..et les acteurs aussi, de leur plein gré parfois...et malgré eux d’autres fois!
Que les Etats-Unis aient renoncé à leur projet visant à renverser le régime syrien en s’accordant avec la Russie sur le principe d’une solution pacifique du conflit, cela est possible à la lumière d’innombrables données.
En premier lieu, figure l’avancée réalisée par l’armée syrienne sur le terrain à laquelle s’ajoutent d’autres données comme l’état de faiblesse et d’épuisement subi par le projet des ennemis de la Syrie en raison de sa résistance malgré la férocité de l’offensive et des prémonitions qu’on ressasse quotidiennement depuis plus de 20 mois au sujet de la fameuse chute imminente du régime.
Il y a aussi la hantise des frais exorbitants qu’auront à payer les partis qui participent à la guerre contre la Syrie lorsque les combats s’achèvent par une victoire éclatante de la Syrie, de son peuple, de son armée et de son régime, mais également au front de la résistance et aux peuples arabes et non arabes qui aspirent à être les maîtres de leurs destins et à secouer le joug de l’hégémonie.
Non moins importante est la hantise des Etats-Unis de s’embourber dans une guerre directe ouverte à une défaite supplémentaire qui pourrait être fatale après toutes les défaites qu’ils ont encaissées dans la région durant ces dernières années, surtout que l’économie américaine est arrivée au bord de l’abîme en dépit du soutien volontier et obligatoire fourni en trillion de dollars par les monarchies pétrolières du Golfe.
Cependant, le recul américain -s’il y en a effectivement recul- ne signifie pas que le problème est résolu : Dans toute guerre s’alternent des attaques et des retraites. De plus, la ruse et la tromperie peuvent y jouer pleinement. Si les ruses tactiques sont bien connues au long et au large de l’histoire, les puissances arrogantes et hégémoniques sont aussi bien versées dans le domaine des ruses stratégiques.
Il suffit en effet de rappeler que l’histoire arabe contemporaine toute jalonnée de drames et de catastrophes dont la «Nakba» de la Palestine est entièrement fondée, depuis la «Grande Révolution Arabe» qui a mis fin au califat ottoman, sur une ruse stratégique. Celle-ci a nourri chez les Arabes l’illusion de s’affranchir, d’acquérir leur indépendance, d’avoir leur Etat unifié et de progresser en prenant parti pour les Alliés dans la première guerre mondiale.
Il est certain qu’une autre ruse stratégique fut à l’origine de la ruée des «moudjahidin» mobilisés et financés par l’Arabie Saoudite vers l’Afghanistan où ils ont joué un rôle déterminant non seulement dans la défaite soviétique dans ce pays, mais aussi dans l’effondrement de l’Union Soviétique et de l’ensemble du monde communiste pour le compte des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux.
Dans les deux cas, les résultats furent catastrophiques. Pour leur rôle dans l’écrasement de l’empire ottoman, les Arabes dirigés par un sous-officier britannique du nom de Thomas Edward Lawrence (Lawrence d’Arabie), ont été généreusement récompensés.
D’abord par la Déclaration de Balfour qui a donné suite à l’usurpation de la Palestine par les sionistes. Puis par les accords de Saykes-Picot qui, à la place du royaume arabe promis, ont divisé le mashrek arabe (la péninsule arabique, l’Iraq, la Syrie naturelle comprenant, outre la Syrie actuelle, le Liban, la Jordanie et la Palestine) en plusieurs Etats antagonistes sous mandats britanniques et français.
Quant au Golfe, Il a été divisé en plusieurs dizaines de protectorats dirigés par des compagnies pétrolières sous le couvert d’une «légalité» octroyée à des rois, émirs et cheikh ayant droit à une partie des rentes mais qui, à l’exemple du célèbre «nuage» de Haroun ar-Rachid, finissent par prendre leur chemin vers leur place finale dans les banques occidentales.
Quant aux «moudjahidin» en Afghanistan, leur chance n’était pas plus heureuse que celle des auteurs de la Grande Révolution Arabe contre le califat ottoman. Les Américains et leurs alliés les ont récompensés en envahissant le pays dans lequel ils ont fondé leur émirat islamique et en le transformant, avec son voisin le Pakistan, en un foyer du chaos. C'est ainsi qu’il ne resta aux moudjahidin que la seule option de devenir des terroristes et des «Arabes afghans», stigmatisés et maudits là où ils se trouvent, même par les «modérés» qui les libèrent aujourd’hui des prisons et les envoient en Syrie afin de la détruire, massacrer son peuple et en faire un nouvel Afghanistan.
Un objectif difficile à atteindre car la Syrie est plus forte et plus digne que de se plier devant ces attroupements d’égarés qui font cause commune avec tout genre de rancuniers, de mercenaires et de malfrats que manipulent des agents des services secrets occidentaux et israéliens, et qui les utilisent comme carburants dans leurs guerres soft, secrètes ou indirectes. Mais au moment où commencent à briller à l’horizon tout proche les rayons de la victoire de la Syrie, voilà que Washington les classe sur la liste des mouvements terroristes.
La guerre soft, secrète ou indirecte adoptée ouvertement par les Etats-Unis lors du premier mandat de Barack Obama est, en premier lieu, une «guerre à distance » avec le minimum de dépenses et le maximum de gains… tant que les Etats-Unis et leurs alliés, y compris l’entité sioniste, trouvent parmi les Arabes et les Musulmans des égarés et des rancuniers qui ne tirent pas les leçons de l’histoire même récente, trahissent leurs grandes causes et se laissent utiliser comme carburant des guerres qui ne profitent qu’aux ennemis de la Nation.
Akil Haj Hassan
Source : moqawama.org