Islamabad dément l’échange de tirs et la mort des deux soldats.
L'Inde a convoqué mercredi l'ambassadeur du Pakistan après la mort de deux soldats indiens, dont l'un a été décapité, au cours d'un incident frontalier dans la région disputée du Cachemire, mais les deux puissances nucléaires rivales ont dit vouloir éviter toute escalade.
L'armée indienne affirme que les soldats ont été tués mardi dans des échanges de coups de feu après qu'une patrouille a découvert des militaires pakistanais ayant pénétré à environ 500 mètres à l'intérieur du territoire.
Islamabad dément l'échange de tirs et la mort des deux soldats.
Il n'empêche que l'ambassadeur du Pakistan à New Delhi, Salman Bashir, a été convoqué au ministère indien des Affaires étrangères où il s'est fait tancer "en des termes très forts", a indiqué le chef de la diplomatie indienne Salman Khurshid.
M. Khurshid a toutefois assuré que "quoi qu'il se soit passé, il ne devrait pas y avoir d'escalade". "Nous ne pouvons et ne devons pas permettre une escalade", a-t-il plaidé.
Les deux frères ennemis d'Asie du Sud reprennent depuis 2011 un dialogue de paix qui avait été gelé après les attentats de Bombay en novembre 2008, attribués par l'Inde à un groupe islamiste du Pakistan et appuyé par l'armée pakistanaise, ce que dément Islamabad.
Pour le ministre Khurshid, ce nouvel incident s'apparente à "une tentative claire de faire dérailler le dialogue".
Les Etats-Unis, alliés du Pakistan mais qui se sont beaucoup rapprochés de l'Inde ces dernières années, ont "conseillé aux deux gouvernements de continuer leurs consultations à haut niveau", selon la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland.
Mais l'armée indienne et le ministre de la Défense A.K Antony ont exprimé leur indignation.
Un porte-parole de l'armée a confirmé que l'un de ses deux soldats avait été décapité. "Ils ont emporté la tête", s'est-il-insurgé. De hauts gradés qui se sont rendus sur le site de l'attaque ont affirmé qu'on avait en outre cherché à emporter la tête du second militaire tué. "Il y avait une entaille au cou sur le deuxième cadavre", a déclaré l'un de ces officiers.
Pour le ministre Antony, "la manière dont elle (l'armée pakistanaise) a traité les corps des soldats indiens est inhumaine".
"Nous transmettrons nos protestations au gouvernement pakistanais et notre directeur général des opérations militaires s'adressera à son homologue au Pakistan. Ils surveillent étroitement la situation", a dit le ministre.
Les corps des deux soldats ont été transportés dans un hôpital militaire à Rajouri, dans le nord de l'Inde, selon l'armée.
Tout en niant l'attaque, le Pakistan a mis en garde contre de nouvelles tensions.
Se disant "consternée" par certaines allégations faites en Inde, la ministre pakistanaise des Affaires étrangères, Hina Rabbani Khar, a assuré sur la télévision indienne CNN-IBN que son pays était "responsable, mature" et que "nous ne devons pas retourner au temps où nous nous disputions".
Aux yeux d'Islamabad toutefois, les déclarations de l'Inde sont de la "propagande" visant à détourner l'attention à la suite d'un premier incident frontalier dimanche qui s'était soldé par la mort d'un soldat pakistanais.
"Vous n'avez pas vu de communiqué hostile de la ministre des Affaires étrangères (...). Nous pensons que ces questions doivent être réglées de manière responsable", a insisté Mme Khar.
Le Pakistan a en outre réclamé une enquête indépendante par l'ONU pour faire la lumière sur ces échanges de tirs et les Nations unies ont répondu par l'affirmative.
Selon l'armée indienne, l'incident s'est produit mardi dans le secteur de Mendhar, à environ 170 kilomètres à l'ouest de Jammu, capitale d'hiver du Cachemire indien, région en majorité musulmane.
Un cessez-le-feu a été instauré en 2003 le long de la Ligne de contrôle coupant le Cachemire en deux, mais il est périodiquement violé par les deux camps.
La dernière mobilisation d'ampleur des troupes indiennes à sa frontière avec le Pakistan a eu lieu fin 2001 après une attaque islamiste contre le Parlement de New Delhi.
Trois guerres ont opposé l'Inde et le Pakistan depuis leur indépendance de l'empire britannique en 1947. Deux d'entre elles concernaient le Cachemire, fortement militarisé de part et d'autre.
L'Inde et le Pakistan revendiquent tous deux le Cachemire dont ils administrent chacun une partie.