L’Iran a considérée la révolution égyptienne comme étant une révolution islamique, car il prévoyait que les Frères musulmans allaient jouer un rôle majeur dans l’avenir du pays.
La récente visite, en Egypte, du ministre iranien des Affaires étrangères, Ali-Akbar Salehi, et sa rencontre avec le Président Egyptien, Mohammad Morsi, ont fait la Une de l'actualité régionale. Il s'agissait du troisième voyage, au Caire, du chef de la diplomatie iranienne, pour s'entretenir avec les autorités égyptiennes de la Syrie.
Par ailleurs, cette visite a renforcé les spéculations autour de la reprise des relations entre deux grands pays du Moyen-Orient. Lors de son séjour au Caire, le ministre iranien des Affaires étrangères a rencontré également son homologue égyptien, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe et le Cheikh d'Al-Azhar. Cette visite a été effectuée, dans un contexte marqué par la tension, dans les relations entre l'Egypte et les Emirats-arabes-unis. Par conséquent, on peut établir des liens entre le temps du voyage au Caire du chef de la diplomatie iranienne et les messages que le gouvernement de Morsi veut véhiculer aux capitales arabes de la région.
Les relations entre l'Iran et l'Egypte, depuis janvier 2011
L'Iran a soutenu la révolution du peuple égyptien contre le régime de Hosni Moubarak et l'a considérée comme une révolution islamique, car il prévoyait que les Frères musulmans allaient jouer un rôle majeur dans l'avenir de l'Egypte. Suite à la chute de Hosni Moubarak, on s'attendait à ce qu'il y ait le rétablissement des relations entre l'Iran et l'Egypte, au niveau des Ambassadeurs. Cette attente s'est renforcée, lorsque l'Egypte a donné le feu vert aux navires iraniens de franchir le canal de Suez. De même, la victoire de Mohammad Morsi, issu des Frères musulmans, lors du scrutin présidentiel de juin 2012, a renforcé les espérances, quant à une normalisation des relations entre les deux pays. En été 2012, le terrain semblait être favorable à la coopération Téhéran-Le Caire, lorsque la partie égyptienne a proposé la création d'un comité quadripartite, réunissant l'Iran, l'Egypte, la Turquie et l'Arabie saoudite. Et la visite, à Téhéran, de Mohammad Morsi, pour participer au Sommet du Mouvement des Non-alignés, a rendu de plus en plus prometteuses les relations entre l'Iran et l'Egypte.
Les motifs de l'Iran et de l'Egypte, pour la reprise des relations
Il y a quatre raisons qui incitent l'Iran à accroître ses relations avec l'Egypte. Le rapprochement avec l'Egypte permettra à l'Iran de se voir ouvrir les portes du monde arabe et élargira le champ d'interaction de Téhéran avec les pays arabes. Les relations entre l'Iran et l'Egypte apaiseront les tensions entre Sunnites et Chiites. C'est un objectif qui est poursuivi par la République islamique d'Iran dans la région. Les relations avec l'Egypte permettront à l'Iran de rejoindre l'initiative régionale pour la Syrie. Et finalement, l'interaction avec l'Egypte prouvera que les efforts censés isoler la République islamique d'Iran n'ont pas abouti et que Téhéran a su renforcer ses rapports et ses liens, au niveau régional.
Du côté égyptien, l'Iran occupe une place importante, dans la politique régionale et les programmations stratégiques de l'Egypte. Le gouvernement égyptien peut en profiter, comme une preuve, pour montrer que sa politique étrangère est équilibrée. Pour revenir à son rôle régional, effrité, au cours de ces trois dernières décennies, l'Egypte a besoin de diversifier ses relations régionales. Autrement dit, l'Egypte ne peut pas se transformer en un acteur influent, au Moyen-Orient, sans avoir des relations avec les grands acteurs régionaux. En outre, l'interaction avec l'Iran permettra à l'Egypte d'avoir accès à un champ géographique beaucoup plus large s'étendant de l'Irak jusqu'au Liban.
La visite, en Egypte, du Ministre iranien des Affaires étrangères, dans la conjoncture régionale actuelle
Lors de sa visite à Téhéran en été, le Président égyptien Mohammad Morsi a eu l'occasion de renouer des relations entre l'Iran et l'Egypte, mais, il l'a perdue. Morsi s'en est servie, comme un levier régional, sans établir de relation sérieuse avec l'Iran. En fait, il ne voulait pas donner de prétexte aux Salafistes, hostiles aux relations entre l'Iran et l'Egypte. En effet, le gouvernement égyptien souhaite utiliser la carte iranienne, pour promouvoir sa position internationale, sans pour autant provoquer les sensibilités régionales.
La proposition égyptienne de créer le comité quadripartite, pour résoudre la crise syrienne, n'a pas marché, car l'Arabie saoudite ne veut pas voir l'Iran faire partie des solutions régionales. En dépit de cela, l'Iran a envoyé en Egypte une délégation pour étudier la crise syrienne. Ceci dit, l'objectif principal de l'Iran consiste à obtenir un acquis politique, en Egypte. La récente visite en Egypte, du chef de la diplomatie iranienne était marquée par deux grandes évolutions.
Primo, la tension créée dans les relations entre l'Egypte et les Emirats-arabes-unis, autour des Frères musulmans, et secundo, les rumeurs circulant autour du général Soleiymani, commandant de l'armée de Qods. Les autorités iraniennes et égyptiennes ont catégoriquement démenti la visite de ce général du corps des Gardiens de la Révolution islamique en Egypte. Le gouvernement semble vouloir profiter du désir de l'Iran d'établir des relations avec le Caire, comme un atout dans sa politique vis-à-vis des pays arabes du golfe Persique.
La politique, à court terme
L'échec, dans les évolutions et les politiques régionales de l'Egypte, est évident. Le retour à l'interaction diplomatique avec l'Iran est dans l'intérêt de l'Egypte.
La politique iranienne de Mohammad Morsi ne semble pas être étroite de vue. Le président égyptien ne veut pas utiliser la carte iranienne, en un temps et lieu inopportuns.
C'est pour cette raison qu'il y des signes, qui montrent que les relations entre l'Iran et l'Egypte pourront, éventuellement, connaître un progrès provisoire, car il semble que dans l'état actuel des choses, Morsi entend se servir de la carte iranienne, pour menacer les Arabes.