Des Palestiniens aussi se sont mis aux actes de pillage
Version AFP
"Les habitants de Yarmouk savent que leur camp est la capitale des réfugiés palestiniens. Personne ne peut le détruire", s'enthousiasme Mahmoud Nassar, voyant revenir vendredi des milliers d'habitants qui avaient fui les combats entre pro et anti-régime syrien.
"C'est une très belle journée car les gens ont montré leur attachement au camp et qu'ils étaient capables d'empêcher un nouvel exode", renchérit-il.
Aucun homme armé n'était visible vendredi dans les rues du camp, situé dans le sud de Damas, notamment les rebelles qui avaient pris l'avantage sur les miliciens palestiniens pro-régime durant les quatre jours de combats, débutés dimanche.
Une journaliste de l'AFP, qui se trouvait sur la place Batikha, principale entrée du camp, a toutefois entendu vendredi matin quelques tirs sporadiques.
La chaussée était obstruée par des pierres pour empêcher la circulation, mais elle a vu une fourgonnette chargée d'affaires et de passagers pénétrer par une rue latérale.
"Nous rentrons car nous en avons assez d'être humiliés, nous avons perdu notre terre (la Palestine), nous ne voulons pas perdre nos maisons et vivre sous des tentes comme nos parents", a affirmé l'un d'eux.
Quelque 100.000 des 150.000 habitants de Yarmouk ont fui le camp, dont un grand nombre se sont installés dans des jardins publics et des places à Damas, avait indiqué mercredi l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés de Palestine (UNRWA). Près de 3.000 d'entre eux ont gagné le Liban voisin, selon la Sûreté générale libanaise.
Des magasins d'alimentation ont réouvert et de nombreux fidèles ont participé à la prière du vendredi dans la mosquée Abdel Qader al-Husseini, totalement nettoyée, après avoir été la cible dimanche d'un bomabrdement ayant fait huit morts (et non 25 comme l’avaient prétendu les agences internationales).
Nettoyage des rues
Beaucoup de réfugiés sont rentrés dès jeudi, chantant des airs patriotiques palestiniens. Ils ont commencé à nettoyer les plupart des rues, marquées par les combats. Les murs d'immeubles étaient criblés d'impacts d'obus et les vitres des fenêtres ont disparu.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé vendredi que ses équipes allaient distribuer des repas à 125.000 Palestiniens et Syriens affectés par les combats à Yarmouk.
Mais pour ceux qui ont fui au Liban, l'heure n'est pas encore au retour.
"Il est trop tôt pour rentrer", estime un habitant de Yarmouk arrivé cette semaine au camp d'Al Baddawi, dans le nord. Nous "attendons que les choses se calment", ajoute-t-il.
Le poste frontière libano-syrien de Masnaa, où les Palestiniens se pressaient ces derniers jours pour se réfugier au Liban, avait retrouvé son calme vendredi, selon un journaliste de l'AFP.
Plusieurs journaux libanais ont fait état d'un accord entre les parties adverses sous les auspices de Mokhtar Lamali, représentant à Damas du médiateur international Lakhdar Brahimi.
Selon le quotidien As Safir, aux termes de l'accord, tous les combattants doivent quitter le camp, et le représentant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Damas Anwar Abdel Hadi, qui a participé aux négociations, a affirmé que "toutes les parties -l'opposition, le régime et les factions palestiniennes- avaient souscrit à l'accord visant à maintenir le camp hors du conflit".
Selon lui, le gouvernement "a assuré qu'il n'avait aucune intention d'entrer dans le camp ni de le bombarder, mais il exigeait qu'en sortent tous les hommes armés".
La Syrie compte 490.000 Palestiniens, en majorité arrivés de la Palestine lors de l’usurpation de la Palestine en 1948, rejoints par d'autres au fil des conflits.
Beaucoup pensaient revenir rapidement chez eux et ont vécu d'abord dans des camps de tentes. Quand l'espoir du retour s'est évanoui, les tentes ont cédé la place à des maisons en dur puis à des immeubles.
Pillages de maisons et d'hopitaux
Dans un contact avec notre site, un habitant palestinien du camp révèle que les miliciens ont pillé les dizaines de maisons dans le camp.
Syria Truth avait indiqué jeudi que ce sont surtout les maisons appartenant à des responsables des organisations nationalistes et de gauche qui ont été prises pour cible. Les miliciens avaient entre les mains des listes détaillées.
De plus, les dispensaires, les hôpitaux et les pharmacies du camp ont été totalement pillés.
Un cadre local du mouvement du Jihad islamique résidant dans la rue Safad du camp, ayant requis l’anonymat indique pour le site que "ce qui s’est passé a été une opération de pillage méthodique organisée qui rappelle l’invasion de Damas par Timorlenk au IXème siècle".
Et de conclure : « ceux-là ne peuvent en aucun cas être des révolutionnaires, ni même des Musulmans, c’est honteux surtout que des dizaines de Palestiniens ont participé à ces actes de pillage».