17-05-2024 06:59 AM Jerusalem Timing

Retrait d’Afghanistan: discussions animées en vue entre Karzaï et Washington

Retrait d’Afghanistan: discussions animées en vue entre Karzaï et Washington

Le chef de l’Etat afghan, arrivé mardi aux Etats-Unis, sera vendredi le premier visiteur de l’année à la Maison Blanche.

Le président afghan Hamid Karzaï devrait avoir des discussions animées jeudi et vendredi à Washington avec le président Barack Obama et ses deux ministres de la Défense et des Affaires étrangères à propos de l'ampleur du retrait des troupes américaines d'Afghanistan fin 2014.
  
Le chef de l'Etat afghan, arrivé mardi aux Etats-Unis, sera vendredi le premier visiteur de l'année à la Maison Blanche, au lendemain d'entretiens avec le patron du Pentagone Leon Panetta et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. Un dîner de travail est programmé jeudi soir au département d'Etat.
  
Des responsables des deux pays ont laissé entendre ces derniers jours qu'une décision pourrait être prise sur le nombre de soldats américains déployés en Afghanistan --ou plus probablement sur le rôle et la mission de ces militaires-- après les opérations de combat de l'Otan qui se terminent à la fin 2014.
  
L'Otan compte actuellement 100.000 soldats en Afghanistan, dont 68.000 sont des Américains.
   Le président Karzaï souhaite le maintien de troupes américaines dans son pays afin d'appuyer les forces afghanes, mais des détails importants sur le rôle précis et le statut de ces militaires doivent encore être réglés.
  

Le Pentagone prévoit de réduire à 3.000, 6.000 ou au maximum 9.000 hommes sa présence en Afghanistan après 2014, avançait il y a quelques jours le Wall Street Journal. Ces estimations, inférieures à ce qui était prévu, font suite à une demande du président Obama, selon le quotidien.
  

Comme il l'a fait pour l'Irak, M. Obama veut mettre un terme à la plus longue intervention militaire américaine et étudie la possibilité de ne laisser aucun soldat en Afghanistan après 2014, avait indiqué mardi le conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Ben Rhodes.
  

Mais "nous n'écarterons aucune hypothèse. Nous ne sommes pas guidés par l'objectif d'un nombre précis de soldats dans le pays", avait précisé ce haut responsable interrogé sur ce que la presse appelle "l'option zéro" soldat américain en Afghanistan.
  
Toutefois, pour des experts de ce pays à Washington, comme l'ancien diplomate James Dobbins qui avait contribué à la mise sur pied du gouvernement Karzaï fin 2001, cette "option zéro" s'apparente plus à "une tactique pour négocier" avec le tumultueux président afghan.
  
Le nombre de troupes que Washington voudra laisser après 2014 dépend surtout de l'argent que les Américains -- en difficultés budgétaires et lassés des interventions à l'étranger -- voudront dépenser au terme de 11 ans d'une guerre lancée par George W. Bush après le 11-Septembre, explique l'expert du centre de réflexion RAND.
   "Plus vous paierez, moins vous prendrez de risques", résume M. Dobbins.
  

Mais M. Obama veut avant tout que l'armée afghane ait les moyens de se défendre seule face aux talibans et à Al-Qaïda. Car l'Otan et les forces afghanes n'ont jamais réussi à mater l'insurrection islamiste et beaucoup d'observateurs redoutent le retour au pouvoir des talibans après 2014 face à une armée afghane qui se serait alors désintégrée.
  
Ce qui explique la volonté de M. Karzaï de convaincre les Etats-Unis de laisser en Afghanistan du matériel militaire, notamment des équipements aériens, pense Marvin Weinbaum du Middle East Institute.
  
Le président afghan "ne veut pas que les Etats-Unis se retirent complètement, mais il sait bien qu'ils ne le feront pas. C'est le point central de la négociation", analyse le spécialiste.
  
Le programme de la visite de M. Karzaï ne prévoit pas de rencontres avec les prochains secrétaires d'Etat et secrétaire à la Défense, John Kerry et Chuck Hagel, nommés par le président Obama mais qui doivent être confirmés par le Sénat. Ces deux hommes sont des vétérans du Vietnam et considérés comme des partisans d'un retrait de grande ampleur d'Afghanistan.