Un des dirigeants irakiens évoque une quasi invasion turque de l’Irak et évoque la création d’une AIL, l’équivalent irakien de l’ASL.
Un des membres de la coalition nationale irakienne a expliqué, lors d’une interview avec notre chaine, les dessous de la crise en Irak, notamment les manifestations qui secouent les provinces à majorité sunnite.
Ali Adib a affirmé que « des pays étrangers aspirant à jouer un rôle régional en Irak, comme la Turquie, le Qatar et l’Arabie ont exploité le manque de confiance régnant au sein des composantes de la communauté irakienne, hérité du régime précédent ».
Et d’ajouter : « les Etats-Unis ne sont pas loin de ce qui se passe en Irak. Il existe une velléité de diviser l’Irak en trois fédérations : Kurde, sunnite et Chiite ».
Quasi invasion turque
Interrogé sur les raisons de la détérioration de la relation entre Bagdad et Ankara, M.Adib a évoqué une quasi invasion turque de l’Irak. Il a notamment fait état de la présence en Irak d’éléments des renseignements turcs, de centres d’entrainements militaires turcs, et de 1080 sociétés turques opérant au Kurdistan irakien.
M. Adib a également cité les violations de la souveraineté irakienne par les dirigeants turcs : « la visite du ministre des Affaires Etrangères turc, Ahmad Davutoglu, à Kirkouk, et le renvoi de l’avion du ministre turc du Pétrole qui voulait participer à un séminaire à Erbil sans l’aval des autorités à Bagdad. Ainsi que les négociations en cours entre la Turquie et le Kurdistan sur l’installation d’oléoducs, bien que les deux parties savent très bien que de tels projets font partie des prérogatives du gouvernement central à Bagdad ».
Le dirigeant irakien poursuit : « Erdogan s’ingère dans les affaires irakiennes, il critique le Premier ministre irakien, le gouvernement central à Bagdad, en s’alignant d’une façon flagrante auprès des membres de la ‘Liste irakienne’, qui a vu le jour avec l’aide des dirigeants turcs à Ankara ».
« La Turquie qui héberge le vice-président irakien, Tarek Hachemi, accusé de crimes terroristes, néglige les appels de la justice irakienne de le remettre à Bagdad », a-t-il ajouté
Création de l’AIL à l’instar de l’ASL
M.Adib a également évoqué le soutien de la Turquie à l’ « Armée Irakienne Libre », constituée des ex-membres du régime de Saddam et des membres d’AlQaida.
Revendications des protestataires
Selon lui, « la crise en Irak a été planifiée a l’avance et ne consiste pas en une crise sociale ».
Il a étayé cette idée en citant les revendications des protestataires brandissant les portraits d’Erdogan dans la province d’AlAnbar, et qui exigent la libération de tous les détenus ayant commis des actes de terrorisme, une amnistie générale, et le recrutement des ex-membres baassistes dans les services de sécurité.
« La Turquie, alliée des Etats-Unis cherche à réaliser le projet américain qui vise à diviser le monde arabe. Le parti de la justice et du développement n’aspire plus à adhérer à l’Union Européenne, mais voudrait être le représentant du monde islamique en Europe. C’est ce qu’a d’ailleurs écrit Davutoglu dans son livre (Profondeur stratégique, 2001)», a fait savoir M.Adib.
Selon lui, « la solution en Irak réside dans la dissolution du parlement actuel et l’appel à des législatives anticipées dans le pays ».
Eclatement de la crise
Pour sa part, le conseiller intellectuel du courant Sadriste (présidé par Sayed Moktada Sadr), Rassem Marwani, a expliqué à notre chaine que les protestations ont éclaté après l’arrestation de neuf gardes du corps du ministre des finances Rafe' Al-Issaoui, le 20 décembre.
M.Marwani a précisé que « les protestations appelaient au début à la libération des gardes du corps de M.Issaoui, et réclamaient des reformes sociales, également revendiquées par d’autres composantes du peuple irakien.
Mais les protestations ont changé de cap, quand le Premier ministre Nouri Maliki a appelé les chefs des tribus d’AlAnbar à participer à l’enquête sur l’implication des gardes du ministre des finances dans des actes terroristes ».
Viol des femmes
Et d’ajouter : « les protestataires ont donc changé leurs slogans, évoquant le viol des milliers de prisonnières irakiennes par des soldats irakiens.
Ce qui a poussé Maliki à convoquer cheikh Mahdi Someidei, d’obédience salafiste et chef du conseil de la fatwa sunnite, pour mettre en place un groupe de Sages, chargé d’enquêter sur les rumeurs de violations dans les prisons irakiennes.
Dans son rapport publié dans le quotidien saoudite AlHayat, Cheikh Someidei n’a fait état d’aucun cas de viol de femmes dans les prisons irakiennes. Il a même exprimé sa joie que les prisons des femmes sont gérées par des soldates pieuses et voilées. Cheikh Someidei a seulement fait état d’insultes émises par certains membres des services de sécurité irakiennes à l’encontre de certaines prisonnières lors de leur arrestation ».