Fiasco des miliciens à Souwayda. Marchandises israéliennes via la Turquie à Alep. Le carnage d’Alep : les circonstances suspectes de l’attentat et la méthode du Front al-Nosra.
« Nous commençons à réaliser la victoire, je suis sûr que nous allons triompher à la fin, je suis très optimiste », c’est ce que le vice-ministre syrien des affaires étrangères Fayçal Mokdad a assuré dans un entretien pour la chaine américaine CNN.
Selon lui, les forces syriennes n’ont pas perdu le contrôle des régions du nord et de l’est de la Syrie assurant qu’elles peuvent s’y rendre quand elles le veulent pour les restituer.
« Je teins ma confiance en la situation du président Bachar al-Assad qui est optimiste et positif tout le temps », a-t-il ajouté.
Souwayda : le fiasco des miliciens
Nouveau fiasco pour les miliciens à Souwayda, le deuxième en moins de deux mois, des dizaines de miliciens ont été tués par les comités populaires et les militaires gouvernementaux.
Selon le site Arabs-Press, à la demande du chef de milice de la région de Zahr-el-Jabal, le caporal qui a fait défection de l’armée régulière et le commandant réel du Conseil militaire révolutionnaire Khladoune Zeineddine, ils s’étaient rendus en provenance des villages situés à la frontière entre le gouvernorat de Deraa et celui de Souwayda, dans le but d’alléger le blocus imposé par les Comités populaires et les forces gouvernementales dans cette région ainsi qu’à Bassar- al-Harir.
De retour, ils sont tombés dans une embuscade et ont tous été tués.
Le conseil a publié un communiqué pour rendre hommage à ses tués, sans les identifier. Selon des sources informées, citées par Arabs-Press, plusieurs tués ont succombé, dont Khaldoune Zeineddine lui-même.
Les miliciens du front al-Nosra ont été les premiers à attaquer les régions de Souwayda, à partir de Deraa, en lançant deux attaques contre le barrage al-Mjaymer, et la localité de Sami. Le résultat a été la mort de leur chef et l’arrestation de ses hommes. En riposte, le front al-Nosra a kidnappé 17 civils de la région et refuse depuis toutes les médiations pour les relâcher.
Alep : des marchandises israéliennes via la Turquie
A Alep, le préfet Mohammad Wahid Akkad a mis en garde les Aleppins contre la présence de produits israéliens dans les marchés aleppins. Selon lui, ces marchandises transitent par la Turquie, grâce aux bandes qui profitent des circonstances actuelles dans les passages frontaliers.
Akkad a assuré que le trafic des marchandises israéliennes est un indice de plus que « cette sale guerre vise la Syrie de la résistance ».
Université d’Alep : le carnage
Toujours à Alep, l’explosion à l’université d’Alep fait toujours parler d’elle. Surtout que le bilan des tues a été revu à la hausse. Alors qu’il était question de 20 tués mardi soir, ce mercredi, plus de 87 tués ont été recensés et 160 autres sont blessés. Le bilan n’est toujours pas final. De nombreux blessés sont dans un état grave
Selon le correspondant du site aleppin Tahtel-mijhar qui s’est rendu sur place après l’explosion, la scène à proximité de la faculté d’informatique présentait mardi une scène désolante : certains cadavres étaient coupés en deux, d’aucuns avaient perdu leur membres. Les arbres ont été déracinés, et les remparts en fer de l’université arrachés. De nombreuses voitures ont été brulées ou détruites.
Directement après l’explosion, des centaines de personnes ont accouru sur le lieu, entravant parfois l’accès des ambulances.
Les causes et les versions
Jusqu’à présent, les causes de l’explosion ne sont pas élucidées. Une seule chose est sûre est que ce sont deux projectiles qui se sont abattus sur le lieu du drame. Alors que la version des voitures piégées ne peut non plus être écartée.
Sana a fait part de deux obus de mortiers, ce que conteste certains observateurs, au motif que les obus ne sont pas aussi meurtriers.
Une autre version soutient qu’il s’agit de deux missiles.
Des sources de l’insurrection accusent des avions de l’armée régulière d’avoir lâché un missile air-sol sur l’université, sachant qu’un appareil de combat survolait l’enceinte universitaire lors de la première explosion.
Or, assure le correspondant du site qui s’est rendu sur place, citant un témoin oculaire, lorsque le deuxième projectile s’y est abattu, 6 minutes après le premier, il n’y avait aucun appareil dans le ciel.
Une deuxième version accuse les milices qui se trouvent dans les entourages de l’université, mais soutient l’acte involontaire. Selon l’AFP, une source militaire dont la nature n’a pas été précisée si elle est irrégulière ou insurgée a assuré qu’un missile sol-air tiré par les insurgés et visant l’avion a raté sa cible et est tombé sur le campus. La raison invoquée de ce ratage serait que l’avion a lancé des ballons à chaleur pour leur changer leur direction vers l’université.
Des circonstances suspectes : la manière du front al-Nosra
Pour le correspondant du site, cette version qui soupçonne un acte involontaire de la part des miliciens n' aucunne crédibilité.
D’après lui, vu la rapidité avec laquelle la rumeur accusant le régime s’est faite, il ne peut qu'y avoir un acte préparé à l'avance. Le journaliste syrien défend le scénario selon lequel les tirs étaient bel et bien prémédités, simultanément avec le survol des avions de l’armée de l’air régulière, pour paraitre plus crédible en accusant le régime.
D’après lui, le timing non plus n’est pas du tout anodin : le premier jour des examens, lorsque la majeure partie des étudiants sont présents. Le but étant de causer le plus de victimes possibles. La manière aussi renvoie à cet objectif et rappelle les méthodes d’action du front al-Nosra d’Al-Qaïda, basées sur le double attentat .
La finalité étant également double : choquer l’opinion publique pour mieux la monter contre le gouvernement, tout en remédiant à la chute vertigineuse de la popularité des miliciens dans ce gouvernorat et ailleurs.
Carnage d’Alep : des chiffres et des noms
Le site Tahtel-mijhar a aussi diffusé les noms et les photos de certaines des victimes publiés sur Facebook et livré quelques détails pour certains: Rayane al-Jisri, 18 ans, étudiante en première année de génie électrique ; l’architecte Sawsan Hakki, qui est la sœur du réalisateur Haytham Hakki et la mère du joueur de Basket-ball Firas Masri ; l’ingénieur civil Ahmad Haj-Assad, 60 ans, qui s’était rendu à la faculté d’architecture pour prendre son épouse.
Lorsque le premier missile s’est abattu, il a demandé à son épouse de rester dans la faculté et est sorti pour porter assistance aux victimes. Mais il a succombé au deuxième missile, alors que son épouse a été grièvement blesse.
Parmi les victimes figurent aussi bien des étudiants en architecture, ainsi que des syriens déplacés, venus des quartiers sinistres d’Alep, y compris Salaheddine et installés dans les dortoirs.
Condamnations russe, iranienne et chinoise !
Ce mercredi, la Russie a vivement condamné l’attentat, appelant la Communauté internationale à prendre une position contre le terrorisme.
« Ces attaques perpétrées par les terroristes interviennent au moment où la plupart des régions d'Alep commencent progressivement à se retourner à la vie normale, ce qui démontre que ce qui s'est produit à Alep est une provocation sanguinaire flagrante et une vengeance pour les grandes pertes qu'avaient subi les groupes terroristes dans leur affrontement de l'armée syrienne », est-il écrit dans le communique du ministère russe des affaires étrangères.
L’Iran également, par la voix du porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, a condamné vivement l'attentat : « de telles attaques terroristes reflètent la faiblesse et la déception des groupes terroristes face à la fermeté et à la résolution du peuple syrien », a dit Mehmanparast.
Il a réitéré la position de l'Iran appelant à une solution politique de la crise en Syrie, appelant les organisations et les milieux scientifiques et académiques internationaux à condamner de tels actes terroristes et à ne pas permettre aux terroristes de viser la stabilité du peuple syrien. Il a exprimé, enfin, sa sympathie avec les familles des victimes innocentes et espéré la prompte guérison aux blessés.
La Chine aussi a aussi exprimé sa condamnation, veillant à « dénoncer tous les actes de violence » et fait part de sa profonde tristesse du grand nombre de victimes. « La Chine exhorte de nouveau le gouvernement syrien et l’opposition à mettre fin immédiatement à la violence, à protéger les civils et à adopter le communiqué de Genève », a indiqué le porte-parole du ministère des affaires étrangères Hong Lee.
La guerre par attentats
Face aux échecs survenus sur plusieurs fronts syriens, et à la perte de leurs hommes, les milices en Syrie procèdent par attentats.
Deux attentats suicide à la voiture piégée ont causé mercredi la mort de 22 personnes à Idleb, une ville du nord-ouest de la Syrie tenue par les forces gouvernementales, a indiqué l'agence officielle Sana.
"Des terroristes en mission suicide ont fait exploser deux voitures piégées dans la ville d'Idleb (...) Selon une source au gouvernorat, le premier véhicule a explosé au rond-point Zeraa et le second au carrefour Motlaq, tuant 22 citoyens et faisant 3O blessés", a expliqué l'agence.
Sana a ajouté que deux autres voitures piégées, conduites également par des kamikazes, avaient "été détruites sur la route reliant Idleb à Mastoumé, avant qu'elles ne tuent des citoyens et des forces du régime".
Pour sa part, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), instance de l’opposition siégeant à Londres et recensant des chiffres non vérifiables du conflit armé en Syrie, a indiqué que 24 personnes avaient été tuées, en majorité des soldats, dans l'explosion de trois voitures piégées conduites par des kamikazes, qui visaient des véhicules militaires près du siège des services de la sécurité politique, au carrefour Motlaq, à Idleb.
Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, "après la prise de la base de Taftanaz (le 11 janvier), Idleb est désormais le prochain objectif des rebelles".
Terrain
A Alep, des accrochages ont eu lieu entre les forces gouvernementales et les milices insurgées dans le quartier Boustane el-Kasr.
A Lattaquié, les forces régulières se sont emparées de deux villages envahis par les insurgés et ont procédé à des perquisitions.
Dans la province de Damas, un dirigeant de la milice Rassemblement des partisans de l’islam financée par le Qatar, connu sous le pseudonyme Fajr Abou Chehab a succombé à ses blessures, dans des accrochages avec l’armée régulière dans la localité de Mliha.
A Deraa, un milicien de l’ASL, Imad Delaab a été tué dans la localité Gariyyé.
A Deir Ezzor, plusieurs miliciens ont été tués dans la province, dont le chef de la milice Mrayiyya.