Le ministre des Finances Youval Steinitz évoqué des coupes budgétaires de 14 milliards de shekels (2,8 milliards d’euros).
L'économie, considérée comme le point fort de Benjamin Netanyahu, prend en fin de campagne électorale des allures de handicap pour le Premier ministre sortant qui, s'il est réélu comme le prévoient les sondages, va être rapidement confronté à un "mur budgétaire".
L'annonce dimanche d'un déficit de 4,2% pour 2012, plus du double des prévisions du gouvernement, a fait l'effet d'une bombe dans une campagne jusque là plutôt morne. Le chiffre de 39 milliards de shekels (7,8 milliards d'euros), le montant du déficit, s'est étalé à la une des médias.
Ce dérapage, de l'avis général, va contraindre le prochain gouvernement à imposer une sévère cure d'austérité sous forme de coupes budgétaires et d'un nouveau tour de vis fiscal.
"Netanyahu a avancé l'an dernier de neuf mois la date des élections en expliquant qu'il ne pouvait pas faire passer ce genre de mesures impopulaires avec sa majorité", rappelle Hanan Crystal, commentateur politique de la radio publique.
"Le gouvernement a eu tendance à dissimuler l'ampleur du déficit et le fait que nous sommes engagés sur une mauvaise pente", ajoute Danny Catarivas, le directeur des relations internationales de l'Association des industriels israéliens.
Pour Benjamin Netanyahu, qui présentait volontiers « Israël » comme un "îlot de prospérité" épargné par la crise sociale qui sévit en Grèce et en Espagne, le coup a été dur.
Une grande partie de sa stratégie électorale consistait à miser sur la bonne santé de l'économie, avec une croissance de 3,3% en 2012, un taux de chômage sous les 7% et une inflation annuelle de 1,6%, ce qui a permis aux Israéliens de passer sans encombre au travers des crises des subprimes de 2008 et de la zone euro.
Ras-le-bol des classes moyennes
Sur la défensive, Bibi Netanyahu tente de rassurer. "Je ne pense pas que nous aurons besoin d'augmenter les impôts", a-t-il assuré mais sans convaincre la plupart des commentateurs.
L'été dernier, les Israéliens avaient eu un avant-goût de ce qui les attendait avec un point de plus du taux de la TVA, à 17%, et une hausse de 1% de l'impôt pour les contribuables dont le revenu mensuel dépasse 14.000 shekels (2.800 euros).
Mais ce premier train de mesures a été insuffisant. Le ministre des Finances Youval Steinitz a évoqué des coupes budgétaires de 14 milliards de shekels (2,8 milliards d'euros). Le gouverneur de la Banque d' « Israël » Stanley Fischer a pour sa part affirmé "préférer une augmentations des impôts".
Une des grandes inconnues portera sur l'énorme budget de la « Défense » qui absorbe à lui seul 17% des dépenses.
Durant les quatre années de mandat de Netanyahu, les crédits militaires ont bondi de 20% à 60 milliards de shekels (12,1 milliards EUR), le lobby militaire ayant systématiquement fait échouer les projets de réduction des dépenses prônée par le Trésor.
C'est d'ailleurs sur ce front qu'Ehud Olmert, l'ex-Premier ministre qui soutient l'opposition centriste, a accusé son successeur d'avoir "gaspillé" 12 milliards de shekels (2,4 milliards EUR) en deux ans pour financer les préparatifs d'une attaque contre les installations nucléaires iraniennes qui n'ont finalement pas eu lieu.
Shelly Yachimovich, la dirigeante du Parti travailliste (centre-gauche), espère malgré tout un sursaut en misant sur le "ras-le-bol" des classes moyennes qui étaient massivement descendues dans la rue durant l'été 2011 pour exiger la "justice sociale".
Selon Yachimovich, "Netanyahu nous prépare un chaos économique et un enfer social".