Témoignage poignant d’un père au quotidien libanais asSafir..
Le 17 Février 2011 : date de la première protestation populaire en Arabie-saoudite, à Qatif, dans la province alCharqieh.
Depuis cette date, la rue du Roi Abdul Aziz à Qatif est devenu la rue de la révolution saoudienne. Depuis Novembre 2011 jusqu'à aujourd'hui, 15 martyrs sont tombés dans les rangs des manifestants, sans compter des centaines de détenus, selon le ministère de l'Intérieur saoudien.
Dans ses prisons, les autorités saoudiennes ne distinguent pas entre petits et grands où tous les détenus sont emprisonnés sans avoir été jugé. Le régime des alSaoud justifie ces arrestations en accusant les manifestants d’utiliser des cocktails Molotov et des armes : accusations démenties par les parents des détenus qui assurent que le mouvement contestataire est pacifique.
Abdul Aziz Almshama, le père de Jaafar Almshama (17 ans), détenu pendant plus de neuf mois, a rompu le silence et a osé parler au quotidien libanais à As-Safir sur les circonstances de l'arrestation de son fils.
Il raconte : «Mon fils était à l’extérieur au moment où il y avait une manifestation dans le quartier, après quoi il a été transféré à la maison suite à une blessure à l'épaule à cause d’une balle tiré sauvagement par les forces armées saoudiennes. Nous l’avons traité à la maison par crainte de l’emmener à l'hôpital où il risque d’être arrêté. Mais les images sur ses a blessure ont été diffusées sur internet ce qui a permis à la police saoudienne de le traquer. Par la suite, ils nous ont convoqués après plusieurs jours au poste de police sous prétexte que mon fils a commis une infraction à la circulation. Et donc nous nous sommes rendus au commissariat, mais j'ai été surpris par son arrestation sur le champ pour lui faire subir un interrogatoire sur les manifestations et des affrontements avec la police ».
Le père poursuit : « la police a montré à son fils une image de sa blessure, d’où il s’est vu obligé d’avouer qu’il a été blessé mais il a nié sa participation à la manifestation, affirmant qu'il avait été touché par des balles sauvages tirées par la police alors qu'il était en route vers la maison de sa tante. Jusqu’à aujourd’hui, mon fils est toujours détenu dans une cellule du Ministère des affaires sociales et du Ministère de l'Intérieur et du ministère de l'enquête ».
Abdul Aziz Almshama poursuit son témoignage en racontant comment il a tenté de rencontrer les parties responsables à plusieurs reprises mais sans pouvoir recueillir une seule réponse.
Finalement on lui a permis permettre de rendre visite à son fils une fois par semaine après avoir toutes sortes d’informations sur sa condition familiale et sa situation.
Abdul Aziz craint que «son fils ne passe tout son temps là-bas au fur et à mesure que les choses évoluent, surtout qu'il n'a pas été inculpé de quoique ce soit de façon claire et donc son statut juridique est toujours inconnu depuis son arrestation ».
Interrogé sur si son fils est impliqué dans une activité politique quelconques, le père répond : « Mon fils n’a rien avoir avec qui se passe à Charqieh , nous sommes une famille paisible et nous nous éloignons des problèmes, mais il a été blessé par erreur quand il y avait des tirs de feu contre des manifestants dans le quartier», ajoutant que son fils «a fait l’objet de torture, frappé avec des matraques et des bâtons, le forçant à signer de faux aveux sur sa participation à des manifestations et l'utilisation de la violence contre la police ».
Abdul Aziz Almshama et sa femme Oum Mohammed vivent un état de tristesse depuis l'arrestation de leur fils Jaafar et sont préoccupés par un avenir sombre : «notre vie est amère depuis l’arrestation de mon fils, c’est comme si je l’avais perdu entre mes mains, tout ce que je veux c’est qu’il soit libéré le plus tôt possible, je n’ai guère de solutions entre mes mains, recourir à un avocat ne sert à rien ».
Sa mère poursuit : «nous vivons une situation très difficile, nous ne savons rien de l'affaire, nous ne voulons pas entamer une action qui puisse avoir des conséquences néfastes pour notre fils en prison ».
Elle a avoué qu’elle soufrait de trouble neurologique et qu’elle ne cessait de pleurer depuis son arrestations : « C’est encore un enfant il m’est insupportable de l’imaginer derrière les barreaux loin de moi »…