Plusieurs mouvements islamiques prônaient par le passé le slogan de l’unité islamique entre sunnites et chiites, ils adoptent actuellement un discours confessionnel provocateur.
Toutes les initiatives lancées au cours des deux dernières années pour créer des canaux de communication entre les autorités religieuses sunnites et chiites dans les pays arabo-islamiques sont dans l’impasse. Selon des sources islamiques citées par le quotidien libanais assafir, « les relations entre sunnites et chiites passent ces jours-ci par une période difficile qui engendra une crise aigue si des efforts ne sont pas déployés dans l’immédiat ».
Parmi les pays arabo-islamiques où règne une tension entre ces deux communautés islamiques, on cite entre autre le Liban, Bahreïn, l’Irak, le Pakistan, le Yémen, l’Arabie Saoudite et le Koweït. D’autres pays qui ne n'ont pas souffert d’une crise pareille sont désormais exposés à l’expansion de cette tension, comme c’est le cas en Egypte. Une fois au pouvoir, les Frères musulmans reprochent à la République Islamique d’Iran et au Hezbollah de mener campagne contre eux en faveur d’autres forces politiques.
Evoquant de nouveau la théorie du « croissant chiite » face au « croissant sunnite en montée dans la région », la première autorité religieuse égyptienne alAzhar a mal accueilli les efforts de certains dirigeants des autorités religieuses et des partis islamiques visant à réactiver l’expérience du "Forum pour le rapprochement entre les confessions » islamiques qui date des années 50 du siècle dernier.
De même, les tentatives de créer de véritables canaux de communication avec la direction des Frères musulmans se sont sold6es par un échec à cause « de la situation en Syrie, du soutien iranien au régime de Bachar elAssad, ou bien parce que les Frères musulmans eux-mêmes ne sont pas encore prêts à accorder un intérêt particulier à la question de l’unité islamique ni à la communication avec les autorités religieuses chiites, dont entre autre celles qui ne sont pas alliées avec l’Iran », ajoute-t-on de mêmes sources.
Il convient de citer à ce sujet le cas de « l’Union internationale des oulémas musulmans » (UIOM) présidé par cheikh Youssef elQardaoui, laquelle regroupait des dignitaires religieux sunnites et chiites de divers pays. Elle s’est transformée ces deux dernières années en un cadre politique qui sert les intérêts des Frères musulmans. Les oulémas chiites ne participent plus à ses activités. Son dernier communiqué a complètement omis la révolution à Bahreïn et l’unité des musulmans, s’attardant sur toutes les autres causes des musulmans.
En effet, l'UIOM a adopté fréquemment la vision des Frères musulmans.
Quant au « Rassemblement des oulémas musulmans » (RAM) au Liban, qui regroupe un grand nombre de religieux sunnites et chiites, il est perçu par plusieurs forces et mouvements islamiques sunnites, dont les Frères Musulmans comme " le reflet de la position du Hezbollah et de la République Islamique d’Iran".
En contrepartie, des ligues et des unions sous le nom « les oulémas du Levant» ont été récemment formées en Syrie , de sorte que chacune d’entre elles s'est alignée sur une partie politique déterminée. Ceci démontre clairement l’échec des initiatives visant à réaliser l’unité en Syrie.
En parallèle, au Liban, le rôle du « Comité des oulémas musulmans » (COM) qui compte dans ses rangs exclusivement des oulémas sunnites ne cesse de s'amplifier. Il refuse tout contact avec leurs religieux chiites, s’intéresse avant tout aux affaires sunnites et mène une campagne farouche contre le Hezbollah.
Et ces sources religieuses de poursuivre : « La situation politique et sécuritaire qui se dégrade en Syrie et les tensions qui règnent au Liban, en Irak, à Bahreïn, au Koweït, au Pakistan, en Inde, et au Yémen menacent de faire déborder la crise syrienne vers les pays du voisinage et de faire éclater une guerre confessionnelle. Les projets de division dans plusieurs pays arabes et islamiques sont aussi à craindre, surtout qu’aucune force politique ne sera capable de contrôler ses répercussions ».
Alors que plusieurs mouvements islamiques prônaient par le passé le slogan de l’unité islamique entre sunnites et chiites, ils adoptent actuellement un discours confessionnel provocateur, sans faire de distinction entre les divergences politiques et confessionnelles. Sur ce point, le quotidien assafir rapporte l’exemple de l’institution religieuse égyptienne d’alAzhar, qui avait dans le passé joué un rôle essentiel dans le soutien à l’unité islamique et à la reconnaissance de la doctrine chiite Jaafarie.
Depuis un laps de temps, elle mène une guerre médiatique et intellectuelle contre le mouvement chiite en Egypte et organisent des séminaires sur le soi-disant « danger chiite ». Elle a également publié des livres qui critiquent la doctrine chiite !
En Irak, les autorités religieuses chiites, tel que Sayed Ali Sistani, ont lancé plusieurs initiatives indépendantes de l’Iran, du Hezbollah et du gouvernement irakien au sujet de la crise syrienne. Sayed Sistani a appelé les autorités irakiennes à aider les réfugiés syriens et à leur consacrer une partie du budget irakien. De plus, d’autres autorités chiites irakiennes ont essayé de créer des canaux de communication avec l’opposition politique syrienne, adoptant plusieurs positions critiquant le régime syrien. Mais malheureusement, toutes ces initiatives n’ont pas été bien accueillies par les Frères musulmans et certaines forces de l’opposition syrienne.
En contrepartie, aucune initiative n'a été lancée par les Frères Musulmans, pour amorcer le dialogue avec les autorités chiites précitées, ce qui constitue un signe sur l’ampleur de la tension confessionnelle qui règne dans les pays arabes et islamiques.
Mais, « il ne faut pas désespérer », précisent ces sources religieuses s’exprimant à Assafir.
« Le règlement de cette question sera possible si un dialogue sérieux est entamé entre les différentes forces et directions islamiques officielles, religieuses et politiques, tout en écartant les divergences politiques des religieuses », estiment ces mêmes sources, imputant à toutes les parties « la responsabilité de la division et de son extension dans la région, au profit des ennemis qui planifient une guerre de cent ans, entre sunnites et chiites ».