Pourquoi cet intérêt soudain?
Après avoir boycotté le gouvernement de Najib Mikati et malmené le Premier ministre pendant des mois, l’Arabie saoudite a subitement ouvert ses portes au Premier ministre.
M. Mikati, qui participe à Riyad au sommet économique arabe, a été reçu par le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud al-Fayçal, en présence du ministre des Finances Mohammad Safadi et de l’ambassadeur d’Arabie au Liban, Ali Awad al-Assiri.
M. Mikati devait ensuite recevoir dans sa suite d’hôtel le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Abdel Aziz Ben Abdallah, qui est aussi le fils du roi.
Ce mardi, le Premier ministre a couronné ses rencontres par une réunion avec l’héritier du trône, le prince Salman Ben Abdel Aziz.
Lors de précédentes visites à caractère privé ou social à Riyad, les dirigeants du royaume avaient ignoré le chef du gouvernement.
La normalisation des relations entre la direction saoudienne et M. Mikati tourne définitivement la page de la démission du gouvernement libanais, qui constitue la condition sine quo non posée par le Courant du futur pour participer au dialogue national initié par le président de la République, Michel Sleiman.
Elle assène par ailleurs un coup sérieux à la stratégie du boycottage du gouvernement instaurée par le parti de Saad Hariri depuis l’assassinat, le 19 octobre dernier, du général Wissam al-Hassan.
Cette normalisation intervient alors que les principaux partis politiques libanais tentent de négocier, difficilement, un accord sur une nouvelle loi électorale.
Or tout compromis nécessite des concessions de la part du Courant du futur qui campe toujours sur ses positions, deux semaines après le début des travaux de la sous-commission parlementaire chargée d’examiner les projets de loi électorale.
Le quotidien As Safir s’interroge sur «le prix électoral» que devra payer M. Mikati en contrepartie de la reconnaissance saoudienne de son gouvernement et de son rôle.
D’autres analystes affirment que le geste entrepris par les dirigeants saoudiens en direction du Premier ministre confirme la présence de plusieurs courants au sein de la famille royale: les faucons, qui ne veulent rien entendre et souhaitent aller jusqu’au bout dans la confrontation avec la Syrie, l’Iran et leurs alliés régionaux, et les modérés, qui veulent maintenir un contact avec toutes les parties.
Pendant ce temps à Beyrouth, les ministres de la majorité ont tenu une réunion de coordination au domicile du ministre de la Santé Ali Hassan khalil (Amal).
Etaient présents les ministres Mohammad Fneich (Hezbollah), Gebran Bassil (Courant patriotique libre), Marwan Kheireddine (Parti démocratique libanais), Fayez Ghosn (Marada) et Nicolas Fattouche (indépendant).
Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Fayçal Karamé, qui a échappé dimanche à une attaque contre son convoi à Tripoli, était également présent.
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