Le roi Abdallah a déclenché une série de nouvelles nominations , écartant tous les fils du roi défunt Fahd des postes-clés du royaume
Dans une manifestation rare en son genre, des dizaines de dignitaires religieux saoudiens ont protesté devant le Palais Royal pour dénoncer la décision du roi Abdullah bin Abdul Aziz d’avoir nommé des femmes au Conseil de la Choura. Signe du malaise croissant qui règne parmi les conservateurs salafistes envers les modestes réformes sociales du roi.
En effet, le roi Abdallah a nommé 30 femmes au Conseil de la Choura octroyant ainsi aux femmes un cinquième siège au sein du Conseil consultatif, une mesure qu’il avait promise en 2011.
Les 50 religieux qui s’étaient rassemblés en face du palais royal se sont vus interdire d’accès à l’intérieur du palais et ont dû attendre deux heures dehors avant que quelqu’un ne vienne à eux.
Selon un militant saoudien, cité par la chaîne satellitaire iranienne, Walid Abu al-Khair, les dignitaires religieux ont demandé un entretien avec le roi Abdallah et surtout avec l’un de ses principaux conseillers Khaled Tuwaijri pour leur offrir des «conseils» sur la manière dont il faut mener des réformes.
Selon des sources saoudiennes du palais royal, Tuwaijri est la main droite du roi Abdallah à la cour royale, il serait la force motrice derrière les modestes réformes dans le pays.
C'est la deuxième fois en deux jours, que les clercs -auteurs de fatwas d’interdiction de toute forme de protestation publique- expriment publiquement leur objection envers les mesures de réformes adoptées par le roi saoudien.
L'analyste politique saoudien Khaled al-Dakhil a souligné que « l'Arabie saoudite est aujourd'hui confrontée à un changement socio-politique où une nouvelle génération de salafistes proposent des positions différentes de l’école traditionnelle salafiste ».
Dans le même contexte, le roi Abdallah a déclenché une série de nouvelles nomination à travers laquelle il a privilégie les fils de la deuxième génération de la famille royale des alSaoud .
Ainsi il a nommé le prince Saoud bin Nayef à la place du prince Mohammed bin Fahd dans la région de Charqieh. Aussi, il a nommé le prince Faysal bin Salman, le fils du monarque actuel et le directeur du groupe de recherches et de publications à Médine, à la place du prince Abdul Aziz bin Majed bin Abdul Aziz.
Selon les observateurs l'exclusion du prince Mohammed bin Fahd de l'Emirat de Charqiah survient suite à des critiques concernant sa gestion des protestations populaires chiites.
Ces mêmes sources ajoutent que « le roi Abdallah cherche à travers ces nouvelles nominations à stopper le vieillissement de la cour royale en y injectant du sang neuf et en nommant des jeunes à des postes de direction dans le royaume ».
Or, si le prince Mohammed bin Fahd n’est pas renommé à un poste-clé, cela signifie que tous les fils du défunt roi Fahd ont été ainsi complètement exclus des postes importants à la cour royale.
Selon des militants de la région Charqiah, cités par le site internet alQods alArabi, « il n'est pas encore clair si de telles nominations auront une incidence sur la politique dans la région, fondée essentiellement sur l'industrie pétrolière en Arabie Saoudite ».
A ce titre, un chef chiite en Arabie Saoudite, Tawfic Sayf a déclaré en allusion à la ville de Qatif, où la plupart des manifestations chiites sont organisées : «Certes il y a de grands changements mais pour autant que je sache, elles concernent les hautes sphères de l'Etat, alors que le Qatif est le plus souvent affecté par des questions sécuritaires ».