Cinq nouveaux indices corroborent cet avis.
Cinq développements fondamentaux méritent une lecture approfondie pour connaitre les composantes du paysage syrien dans toutes ses dimensions pour les mois à venir.
Le premier est le long discours du président Bachar al-Assad, dans lequel il a proposé un plan pour une solution pacifique de la crise dans son pays.
Le deuxième est la fatwa du grand mufti d'Arabie saoudite, cheikh Abdel Aziz Al Cheikh, mettant en garde les ulémas saoudiens contre l'appel au Jihad en Syrie, affirmant que le soutien aux djihadistes doit se limiter au niveau financier et à travers les canaux officiels.
Le troisième est l'annonce par Benyamin Netanyahu de l'intention de son gouvernement de construire une clôture le long du Golan occupé, à titre préventif, après l'arrivée du "jihad international" et son positionnement à la place de l'armée syrienne, qui s'est retirée de la région.
Le quatrième est la multiplication des plaintes de l'armée syrienne libre (ASL) de l'arrêt de l'aide financière et militaire, ce qui traduit un changement, permanent ou provisoire, de l'attitude des pays lui apportant un soutien.
Enfin, le cinquième, est la tenue dans deux semaines d'une conférence à Genève, avec la participation d'opposants qui croient au dialogue avec le régime. Cette conférence est placée sous l'égide de la préservation de l'unité géographique et démographique de la Syrie. Elle est soutenue par des Etats européens, notamment l'Allemagne et la Suède, selon ses organisateurs.
Le discours du président Assad était décevant pour ses détracteurs, car ce n'était pas celui d'un homme vaincu, qui vit terré, et se déplace d'un trou à un autre. Ce discours était le plus fort qu'il n'ait jamais prononcé, notamment depuis la révolte populaire contre son régime.
Le président Assad a dit clairement qu'il ne négociera pas avec l'opposition de l'extérieur qu'il a accusé de collaborer avec l'Occident, car si la négociation est inévitable, il le fera avec les maitres. Il a assuré qu'il restera en place et qu'il refuse ne serait-ce que d'évoquer son départ.
Nous sommes devant un homme déterminé à aller jusqu'au bout dans la voie qu'il a choisie, quelles que soient les pertes humaines.
Il est difficile que le président Assad tombe sans intervention étrangère. Et cette option est de plus en plus écartée. L'administration américaine craint ses conséquences et ne peut pas supporter des résultats humiliants comme ceux d'Irak et d'Afghanistan. La fatwa saoudienne, la déclaration du ministre Saoud al-Fayçal selon laquelle le départ du président Assad doit être décidé par le peuple syrien, et les plaintes de l'ASL, sont autant de facteurs qui font qu'Assad est moins inquiet sur son sort.
Beaucoup ont prédit la chute du président Assad en 2012, voire avant. Beaucoup ont prédit sa chute avec le début de cette année. Mais la froideur américaine, la polarisation communautaire et la contagion de la crise syrienne dans les pays voisins (l'Irak, la clôture israélienne, la fatwa saoudienne, l'indifférence de l'Egypte etc...) allongeront la vie d'Assad et de son régime jusqu'à la fin de l'année, voire au-delà.
Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef, nationaliste arabe
Al Quds al-Arabi (quotidien panarabe édité à Londres)-Médiarama