La France renforce son dispositif militaire au Mali. Envoi de soldats nigérians dans les 24 heures.
Les talibans afghans ont condamné mardi l'intervention "désastreuse" de l'armée française au Mali, regrettant que la France abandonne la posture "anti-guerre" qui lui a fait retirer ses troupes de combat d'Afghanistan et n'ait donc pas tiré les leçons de ce conflit.
"Toutes les grandes puissances du monde devraient tirer des leçons de la politique américaine ratée d'interventions en Afghanistan et en Irak", a affirmé le porte-parole des rebelles afghans, Zabiullah Mudjahid, dans un communiqué.
"Quand la France a commencé à se retirer récemment d'Afghanistan, il semblait que le gouvernement français étendrait sa position anti-guerre à d'autres régions du monde. Mais il a brisé son engagement de paix en envahissant illégalement le territoire malien avec son armée", a-t-il poursuivi.
Les talibans "condamnent cette attaque française sur une nation musulmane" et demandent à "tous les pays du monde, gouvernements et organisations", de "remplir leur rôle" et d'"arrêter de telles transgressions", "afin que les musulmans du Mali puissent résoudre eux-mêmes leurs problèmes".
"De telles interventions et attaques ne sont pas seulement désastreuses pour le Mali mais aussi pour la France", ont-ils averti.
La France renforce son dispositif
Sur le terrain, les forces françaises ont bombardé mardi matin la localité de Diabali, dans l'ouest du Mali, prise la veille par les combattants islamistes, tandis que la France annonçait le déploiement à terme de 2.500 soldats dans le cadre de son offensive pour chasser les combattants du pays.
Le président François Hollande en visite à Abou Dhabi a déclaré que le nombre de militaires français engagés dans l'opération au Mali, où de nouvelles frappes dans la nuit ont "atteint leur objectif", était désormais de 750 et que leur nombre allait continuer à augmenter.
On précisait au ministère français de la Défense que Paris allait déployer "progressivement" 2.500 soldats pour lutter contre les groupes islamistes qui occupent le nord du Mali depuis neuf mois.
Une colonne d'une quarantaine de véhicules blindés français venus de Côte d'Ivoire est arrivée dans la nuit de lundi à mardi à Bamako, a indiqué à l'AFP le conseiller médias du détachement français dans la capitale malienne.
Selon lui, ces engins vont dans un premier temps y être cantonnés avant d'être engagés dans les combats qui opposent depuis vendredi des soldats français des forces spéciales, des hélicoptères et des avions français, aux combattants islamistes.
Réunion des chefs d'état-major ouest-africains
Entre-temps, les chefs d'état-major des armées ouest-africaines se sont réunis mardi à Bamako pour préparer l'envoi d'une force de quelque 3.000 hommes.
La Communauté économique des états de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) doit former une force d'intervention de 3.300 soldats contre les combattants, conformément à une résolution de l'ONU qui a approuvé la création de cette unité, la Misma (Force internationale de soutien au Mali), avec un soutien logistique occidental.
La Misma sera dirigée par un général nigérian, Shehu Abdulkadir. Les premières troupes, envoyées par le Nigeria, seront au Mali "dans les prochaines 24 heures", a annoncé mardi le porte-parole des armées nigérianes.
Le Nigeria doit fournir 900 hommes, soit 300 de plus que prévu initialement. Le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal ont également annoncé l'envoi chacun d'environ 500 hommes, le Bénin 300, la Guinée et le Ghana environ 120 chacun.
Selon le président nigérien Mahamadou Issoufou, 500 soldats maliens qui s'étaient repliés avec le colonel Alhaji Ag Gamou en 2012 au Niger face à l'avancée des islamistes pourraient reprendre le combat contre eux.
Soutien Onusien
Au niveau international, la France a obtenu lundi soir la "compréhension et le soutien" des 14 membres du Conseil de sécurité à New York, selon l'ambassadeur français Gérard Araud.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a également exprimé son soutien à l'opération française, tout en soulignant la nécessité d'une réconciliation politique dans le pays.
Le secrétaire général de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) Ekmeleddin Ihsanoglu a appelé de son côté mardi à un "cessez-le-feu immédiat" au Mali, membre de l'organisation, et à un retour aux négociations entre Bamako et les islamistes sous le parrainage du Burkina Faso.