Des tractations entre Saleh et le général Mohsen Ali al-Ahmar --qui s’est rallié à la contestation après avoir été longtemps son allié-- n’ont pas abouti à une transition négociée du pouvoir.
Partisans et adversaires du président Ali Abdallah Saleh se sont mobilisés massivement vendredi à Sanaa où les forces de sécurité et l'armée ont déployé un dispositif sans précédent de crainte d'affrontements entre groupes rivaux.
La tension était vive dans la capitale où les forces de sécurité et l'armée ont multiplié les points de contrôle sur les différents axes routiers menant aux lieux de rassemblement des manifestants, divisant la capitale en deux parties: le nord dominé par l'opposition et le sud par le régime.
Autour de la place du Changement, près de l'université de Sanaa, où campent depuis plus d'un mois les jeunes protestataires réclamant le départ du président Saleh, l'armée, dont des officiers ont rallié le mouvement de
contestation, a établi des barrages de contrôle aux points d'accès de la place.
Des unités des forces de sécurité ont pour leur part canalisé le flux des partisans du régime, dont de nombreux hommes de tribus mobilisés à l'appel du chef de l'Etat, sur les places Tahrir et Sabiine.
La journée de vendredi a été baptisée celle "du Salut" par les protestataires et "de la Fraternité" par les loyalistes. Et les lieux de leur rassemblement sont situés dans des quartiers différents de Sanaa, distants de quelques kilomètres.
Mais une explosion de violence était redoutée dans la capitale où se font face des unités rivales de l'armée, partiellement ralliée aux protestataires, et de la Garde républicaine, commandée par le fils du chef de l'Etat, Ahmad.
Les protestataires ont élargi vendredi leur sit-in aux rues autour de la place du Changement, après avoir renoncé à la marche sur le palais présidentiel de crainte de violences.
Par ailleurs, lors d’une brève apparition sur la place Sabiine, jouxtant son palais, Saleh s’est adressé à ses partisans en lançant : "je m'engage (...) à me sacrifier, par mon sang et par tout ce qui m'est cher, pour le peuple".
"J'espère que leur discours sera sage et responsable" et qu'ils ne tiennent pas des propos irresponsables", a-t-il dit à l'adresse de protestataires.
Le chef de l'Etat est confronté depuis fin janvier à un mouvement de contestation populaire réclamant son départ et qui s'est accentué après la mort le 18 mars de 52 manifestants par des tirs attribués à ses partisans.
Des tractations entre le président Saleh et l'homme fort de l'armée, le général Mohsen Ali al-Ahmar --qui s'est rallié à la contestation après avoir été longtemps son allié-- n'ont pas abouti à une transition négociée du pouvoir, et le président a décidé de se maintenir.