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Tollé, aux États-Unis, face à l’arrivée d’Al-Jazeera

Tollé, aux &Eacutetats-Unis, face à l’arrivée d’Al-Jazeera

"Le gourou du réchauffement climatique Al Gore devient un riche hypocrite, avec la vente de Current TV au Qatar Inc."

AlJazeeraAl-Jazeera a signé, le 3 janvier, le rachat de Current TV à l'ex-vice-Président démocrate Al Gore, mais l'entrée sur le marché américain de la chaîne arabe, qualifiée de «terroriste», par certains conservateurs, suscite un tollé, aux États-Unis.

«Le gourou du réchauffement climatique Al Gore devient un riche hypocrite, avec la vente de Current TV au Qatar Inc.», a réagi la chaîne Fox News. «Bravo à M. Gore, qui réussit à faire de l'argent? grâce au pétrole? quand son secteur anti-pétrole est en train de couler», écrit le "Wall Street Journal". L'émir du Qatar, pays qui tire l'essentiel de ses revenus de l'industrie pétrolière, finance Al-Jazeera. Et Al Gore, qui avait reçu le prix Nobel, en 2007, pour son activisme sur le changement climatique, a fait fortune, dans les énergies alternatives.

 

Opposition de Warner Cable

Le rachat estimé à 500 millions de dollars permettra à Al-Jazeera d'être accessible à 40 millions de foyers, contre quelques millions, seulement, actuellement, pour Al-Jazeera en anglais, laquelle est diffusée, dans une poignée de villes américaines, sur le câble. Le candidat malheureux à la présidentielle de 2000 contre George W. Bush devrait réaliser un profit de 70 à 100 millions de dollars, sur cette opération. Il avait créé Current TV, il y a sept ans, mais la petite chaîne libérale n'a jamais trouvé sa place, face à la concurrence.

La suspicion envers Al-Jazeera remonte, au début des années 2000, quand l'Administration Bush attaquait la chaîne, pour sa couverture d'Oussama Ben Laden. Al-Jazeera en arabe est accusée de couverture partisane de la révolte, à Bahreïn, et son commentateur vedette, Yousouf al-Qaradawi, y est connu, pour ses prises de position radicales, sur Israël. Mais Al-Jazeera en anglais a reçu, en 2012, le prestigieux prix ­Peabody Award, pour sa couverture du "printemps arabe".

Si le commentateur et animateur radio influent de la droite conservatrice, Rush Limbaugh, prédit, déjà, l'arrivée de présentatrices voilées, sur la nouvelle chaîne (inexistantes, sur l'actuelle Al-Jazeera), Al Gore, lui, espère donner «une voix à ceux qu'on n'entend pas habituellement», aux États-Unis, et revendique «la diversité des points de vue".

Pour le spécialiste média du "New York Times", Ben Stein, l'acceptation d'Al-Jazeera, par le public américain, prendra du temps. Le groupe Time Warner Cable avait lâché Current TV, le jour même de l'annonce du rachat par Al-Jazeera, tout en réfutant une motivation politique. Depuis, il a laissé la porte ouverte à un possible accord avec la nouvelle chaîne, qui pourrait s'appeler Al-Jazeera America.

Les concurrents Dish, DirectTV, Comcast, ATT et Verizon ont accepté de la diffuser, sur leurs réseaux. L'accès direct sur Internet devrait encore accroître sa visibilité. Mais la concurrence reste difficile, sur le marché télé américain, dominé par CNN et Fox sur le câble et les grands réseaux, comme NBC, ABC et CBS. Des chaînes, ­comme la BBC, France 24 ou Russia Today sont, à peine, visibles, aux États-Unis.

 

LeFigaro.fr