entre Palestiniens et Israéliens.
L'ONU a aussi demandé au gouvernement israélien de débloquer le versement aux Palestiniens de millions de dollars de taxes et de droits de douane qu'il perçoit en leur nom.
S'exprimant aux côtés des non-alignés, le représentant palestinien à l'ONU Riyad Mansour a estimé que "la balle est désormais dans le camp des Israéliens". Il a prévenu que si ceux-ci persistaient, les Palestiniens "pourront utiliser toutes les possibilités ouvertes" par leur nouveau statut d'Etat observateur à l'ONU.
Le gouvernement israélien a publié mercredi des appels d'offres pour 1.048 nouveaux logements dans des colonies en Cisjordanie et à l’Est de Jérusalem occupée.
Lundi, il avait donné son feu vert à la construction de 1.500 logements à Ramat Shlomo, également à l’Est de Jérusalem occupée.
L'UE dénonce une expansion "sans précédent" des colonies
La représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton, a dénoncé jeudi "l'expansion sans précédent" des colonies juives à l’Est de Jérusalem occupée et en Cisjordanie en soulignant que cela compromettait les perspectives d'un règlement du conflit qui oppose Israël aux Palestiniens.
"Le projet de construction de 2.610 logements à Givat Hamatos (à Jérusalem-Est, NDLR) est extrêmement troublant. Cela s'ajoute à la construction de 1.500 logements à Ramat Shlomo", également à l’Est de Jérusalem occupée, a affirmé Mme Ashton dans un communiqué.
Si le projet de Givat Hamatos est mené à bien, ce sera le premier quartier de colonisation juive créé à l’Est de Jérusalem occupée depuis 15 ans.
Le ministère israélien du Logement a publié de son côté des appels d'offres pour 1.048 nouveaux logements en Cisjordanie et à l' Est de Jérusalem occupée.
La commission de planification du district de Jérusalem doit en outre se réunir jeudi pour examiner la construction de 1.100 logements dans le quartier de colonisation de Gilo.
Lundi, le ministère de l'Intérieur avait donné son feu vert à la construction de 1.500 logements à Ramat Shlomo, également à l’Est de Jérusalem occupée.
Feu vert initial israélien à une grande colonie en Cisjordanie
En dépit de toutes ces condamnations, le gouvernement israélien a donné son feu vert à la phase initiale d'un projet prévoyant la création d'une colonie de 6.000 logements dans un important bloc d'implantations en Cisjordanie occupée, a indiqué jeudi un responsable des colons.
"Après de nombreuses années, nous sommes heureux de pouvoir annoncer que le gouvernement d'Israël a décidé de créer une ville dans le Gush Etzion", a déclaré à l'AFP David Perel, chef du conseil régional de cet important bloc de colonies situé à l'ouest de la ville palestinienne de Bethléem.
Selon lui, le gouvernement a donné son accord à la planification d'un projet de construction de 523 logements dans le secteur de Gevaot présenté en 2000 par le conseil régional du Gush Etzion et jusqu'ici resté lettre morte. "Il s'agit d'un énorme progrès", a-t-il estimé.
Le projet prévoit à terme la construction de 6.000 logements.
Hagit Ofran, porte-parole de La Paix Maintenant, une ONG israélienne anti-colonisation, a confirmé cet accord.