"Quand j’entends les Saoudiens, j’ai l’impression qu’Assad va tomber demain matin. Mais lorsque j’évalue la situation, je sens que nous allons tous tomber avant lui".
Le président du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a accueilli, samedi dernier, dans son palais de Moukhtara les ambassadeurs arabes accrédités à Beyrouth pour évoquer avec eux les développements au Liban et dans la région.
Cette habitude du député du Chouf, qui aime maintenir ses relations avec le monde, notamment avec les grands pays, est un héritage qui remonte à l’époque des consuls.
Mais la dernière rencontre ne s’est pas déroulée comme le souhaitait le chef du PSP, qui voulait saisir cette occasion pour taper à la porte de l’Arabie, sous prétexte que son ambassadeur fait partie des invités.
Cependant, cette ruse n’a pas marché car l’ambassadeur saoudien, Ali Awad el-Assiri, a boycotté la rencontre. Mais la grande surprise est venue du fait que l’ambassadeur du Qatar, Saad Ali Hilal Mouhannadi non plus n’est pas venu.
La déception de Joumblatt s’est transformée en désespoir.
Un ambassadeur qui était présent a estimé que l’Arabie saoudite commet une erreur en poussant à ce point le boycott de Joumblatt, qui fait preuve d’une grande patience en attendant que le royaume revienne sur sa position.
Selon des informations, Joumblatt s’attendait ces dernières semaines à entendre la sonnerie de son téléphone pour lui apporter la nouvelle d’une invitation en Arabie saoudite.
Mais cela ne s’est pas produit, ce qui l’a poussé à avancer la date de sa visite à Mascou, que lui avait transmis le vice-ministre russe des A-E, Mikhaël Bogdanov.
Selon l’ambassadeur, c’est dans ce contexte que Joumblatt a décidé de se rendre à Moscou, pour réhabiliter sa relation avec la Russie, car il est sûr que ses tentatives de se rabibocher avec Riyad seront vouées à l’échec pour une longue période.
Le diplomate a ajouté que lors d’une conversation téléphonique avec l’ancien vice président syrien Abdel Halim Khaddam, au milieu de l’été dernier, le chef du PSP s’était plaint de la négligence avec laquelle il est traité par l’Arabie saoudite.
Khaddam lui a conseillé la patience, l’informant que le prince Bandar Ben Sultan lui avait assuré que «la fin d’Assad était proche».
Joumblatt lui aurait répondu nerveusement: «Quand je vous entends et que j’entends les Saoudiens, j’ai l’impression qu’Assad va tomber demain matin. Mais lorsque j’évalue la situation, je sens que nous allons tous tomber avant lui».
Le seigneur de Moukhtara avait affirmé se sentir en danger, après que l’ambassadeur russe à Beyrouth l’eut informé qu’il ne pouvait plus lui apporter une protection.
L’ambassadeur pense que Joumblatt se rend à Moscou pour, justement, essayer de récupérer cette protection.
Source : AlAkhbar traduit par Médiarama