20-05-2024 09:41 PM Jerusalem Timing

Affaire Abdallah: Paris un roquet des Américains

Affaire Abdallah: Paris un roquet des Américains

selon l’avocat de Georges Abdallah, Maitre Jacques Vergès

Une nouvelle période d'incertitudes s'ouvre pour l'ancien combattant libanais Georges Ibrahim Abdallah après la décision de la justice française de repousser toute décision sur sa libération conditionnelle dans l'attente d'un hypothétique arrêté d'expulsion.

Le tribunal d'application des peines de Paris (TAP) réuni lundi, a convenu d'attendre quinze jours, le 28 janvier, pour dire s'il accorde ou non une remise en liberté à l'ancien chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), incarcéré depuis 28 ans en France pour complicité dans l'assassinat de deux diplomates américain et israélien.

Cette requête bloque actuellement sur l'absence d'arrêté d'expulsion du territoire de Georges Ibrahim Abdallah, sans lequel la justice ne peut l'autoriser à sortir de prison.

En l'attente de cet hypothétique arrêté, dont la signature relève de l'Intérieur, le TAP avait une première fois ajourné sa décision au 14 janvier. Dans le même temps, il avait émis, en novembre, un avis positif de principe sur la libération du prisonnier politique le plus ancien de l’histoire moderne française qui n'avait pas valeur définitive.
Constatant lundi qu'aucune initiative n'avait été prise place Beauvau, les juges ont donc décidé d'un nouveau délai plutôt que de rejeter la requête de Georges Ibrahim Abdallah, ce qui sera inévitable si l'arrêté d'expulsion n'était pas pris.

Comédie

Cet ajournement traduit, aux yeux des défenseurs du M. Abdallah, un affrontement à fleurets mouchetés entre la justice et l'exécutif français sur le sort de l'ancien combattant.
«Est-ce que le gouvernement est contre les juges et contre la liberté, pour les Etats-Unis et pour Israël ?», a fulminé son avocat Jacques Vergès, interrogé par l'AFP.
Engagé auprès du mouvement palestinien radical FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), Georges Ibrahim Abdallah avait été arrêté en 1984 et condamné sana preuve à perpétuité trois ans plus tard pour complicité dans les assassinats, en 1982 à Paris, de deux diplomates, l'Américain Charles Robert Ray et l'Israélien Yacov Barsimantov.
«Cette comédie dure depuis deux mois et le problème est de savoir si on a un gouvernement ou si c'est le bordel et qu'on se comporte comme un roquet des Américains», s'est indigné Me Vergès.
Me Vergès a régulièrement dénoncé une volonté «politique» et la «mainmise des Etats-Unis» derrière le maintien en détention de son client, libérable depuis 1999.

Mobilisations partout pour dénoncer la pression US

Pour sa part, le comité de soutien de Georges Ibrahim Abdallah prévoit des mobilisations pour dénoncer la «pression américaine», a indiqué à l'AFP l'un de ses membres, Alain Pojolat.

Au Liban, un sit-in est organisé lundi en début d’après-midi devant les locaux de l’ambassade de France à Beyrouth, pour protester contre la décision flagrante du TAP.
Les manifestants scandent des slogans anti-France et anti-Amérique.

Dans un entretien avec la chaîne libanaise al-Jadeed, Joseph Abdallah, le frère du militant libanais, a accusé les autorités françaises de «céder» aux pressions américaines. Il a également souligné que la décision de reporter la libération de son frère «n'a aucune base légale».
Joseph Abdallah a par ailleurs critiqué «la passivité» du gouvernement libanais vis-à-vis de cette affaire, et a souligné qu’«il y aura d’autres sit-in devant le Palais présidentiel».

Pas de convocation de l'ambassadeur français au Liban

Par ailleurs, le ministre libanais des Affaires Étrangères Adnan Mansour a rejeté dans un entretien à la radio toute nouvelle parlant de l'intention du gouvernement libanais de convoquer l'ambassadeur français au Liban.
«On attend les informations officielles en provenance de l'ambassade du Liban à Paris pour prendre la position appropriée», a-t-il ajouté.
Vendredi, le ministre avait déclaré à la presse que «la libération de Georges Ibrahim Abdallah est accueillie favorablement au Liban, tant au niveau officiel que populaire, d'autant qu'il a accompli sa peine et même plus que sa peine».

Washington, au contraire, avait réitéré le même jour son opposition à sa sortie de prison soulignant qu'il n'avait «jamais exprimé de remords pour ses meurtres».
«Nous sommes déçus par la décision de la cour (d'appel) française de remettre en liberté M. Abdallah. Nous nous sommes constamment opposés à sa sortie de prison», avait fustigé la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland.
Les Etats-Unis ont déclaré maintes fois leur opposition à la libération de Georges Ibrahim Abdallah.

En Avril dernier, le magazine français La Marianne avait dévoilé citant une source du département d’Etat américain, que le président américain Barack Obama «s’oppose fermement à la libération de Georges Ibrahim Abdallah, et qu’il a récemment informé officiellement les autorités françaises de sa position».

Source :  Divers, traduit et édité par : moqawama.org