D’aucun accusent Erdogan de légitimer des prérogatives dictatoriales en rejetant le principe de séparation des pouvoirs.
Alors que le Premier ministre turc Recep Tayeb Erdogan se veut le premier défenseur du principe de la séparation des pouvoirs dans son pays, l’opposition le critique pour avoir annulé pratiquement ce même principe.
D’ailleurs, c'est lui qui avait annoncé il y a quelques jours que la séparation des pouvoirs entrave parfois le développement du pays, ce que l’opposition a dénoncé comme étant un pas vers l’annulation de la démocratie.
A ce sujet, le président du parti du peuple républicain, Kemal Kiliçdaroglu, a qualifié les propos d’Erdogan d’insensés, puisque pratiquement, la séparation des pouvoirs n’existe plus en Turquie. Et d’ajouter : « La Turquie est désormais entrée dans la période de la répression de la presse, à travers l’interdiction de certains journalistes de publier des articles et la suspension du travail des autres… De nombreux journalistes exercent actuellement l’autocensure ».
« Lorsque je suis allé à Bruxelles pour la première fois, le nombre de journalistes détenus en Turquie était 35 journalistes, ensuite le nombre s’est élevé à 100. Actuellement 700 étudiants universitaires sont détenus. Je ne peux pas comprendre cette politique », a dit Kiliçdaroglu. Ce chef de l’opposition s’étonne des propos d’Erdogan au sujet de la séparation des pouvoirs : « Le Premier ministre critique la séparation des pouvoirs comme si le mandat actuel pratiquait vraiment cette séparation. Toutes les prérogatives sont entre tes mains. Le premier ministre doit informer la population et préciser clairement ce qu’il veut. En réalité, il cherche des prérogatives que les dictateurs ne possèdent pas», a-t-il dénoncé.
De son côté, le journaliste de renommée Taha Akioul s’est alarmé des déclarations d’Erdogan. « Ses propos contredisent avec les engagements électoraux du parti sur la nécessité de séparer entre les pouvoirs », a-t-il souligné, ajoutant que « le problème ne réside pas dans la séparation des pouvoirs mais dans la non application convenable des lois ».
Un autre journaliste écrit dans le journal Hurriyet : « Erdogan commet une grosse erreur en appelant à séparer entre les pouvoirs. Il avait déjà imposé des décisions sur la justice qui s’est vue obligée d’obtempérer. Erdogan se révolte contre tout un héritage démocratique datant de l’époque du Sultan Abdel Aziz qui avait institué pour la première fois en 1868 le principe de la séparation des pouvoirs.
Pour lui, rien ne justifie l’unification des pouvoirs et la Turquie n’a pas besoin actuellement d’être gouvernée par un seul homme. D’autres analystes politiques ont condamné la politique du Premier ministre, mettant en garde contre les véritables intentions cachées du parti de la justice et du développement. D’aucuns accusent enfin Erdogan de légitimer des prérogatives dictatoriales en considérant que le principe de séparation des pouvoirs entrave le développement du pays. Devant cette réalité, il revient aux Turcs d’afficher leurs positions sur la politique d’Erdogan dans les urnes.
Source: assafir