29-11-2024 01:45 PM Jerusalem Timing

Assad propose sa solution et pose ses conditions

Assad propose sa solution et  pose ses conditions

Il expose aussi sa lecture de la crise: selon lui, la Syrie est en proie à une vraie guerre: une guerre entre sa souveraineté et son indépendance d’une part et sa soumission politique à l’étranger de l’autre

Le président syrien Bachar al-Assad a proposé l’amorcement d’un  dialogue national regroupant toutes les catégories du peuple syrien, celles de l’intérieur et de l’extérieur, pour mettre fin au conflit qui sévit en Syrie depuis près de deux années.

Le chef de l’état syrien a tenu ces propos lors d’un discours prononcé  devant de centaines de Syriens, dans la salle de la Maison de la culture et des Arts, où son entrée s’est faite sous les applaudissements et les slogans « Allah, la Syrie et toi » ou encore « par nos âmes et nos vies nous nous sacrifierons pour toi ».

Dialogue, entente et constitution, référendums et gouvernement 

Une entente et une constitution nationales devraient découler de ce dialogue, selon sa proposition de solution politique, ainsi que deux réferendums, au bout desquels un nouveau gouvernement sera formé pour mettre en application leurs résultats. Par la suite une conférence pour la réconciliation devrait se tenir, en parallère avec la proclamation d'une amnesty générale.  

Avant l’amorcement du dialogue, le président syrien a posé comme condition que les pays concernés par la crise syrienne stoppe le financement et l’armement des milices en Syrie, pour que les réfugiés syriens puissent retourner chez eux, avant que l’armée ne cesse de son côté ses opérations militaires, tout en conservant le droit de riposte.
Selon lui, la guerre contre le terrorisme se poursuivra parallèlement avec le processus politique, «  car c’est en luttant contre le terrorisme que la solution politique devient plausible ».

Critique de l’initiative de Genève

Le numéro un syrien a tenu à signaler que toute autre initiative politique suggérée par un quelconque individu ou Etat devrait prendre en considération celle qu’il a proposée, et devrait avoir pour visée de  l’aider ou la compléter.

Il a critiqué l’initiative de Genève, qu’il avait toutefois acceptée, signalant qu’elle compte une clause ambigüe, celle notamment de la phase transitoire : «  bien sûr, elle n’est pas claire. Lorsqu’on parle d’une phase transitoire, la première chose qui nous vient à l’esprit est de se demander d’où vers où transite-t-elle. Serait-ce un passage de l’Etat d’un pays libre vers celui d’un pays sous occupation, d’un pays qui possède un Etat, vers celui qui n’en aurait pas, de l’Etat de l’autodétermination à celui où la décision est entre les mains des étrangers ? », s'est-il interrogé.

Selon lui, toute initiative ou changement devrait inéluctablement passer par les moyens constitutionnels, c'est à dire les urnes, pour consulter l’avis du peuple syrien.

Hommage au peuple syrien

 A cet égard, le président syrien a rendu hommage au peuple syrien qui selon lui a refusé d’héberger les terroristes : «  la dignité et le nationalisme coulent dans son sang. De grandes catégories se sont mobilisées pour faire face au terrorisme, certains ont donné des informations importantes aux services de sécurité, leur permettant de torpiller des opérations terroristes contre les citoyens ;.. ; d’autres se sont rebellés contre les miliciens et ont refusé de les héberger, soit en défendant leurs régions, soit en manifestant contre les criminels, et dont certains sont tombés en martyre ;.. ; il y a ceux qui ont rejoint les forces armées dans les villes, les quartiers ;.. ; mais il y a un exemple que je voudrais évoquer, celui dans le gouvernorat de Hassaké, dans la localité de Ra’as elEïn et dont les jeunes se sont mobilisés contre l’attaque menée des régions turques pour défendre leur village et qui sont parvenus à repousser les terroristes,..,et il y a ceux qui ont pardonné et se sont pardonnés et ont opté pour le dialogue national ».

Ce n’est pas une révolution      

Au début de son allocution plusieurs fois interrompue par les applaudissements, Bachar el-Assad a rejeté l’idée que l’insurrection puisse être une révolution en disant : «  elle n’a rien à voir avec les révolutions, ni de près ni de loin. La révolution a besoin d’intellectuels, cette révolution est sans intellectuels, la révolution a besoin d’un commandant, celle-ci n’en a pas ; la révolution nécessite une pensée, un projet, celle-ci n’en a pas ; la révolution aspire à pousser le pays de l’avant, celle-ci voudrait le ramener des siècles en arrière ; ..., en général la révolution est celle du peuple et non une révolution de gens importés de l’étranger pour se révolter contre le peuple, la révolution se devrait être dans l’intérêt du peuple et non contre comme l’est celle-ci».

Une guerre entre la patrie et ses ennemis

Selon lui, la Syrie est en proie à un conflit entre les criminels et les assassins d’un côté et le peuple syrien de l’autre, entre la patrie et ses ennemis. « Au début, ils ont annoncé leur prétendue révolution, mais lorsque le peuple a refusé de les couvrir, ils ont voulu l’imposer par l’argent, les médias et les armes, ..., et comme le peuple a refusé de les suivre, ils ont décidé de se venger de lui, ils ont laissé tomber les masques de leur prétendue révolution et ont brandi leurs armes,.., ils ont voulu se venger du peuple en semant la terreur là où ils se trouvent», a-t-il expliqué.

Les takfiris importés

Le président syrien s’est attardé sur la présence des groupes takfiris parmi les insurgés qui comptent dans leurs rangs d’innombrables étrangers, et qui mènent de plus en plus l’insurrection syrienne. Au début de l’insurrection, indique-t-il, «  ils étaient restés dans l’arrière-plan de l’insurrection et se sont lancés dans les attentats, les massacres, le banditisme et les pillages...Mais ils ont pris les devants de l’insurrection armée, lorsque les autres miliciens ont essuyé un échec ».
Estimant que «  la pensée takfirie est importée de l’étranger », il en conclut que la Syrie fait l’objet d’une guerre au sens vrai du terme, «  une guerre de la part de ceux qui veulent la diviser, qui cherchent à l’affaiblir, et à la dominer,..., et à la sortir de l’équation de la résistance. »

Une guerre des étrangers avec des mains syriennes

Selon lui, c’est « une guerre des étrangers contre la Syrie avec des mains syriennes ». « Nous faisons face à une offensive extérieure barbare, particulièrement vicieuse parce qu'elle n’utilise pas ses propres instruments, mais une petite bande de Syriens et beaucoup d’étrangers », affirme-t-il
Le président syrien s’était auparavant expliqué plus longuement sur le fait que la crise en Syrie est beaucoup plus dictée par des velléités régionales et internationales, que par des revendications de réformes internes: «  si les raisons du conflit avaient été réellement internes, entre forces loyalistes et forces de l’opposition,..., les divergences devraient se porter sur la façon d’édifier la patrie, et non sur celle de la détruire. Comment expliquer ces tentatives de détruire le pays, de ravager son infrastructure, de le ramener plusieurs dizaines d’années en arrière. » Et de poursuivre : «  le lien entre l’opposition et les forces loyales est une relation interne, mains lorsque l’intérieur est soumis et connecté à l’étranger, le conflit dans ce cas devient entre l’intérieur et l’extérieur ».
Il en conclut que le conflit en Syrie est entre l’indépendance et l’hégémonie, entre la souveraineté de la partie et sa soumission politique à l’étranger.

Nous n’oublierons pas

Evoquant les positions de la Russie, de la Chine et des pays du Brics, lesquels ont refusé toute ingérence dans les affaires internes des autres pays, le président syrien a tenu à les remercier ainsi que l’Iran. Leur signalant que « nous n’oublierons jamais vos positions ».
Il a également averti les pays hostiles à la Syrie, que le peuple syrien ne les oubliera pas non plus : «  il y a cet État édifié sur l’invasion et les agressions, nous ne sommes pas étonnés par ce qu’il fait (en allusion à l’entité sioniste) ; il y a des Etats voisins de la Syrie et qui ont voulu l’affaiblir pour y imposer leur hégémonie ; et il y a des Etats à la recherche d’une position qu’ils n’ont jamais eu dans l’histoire, et qui ont voulu l’écrire avec le sang des Syriens ; mais le peuple syrien est plus fort et plus rigide », avait-il dit auparavant.

Transformer la Syrie en pion

Le président syrien a particulièrement pris à part les Etats occidentaux qui sont gênés d’après lui parce que la Syrie veut coute que coute rester maitresse d’elle-même et refuse la tutelle de quiconque. «  Ils ont voulu exploiter des évènements internes pour sortir la Syrie de l’équation politique de la région, pour en finir avec ce nœud gênant, pour porter atteinte à la pensée de la résistance, et nous transformer en pions comme la plupart de ceux qui nous entourent ».

La guerre imposée

 

Concernant la situation interne et dans ce qui semble être une réponse de sa part à ses réfractaires, il a insisté sur le fait que le fait de se défendre ne constitue pas de solution sécuritaire. «  Ce n’est pas nous qui avons choisi la guerre ; elle nous a été imposée, et lorsque l’Etat défend son peuple ce n’est pas une solution sécuritaire » a-t-il signifié.

Dialoguer avec les maitres et non les esclaves

Pour ce qui est de la solution politique, elle a d’après lui été entravée en raison de l’absence de partenaire : «  avec qui devrions-nous dialoguer ? Avec ceux qui prônent une pensée extrémiste qui légitiment l’effusion de sang, les tueries, et le terrorisme, avec des bandes téléguidées par l’étranger,.., avec des marionnettes confectionnées par l’occident qui leur écrit les rôles à jouer », s’est-il interrogé. Pour en déduire toutefois : «  dans ce cas, il est préférable de dialoguer avec les originaux, et non les comparses, avec ceux qui les ont confectionnés, avec les maitres et non les esclaves ».
Le président syrien s’est toutefois engagé à toujours tendre la main pour le dialogue, « à ceux qui ne sont pas d’accord avec nous en politique,.., mais qui n’ont pas porté atteinte aux principes nationalistes. Nous sommes prêts à dialoguer avec des partis et des individus qui n’ont pas vendu leur partie aux étrangers, tous ceux qui sont prêts à jeter l’arme, avec tous ceux qui sont réellement soucieux  de l’intérêt de la Syrie, de sa stabilité et de son indépendance ».

Solution aux trois volets

Il a néanmoins précisé que la solution en Syrie nécessite trois volets: politique, sécuritaire pour combattre le terrorisme, ainsi qu’un volet social : «  Nous en avons des exemples à Homs et Deraa en particulier où  des gens ayant l’esprit nationaliste ont de leur propre initiative amorcé un dialogue entre l’Etat et des gens qui se sont laissés séduire par les miliciens terroristes ; ce qui a donné des résultats très importants», poursuit-il.

le président syrien a rendu hommage à l'armé syrienne, s'adressant aux officiers et aux soldats, ainsi qu'aux différentes forces de sécurité. Il a salué tous les citoyens syriens, leur ayant porté assistance; Il a dit compatir avec le peuple syrien et se désoler pour les souffrances qu'il endure par le martyre de ses fils, regrettant que " les cercueils des martyrs soient entrés dans les maisons de beaucoup".

Changer la boussole de l'ennemi

Il s'est engagé à ce que la Syrie reste telle qu'ils l'ont connu : " jamais nous ne renoncerons à nos droits; le Golan nous appartient, la Palestine est notre cause, pour laquelle nous avons donné ce que nous avons de plus cher, nous soutiendrons à jamais la résistance contre notre ennemi unique; la résistance est une voie et non des personnes", a-t-il affirmé, assurant que le peuple et l'Etat syriens seront à jamais dans la même position que celle de leurs frères palestiniens.

Selon lui, la tentative d'immiscer les Palestiniens dans les évènements syriens a pour but de changer la direction de la boussole du véritable ennemi et va se solder par un échec.

Main dans la main

Pour terminer son discours, il a assuré que tout ce qui a été planifié contre la Syrie ne changera en rien au nationalisme qui coule dans les veines des Syriens , et pour qui la Syrie est ce qu'il y a de plus chère. Selon lui, " rien ne peut faire effondrer la Syrie , car son peuple résiste à la soumission". Et de conclure: " main dans la main , en dépit des blessures, nous ferons avancer ensemble la Syrie vers un avemir plus radieux et plus fort,... nous avanceron ensemble.. Leurs armes ne nous effraieront pas, ni leur terrorisme ne nous intimidra; parce que nous avons une cause véridique. Dieu est avec le vrai."