"Je ne suis pas le capitaine qui saute du navire qui coule", a dit Assad à Brahimi. Obama perd patience, les insurgés sont en perte de popularité, la révolution mange ses enfants, une explosion meurtrière à Alep...
Au cas où le président syrien Bachar al-Assad est tué, tous les intérêts américains et israéliens dans la région seront pris pour cible.
C’est le Président syrien en personne qui aurait recommandé ceci aux commandants de l'armée syrienne régulière, selon le site algérien Al-Chorough online, qui cite des sources proches du gouvernement syrien.
Selon les hauts commandants de l'armée syrienne, cette demande est intervenue au lendemain du discours d'Assad à la nation et dans le cadre d'une série de réunions sécuritaires au cours desquelles ils ont rassuré Assad qu’aucune grande offensive n’est prévue contre le sol syrien. En revanche, « les pays hostiles tenteront de vous tuer", l’ont-ils averti, « en dirigeant des missiles,..., contre les zones sensibles, dont le palais présidentiel ou d'autres endroits où le président se trouve".
Ce à quoi le numéro un syrien a répliqué en leur recommandant de frapper les "intérêts des Etats Unis et d'Israël, en Mer Rouge et en Méditerranée ". "C'est le trafic aérien, au-dessus de la Méditerranée qui serait, ainsi, mis en danger", ajoutent ces sources.
La tête de Bachar pour 1 million
Depuis ce mardi, la tête du président syrien est mise à prix, en échange d’un million de dollars. C’est l’opposant syrien Haytham al-Maleh qui a formulé cette suggestion. Maleh commentait une rumeur véhiculée par le journal saoudien al-Watan , selon lequel le président syrien se trouve à bord d’un bateau russe, sous la protection de Moscou et qu’il se déplace via un hélicoptère. « Les Russe ne pourront protéger indéfiniment Assad même en mer », a-t-il lancé.
Assad a le droit de se présenter candidat en 2014
Justement et concernant toujours le president syrien, le vice-ministre des affaires étrangères syrien Jihad Moqdad a laissé entendre qu’il a légitimement le droit de se présenter pour un nouveau mandat à la présidentielle de 2014 dans le cadre d'élections pluralistes.
« La différence c'est que maintenant le président et les autres candidats devront aller vers le peuple, présenter leurs programmes et être élus par le peuple », a-t-il expliqué dans un entretien à la BBC.
Pour M. Moqdad, "cela ne fait pas deux ou quatre ans, mais dix ou vingt ans que certains cercles veulent changer la direction de la Syrie pour des objectifs politiques bien connus. Cela ne se produira pas", a-t-il ajouté.
"Maintenant, nous disons que nous devons aller nous présenter devant le peuple syrien conformément à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui stipule que le processus politique doit se dérouler au sein du peuple syrien et doit être mené par les Syriens, alors pourquoi faut-il exclure X ou Y du processus démocratique", lance ce haut responsable du ministère.
Selon lui, exclure qui que ce soit, "ce n'est pas de la démocratie mais de la pseudo-démocratie".
Je ne suis pas le capitaine qui saute du navire qui coule
Le chef de l'Etat se montre intraitable sur cette question et l'émissaire international Lakhdar Brahimi l'a appris à ses dépens. Le journal al-Watan, proche du pouvoir, rapportait dans son édition de dimanche que Bachar al-Assad avait mis fin à la discussion lors de leur rencontre à Damas fin décembre, lorsque le médiateur "a osé s'enquérir de la question des candidatures lors des présidentielles" en 2014.
Selon plusieurs sources, il poserait comme condition sine qua non à toute transition la possibilité pour lui d'être candidat à sa propre succession.
Al-Watan rapporte encore qu'au cours de cette rencontre, M. Assad a assuré ne pas être "le capitaine qui saute du navire qui coule".
Obama perd patience
Ceci dit, le journal "Al-Chark al-Jadid", (Le nouvel orient) a rapporté que le président américain Barak Obama aurait avisé à Al-Qaïda et à l'ASL qu'ils ne disposent que de trois mois pour s'emparer de la Syrie et provoquer la chute du régime Assad, sous peine de quoi ils auraient à négocier une trêve avec la Russie.
Toujours, selon le journal, la Turquie, l'Arabie saoudite, le Qatar et les Frères musulmans ont demandé aux Etats-Unis de prolonger ce délai jusqu'au mois de juin, sans obtenir de réponse des Etats-Unis.
Le chaos dans la province d’Alep
Il faut dire que les rapports d’intelligence reçu par le secrétariat d’Etat américain deviennent de plus en plus pessimistes. L’un d’entre eux envoyé la semaine passée conclut d’une aggravation des risques de chaos dans les régions qui s’étendent d’Alep jusqu’à la frontière turque.
Le rapport publié par le Washington Post a dressé un portrait très sombre des miliciens de cette région, et évoqué l’avidité des trafiquants d’armes et des princes de guerre qui n’ont de cure que de récolter de l’argent.
« Des centaines de groupuscules armés formé de 1 à 20 miliciens grouillent dans les différentes régions d’Alep. L’ASL s’est transformée en une multitude de groupuscules insurgés sans aucune organisation, infiltrés par des éléments criminels », indique le rapport qui regrette l’échec de tous les efforts déployés dans le cadre des conseils militaires, alors que ce sont les princes de guerre qui se trouvent sur le terrain.
Le rapport révèle aussi que les exactions et violations commises par les miliciens sont devenues monnaie courante, surtout contre les civils dont « les actions de pillage des usines publics et privés, des dépôts et greniers, des maisons et des voitures, dont la mise à sac de la société de pétrole syrien et de ses dépôts, et la vente des céréales en Turquie, ce qui a aggrave la situation des citoyens ».
Il en conclut néanmoins que cette situation est à l’avantage de la popularité du front al-Nosra d’Al-Qaïda qui refuse d’après lui de se mêler aux actes de pillage, et qui se présente de plus en plus comme étant « le sauveur du peuple ». Selon le journaliste du quotidien américain, David Ignasius, ce comportement s’apparente à celui des Talibans en Afghanistan.
C’est pour cela qu’Assad est confiant
Sinon, la popularité des autres insurgés est en forte érosion, notamment à Homs, où ils sont de plus en plus assiégés dans quelques quartiers.
Un des activistes de la ville de Hama, Moussab al-Hamadi connu sous le pseudonyme Mousaab al-Hamoui assure que « le président al-Assad est confiant parce qu’il sait que nous sommes en train de perdre sur le terrain de point de vue popularité, et il s’est avéré que l’ASL n’est pas capable de protéger les civils et de libérer le pays sans provoquer la mort et les destructions ».
La "révolution" mange ses enfants
Justement, et comme pour certifier ces stigmatisations, ces propos et d’autres publiés dans le journal syrien « Tlana al-Hourriyat » ont valu à Hamoui d’être arrêté par le comité de sécurité de l’insurrection.
Le fait qu’il soit membre du comité de coordination locale à Hama, et de l’Union des révolutionnaires de Hama, et animateur d’un programme à la radio Majed, ne lui a pas épargné ce sort. Ces derniers temps, il ne cessait d’asséner les insurgés de critiques acerbes, stigmatisant en particulier « les relations d’humiliation et de soumission qui règnent entre les révolutionnaires et leurs commandants ».
« Si un commandant ordonne à un révolutionnaire de tuer une personne innocente, il le fera sans hésiter », a déploré Hamadi. Il a même fustigé le comité sécuritaire (qui l’a arrêté ultérieurement), estimant qu’il a été « un désastre » pour la vie des gens en raison des comportements de ses éléments qui selon lui « rivalisent dans leur corruption avec les voyous du régime ». Il les a accusés entre autre de voler l’essence et le mazout des stations d’essence et de les revendre à des prix exorbitants aux habitants et leur a reproché aussi d’imposer aux habitants de payer des tributs et d’insulter les gens notables de la ville pour des raisons anodines.
Selon des témoins, rapporte le site Arabs-Press, l’activiste Hamadi a été roué de coups et insulté par les éléments du comité, avant d’être enlevé.
Explosion à l’université
Et pour certifier aussi les propos de Hamadi sur la mort et les destructions semées par les insurgés, la ville d’Alep avait un nouveau rendez-vous. Dans son université située à l’ouest, une forte explosion a eu lieu dans la faculté d’informatique, tuant et blessant des dizaines d’étudiants.
Alors que l’OSDH, instance de l’opposition siégeant à Londres et chargée de distribuer les bilans non vérifiables de l’insurrection a fait part d’une quinzaine de tués au moins et de dizaines d’autres blessés, le site Syria Truth évoque la mort de 20 personnes, et indique que plus de 70 ont blessés dont de nombreux dans un état grave. Précisant que ce sont en général des étudiants qui effectuaient leurs examens et des syriens déplacés qui se sont réfugiés dans un dortoir pour étudiants.
L’origine de l’explosion est toujours incertaine.
Selon l’agence Info d’Asie, 2 obus de mortiers se sont abattus sur l’enceinte universitaire en provenance des régions occupées par le front al-Nosra d’Al-Qaïda.
L’AFP rapporte la version de militants anti-régime qui affirment qu'il s'agit d'un bombardement aérien, et celle d'une source militaire qui assure qu'il s'agit d'un missile sol-air tiré par les rebelles qui raté sa cible et est tombé sur le campus. El celle d'autres sources qui font état d'une voiture piégée. Syria Truth penche plus pour cette dernière explication, au motif que les petits résidus d’une voiture se sont éparpillés dans toutes directions. De plus, le cratère cause par la déflagration ne rend compte d’aucun missile aérien.
L’AFP signale que l’université est située dans un secteur contrôlé par l'armée loyaliste et précisé que l'explosion a endommagé la faculté des Beaux-Arts et celle de l'Architecture, ont indiqué des étudiants sur place. En dépit des combats, l'université d'Alep a ouvert ses portes à la mi-octobre.
Selon Infos-Asie, en se rendant à l’hôpital, les parents et proches des victimes ont manifesté scandant des slogans hostiles à l’ASL et au front al-Nosra.
Iraniens kidnappés
A Damas, signale l’agence Info-Asie, deux Iraniens ont été enlevés dans la zone industrielle avoisinante de la rue menant Damas à Deraa. Un père de 50 ans et son jeune fils étaient de retour de leur usine de plastique vers leur demeure située dans la région de Geramana lorsqu’ils ont disparu.
Un religieux jordanien tué
A Deraa, au sud de la Syrie, c’est le responsable du courant salafiste djihadiste en Jordanie et connu comme étant le responsable religieux du Front al-Nosra du pays du Levant qui a été tué.
Selon un responsable du courant ayant requis l’anonymat, le jordanien Riad Hdeib, connu sous le pseudonyme Amou Hamzé a été tué dans un bombardement aérien contre un rassemblement de miliciens de la Jabhat al-Nosra, dans la région Tafas, à proximité de Deraa. Hdeib avait quitté la Jordanie depuis 7 mois pour rejoindre les rangs du front. Il fait partie de « 300 autres jordaniens qui se sont rendus en Syrie, pour combattre le régime alaouite », selon ce responsable.
Et un chef de milice aussi
Par ailleurs, le chef de terrain de la milice Brigade de l’Islam, Abdallah Mohammad al-Hamed a été tué lundi durant des combats avec les forces gouvernementales dans l’entourage de l’Administration de défense aérienne, entre Mliha et Germana, au sud-est de la capitale.
Selon le site Syria Truth, cette milice dirigée par Zahrane Allouche est financée par le Qatar et la famille libano-saoudienne des Hariri. Il avait rejoint les rangs du rassemblement des partisans de l’Islam dans la province de Damas, l’été dernier, à la demande des services de renseignements qataris qui ont unifié 6 groupuscules, avec pour objectif de « créer un Etat islamique et mettre en pratique la charia».
143 miliciens tués
A Lattaquié, plus de 143 miliciens ont péri, rapporte le site syrien Al-Yater selon lequel 61 miliciens appartiennent à la milice Ahrar al-Jabal (Les libres de la montagne), 43 font partie de la milice Joundoullah (Soldats de Dieu) , 24 autres sont des membres du groupuscule Les Martyrs du littoral, et les 15 derniers appartiennent à Ahrar Jablé (les libres de Jablé). Selon le site, ils ont été abattus dans un bombardement de l’artillerie de l’armée régulière contre la région de Salma, dans la province de Lattaquié.
Coupures d'électricité
La production électrique a baissé de près de moitié depuis le début du conflit en Syrie, en raison du manque de carburant pour alimenter les centrales électriques, dû à l'insécurité qui rend aléatoire le transport de gaz et de fioul, a affirmé mardi la presse officielle.
"Environ 3.000 mégawatts ne peuvent être produits en raison d'un manque de fioul et de gaz nécessaires au fonctionnement des centrales électriques. La production n'atteint donc que 5.500 megawatts, alors que la demande s'élève à 9.500 megawatts", affirme le quotidien officiel Techrine.
Depuis près d'un an, les trains ne transportent plus ces matières de leur lieu de production vers les centrales, à cause de l'insécurité qui prévaut dans le pays, explique le journal. des dizaines d’entre eux ont été attaqu13s par les insurgés.
Par ailleurs, la consommation d'électricité a augmenté de plus de 45% en comparaison avec l'an dernier, notamment dans le gouvernorat de Damas. Le ministre de l'Electricité Imad Khamis a justifié cette hausse par les dures conditions climatiques, dans des déclarations publiées par le quotidien as-Saoura.
M. Khamis a également évoqué des "actes de sabotage commis par les groupes terroristes armés, qui sont la principale cause des milliers de pannes affectant les câbles".
La demande grandissante en électricité est imputable également au fait que beaucoup de Syriens se chauffent désormais à l'électricité, le prix du litre de mazout étant passé de 20 livres syriennes à plus de 100 SYP à Damas, et ayant décuplé dans d'autres régions de Syrie.
Actuellement, les Syriens font face à de longues heures de coupure de courant chaque jour: six heures à Damas et plus de neuf en banlieue.
Les coupures d'électricité se sont multipliées au fur et à mesure de l'intensification du conflit qui a débuté en mars 2011 par une révolte populaire réprimée dans le sang. Certaines centrales ont été partiellement endommagées par les combats.