29-11-2024 11:37 AM Jerusalem Timing

Carnage à l’université d’Alep : la plupart des témoins accusent les miliciens

Carnage à l’université d’Alep : la plupart des témoins accusent les miliciens

Washington rejette la rumeur des armes chimiques. Sur la toile, "tuer un alaouite pour 3 $". À Mliha, l’échec des miliciens. À Idleb, la colère monte contre les miliciens. À Deraa la plus grande saisie d’armes US.

L’attentat perpétré dans l’enceinte de l’université d’Alep et qui a tué plus de 85 personnes dont la plupart des étudiants fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux. Le thème central étant les causes réelles de l’explosion qui a couté la vie a plus de 87 personnes, des étudiants dans leur majeure partie, et présente une scène désolante.

Sur Facebook, Il y a ceux qui accusent le régime, assurant avoir vu l’avion de combat survoler l’université et larguer deux missiles ou deux tonneaux d’explosifs.
Et il y a ceux qui eux aussi ont dit avoir vu l’appareil, mais lequel a jeté trois ballons à chaleur, pour dérouter les missiles lancés contre lui.

Pour s’enquérir sur la vérité, le correspondant du journal libanais al-Akhbar s’est rendu sur place. Il assure que la plupart des témoignages penchent pour la seconde version. Et la plupart assurent aussi que deux explosions ont lieu dans l’intervalle de quelques minutes.

«  J’ai entendu un grondement dans le ciel, j’ai regardé et j’ai vu un avion lancer des ballons à chaleur puis s’éloigner. J’ai entendu après plusieurs minutes le détonement de la deuxième explosion », indique Noura, une étudiante à l’université.

Ahmad quant à lui rapporte une version contraire : «  j’ai vu un avion franchir le mur du son et bombarder l’université de deux missiles avant de lancer des ballons à chaleur pour induire les gens en erreur et faire croire que ce sont les missiles qui l’ont visé qui se sont abattus dans la faculté », estime Ahmad. Selon son camarade, ce bombardement a pour but de dissuader les étudiants d’organiser des manifestations dans l’enceinte de l’université, hostiles au pouvoir.

Communiqué de l’armée

Armée syrienne à Alep

 

Mercredi, le commandement général de l’armée et des forces armées syriennes a publié un communiqué dans lequel il précisé que « des terroristes ont lancé deux missiles sur l’université d’Alep à partir de la région de Layramoune dans une tentative désespérée de couvrir leur banqueroute,.., raison pour laquelle des unités de l’armée a violemment pilonné leurs regroupements leur infligeant de lourdes pertes ».

Dans le communiqué il est signalé que l’offensive contre l’université d’Alep n’est pas la première contre les institutions éducatives, signalant que « les criminels ont détruits plus que 2362 écoles, parfois sur la tête de leurs élèves et enseignants ».

Pas d’armement chimique

Victoria NolandPar ailleurs, les Etats Unis ont rejeté les informations propagées par les milieux des insurgés accusant les forces gouvernementales d’avoir utilisé des armements chimiques contre eux.

Cette position qui intervient un mois après la diffusion de cette rumeur a été exprimée par la porte-parole du secrétariat d’Etat pour les affaires étrangères, Victoria Nuland qui a dit que les Etats-Unis n’ont aucune raison de croire que le gouvernement de Bachar al-Assad a utilisé des armes chimiques : «  nous avons vérifié ces assertions qui ont été suscitées et les informations que nous avions reçues et nous n’avons trouvé aucune preuve qui vaille qui soutienne ou prouve ce recours », a-t-elle dit , signalant avoir obtenu cette information de la part du consulat de la Turquie.

Tuer un alaouite pour 3 $

Fayçal Awad Al-AnziSur les reseaux sociaux Facebook et Twiter, une campagne est lancée par la milice « Ansar Sham » (les partisans du Levant) en appelant à tuer les Alaouites en Syrie, communauté à laquelle appartient le président syrien Bachar al-Assad.
«  Tue un nassirien pour 3 dollars », est le slogan principal lancé sur les comptes. Il invite les internautes à payer cette somme, l’équivalent de 200 livres syriennes en échange de quoi  la milice s’engage à tuer un alaouite.
Selon Arabs-Press, cette campagne est supervisée par un religieux de nationalité koweitienne qui s’appelle Fayçal Awad Al-Anzi. Elle a été accueillie favorablement par  les moudjahidines   et par le front al-Nosra d’al-Qaida en particulier qui s’est empressé d’envoyer de l’argent.

L’un des Facebookeur qui s’appelle Omar Saleh a dit vouloir offrir 9 dollars et écrit : « Je suis pour le communautarisme, il faut tuer les Alaouites, violer leurs femmes, égorger leurs enfants et pilonner leurs villes et leurs villages. Je demande à Dieu Le Tout Puissant de nous faire voir ce jour pour réaliser sa Justice ».

Echec de l’ASL

L’ASL a essuyé un échec cuisant dans la localité de Mliha, au sud-est de Damas, et a dû opérer « un retrait tactique » selon ses termes.  Selon des sources médiatiques syriennes, rapportées par le site Arabs-Press, l’armée régulière est parvenue à avorter les tentatives des miliciens pendant une semaine pour investir la base de défense aérienne et a tué et blessé un grand nombre d’entre eux.

La colère monte contre les miliciens

Miliciens à IdlebDans le gouvernorat d’Idleb, le sentiment de mécontentement à l’encontre des miliciens s’exacerbe de jour en jour. Pourtant cette région a été au début de la crise un terrain propice à l’insurrection vu sa promiscuité de la Turquie. Or, les exactions commises par les milices ont eu raison de la sympathie des habitants qui ne cachent plus leur désarroi. La pire est « Bataillon des martyrs d’Idleb », dont les exactions et les nuisances atteignent les sympathisants de l’insurrection avant les autres.

«  Nous sommes descendus dans les rues pour nous insurger contre le régime injuste, et non pour le remplacer pour un autre qui est pire que lui. Deux années après la révolution, il s’est avéré que le remplaçant ne constitue que le prolongement du pouvoir des princes des rues », confie l’un de ces habitants qui a été un fervent opposant, sous couvert de l’anonymat. Et d’ajouter : «  le régime nous détenait, mais au moins nos parents savaient où nous trouver, alors qu’aujourd’hui, avec le pouvoir des miliciens, celui qui va en prison sera perdu, et celui qui  en sort, s’il en sort, c’est comme une nouvelle naissance ».

Cet habitant d’Idleb reproche aussi aux miliciens les verdicts de peine de mort prononcés arbitrairement par des tribunaux législatifs révolutionnaires.

Des militaires syriens enlevés chez les miliciens à IdlebParmi les autres exactions qu’il mentionne, figure la confiscation des maisons des sympathisants et le vol de leurs voitures. L’un des chefs de cette milice, Abou Hamdo s’est emparé de plusieurs maisons pour les louer ou les hypothéquer et a fait de même avec les voitures pour les  revendres.

Un autre responsable de la milice, surnommé Micho, qui était le bras droit de son commandant, tué depuis quelques mois, a décidé d’opérer  un changement radical. Il a coupé les arbres de l’institut agricole a volé ses microscopes électroniques pour les revendre. «  il s’est fait une fortune aux dépens de la révolution et s’est rendu en Turquie ou il mène un train de vue luxueux », poursuit l’habitant.
Le troisième de ces cas de corruption s’appelle Abou Rassoul, et est originaire de la ville d’Idleb. En plus des ordinateurs portables qu’il a volés et revendus, il a profité du besoin pressant des habitants du fuel durant la saison d’hiver pour voler la station d’essence de la localité de Harem pour le leur vendre à des prix exorbitants.

La plus grande saisie d’armements

Les armements saisis à DeraaL’armée syrienne a saisi la plus grande cargaison d’armement depuis l’éclatement de la crise. Selon le site Syria Truth, cette confiscation a eu lieu dans le gouvernorat de Deraa, situé aux confins avec la Jordanie. Les armements saisis sont tous de fabrication américaine et comprennent 50 mille lanceurs anti artillerie de type Lao, leurs projectiles ainsi qu’une artillerie de type Bazouka.

Quoique l’arsenal est américain, mais il se peut bien qu’il ait été  envoyé par Israël, soupçonne le rédacteur de Syria Truth, qui a constaté qu’une rencontre a réuni dans la capitale jordanienne des membres du  Mossad avec des membres du Conseil militaire révolutionnaire de Hourane en présence du représentant de la Tribune démocratique syrienne dirigée par l’opposant qui s’est réfugié en France Michel Kilo.
Voir les images des armes sur le lien suivant http://www.syriatruth.org/ÇáÃÎÈÇÑ/ÃÎÈÇÑæÊÞÇÑíÑÃÎÑì/tabid/94/Article/8952/Default.aspx

Terrain
 
Le député Khaled AbboudDans la province de Damas, des miliciens ont assassiné le pilote de l’air le général Walid Abboud qui est le frère du député syrien Khaled Abboud.
A Hama, les sites de l’opposition armée syrienne ont évoqué la mort d’un membre de l’ASL dans des accrochages avec l’armée régulière.
A Deir Ezzor, l’aviation syrienne a bombardé un repaire de l’ASL à l’entrée de la ville de Boulkamal, rapporte Syrian Documents.
A Alep, plusieurs batiments abritant les miliciens ont été détruits dans la localité de Safira, dans sa province.
A Deraa, des combats violents ont éclaté dans la localité Bassar al-Harir entre l’armée régulière et l’ASL et il y a des blessés de part et d’autre.
Plusieurs obus de mortiers se sont abattus sur le camp palestinien de Yarmouk, témoin d’un important  mouvement de déplacement de ses habitants.

Version AFP-OSDH
Le régime accusé d'un nouveau "massacre" en Syrie   

Une ONG a accusé jeudi l'armée syrienne d'avoir  tué une centaine de civils dans le centre du pays tandis que Moscou a pris la défense du régime syrien face aux accusations lui imputant le bombardement  mardi de l'université d'Alep où 87 personnes ont péri.
  
Cette semaine a été marquée en Syrie par des tueries de grande ampleur.
Mardi, régime et rébellion se sont mutuellement accusés d'être les auteurs des bombardements sur l'université d'Alep, qui ont coûté la vie à 87 personnes selon l'Observatoire des droits de l'Homme (OSDH).
  
Des militants ont affirmé que l'aviation avait tiré deux missiles sur cette faculté, un temps foyer de la contestation dans la prospère cité commerçante longtemps restée à l'écart du soulèvement contre le régime. L'OSDH fait porter la responsabilité de ce "massacre" aux autorités syriennes et demande une commission d'enquête.
  
De son côté, l'armée a accusé les rebelles d'avoir "commis un nouveau crime en tirant des roquettes contre l'université d'Alep" pour "couvrir leur échec".
  
Washington a accusé le régime de Bachar al-Assad d'être derrière cette "attaque abjecte", une déclaration jugée "blasphématoire" par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui y a plutôt vu "la vengeance des terroristes pour les pertes importantes" infligées par l'armée.
  
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné "l'effroyable attaque", rappelant que "prendre délibérément des civils pour cible constitue un crime de guerre".
   Mardi encore, les troupes ont tué en 24 heures 106 civils dont des femmes et des enfants selon l'OSDH, près de Homs (centre), dans une zone de vergers où un millier de déplacés s'étaient réfugiés pour échapper au pilonnage de plusieurs quartiers de la "capitale de la révolution".
  
L'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et médecins en Syrie, affirme que plusieurs victimes ont péri dans l'incendie de leur maison et d'autres ont été exécutées à l'arme blanche.
  
Le quotidien al-Watan, proche du régime syrien, a de son côté affirmé que l'armée avait "réussi à progresser remarquablement" aux abords de Homs aux dépens des "hommes armés", terme désignant les rebelles.
  
Toutefois, selon des militants sur place, cités par l'OSDH, les insurgés ne sont pas présents dans cette zone, à cinq kilomètres du centre de Homs.
  
Paris a condamné "avec la plus grande force (ce) nouveau massacre commis par l'armée syrienne", dénonçant "la sauvagerie du régime".
   "Les auteurs de tels crimes, quels qu'ils soient, devront en rendre compte devant la justice pénale internationale", a poursuivi Vincent Floréani, porte-parole adjoint du Quai d'Orsay.
  
Et mercredi, trois attentats suicide à la voiture piégée ont tué, selon l'OSDH, 35 personnes --dont 18 soldats-- à Idleb, principale ville du nord-ouest de la Syrie et îlot encore sous contrôle de l'armée, la majorité de la province du même nom lui échappant désormais.
  
Les Affaires étrangères syriennes ont accusé le Front al-Nosra d'être derrière ces attaques. Ce mouvement jihadiste, qui a revendiqué la plupart des attentats suicide en Syrie, a été placé en décembre sur la liste américaine des organisations terroristes.
  
Jeudi, onze personnes, dont sept fillettes et trois femmes, ont péri dans des raids aériens près de Damas, selon l'OSDH.
  
Une vidéo mise en ligne par des militants a montré des hommes sortant le corps d'un homme enseveli sous des décombres. L'un d'eux s'en prend au président syrien: "Bachar al-Assad, le traître", crie-t-il, face à la caméra.
 

Selon un premier bilan provisoire de l'OSDH, 57 personnes ont péri en Syrie jeudi, dont 24 dans la périphérie de Damas.
 Mercredi, 148 personnes, dont 77 civils, avaient été tuées à travers le pays, où les violences ne faiblissent pas au 23e mois d'un conflit qui a fait, selon l'ONU, plus de 60.000 morts.