Témoignage poignant d’une famille affligée par la mort de son fils aîné: encore un crime à rajouter sur la liste des violations commises par le régime des AlSaoud.
En février 2011, le premier martyr saoudien, Nasser Mahiche, est tombé sous les tirs des forces armées du régime des alSaoud. Depuis une nouvelle phase des protestations populaires ont commencé en Arabie-saoudite qui ne s'est guère calmée, ponctuée par des affrontements violents entre les manifestants pacifiques et les forces saoudiennes.
Selon le ministère de l’Intérieur, le nombre de victimes qui sont tombés en martyr est de 15 personnes, « dont certaines sont morts suite à des affrontements avec la police obligée de se défendre » prétend le ministère !
La dernière victime est un jeune âgé de 17 ans : Ahmad AlMatar, tué en Décembre dernier. Selon la police, il était en possession illégale d’une arme à feu. Mais les témoins ont confirmé à ses parents qu’Ahmad était muni d’une caméra entrain de filmer les manifestants qui brûlaient des pneus à Qatif.
La police a ouvert le feu sur les manifestants qui protestaient contre la détention de personnes de la région de Qatif, tuant Ahmad et blessant six autres.
Le père de Mohammed AlMatar refuse la version des autorités saoudiennes, exigeant une enquête impartiale et indépendante de la mort de son fils.
Interrogé par le quotidien asSafir, il déplore : « Ce qui est arrivé à mon fils est un crime odieux, il a été tué par des balles réelles qui l’ont atteint dans ses côtes et dans ses jambes. Les balles qui ont été utilisées sont des balles anti-blindage ».
Selon asSafir, la nouvelle de la mort d’Ahmad a choqué la famille. Le père s’est réveillé vendredi pour découvrir que le fils aîné de huit frères n’était pas retourné à la maison depuis 24h. Le père travaille à Riyad et visite sa famille le week-end. C’est par le réseau électronique d’internet qu’il a découvert que son fils a été tué la nuit précédente, alors qu’il pensait qu'il était avec ses amis entrains de dîner.
Le père raconte : « Tout le monde à la maison s’est mis à pleurer et à gémir. Nous n'avons pas connaissance que notre fils suit une activité politique quelconque ou participe à des manifestations. Je ne connais pas les circonstances de son assassinat et le ministère de l'Intérieur refuse de nous faire part des résultats de l’enquête et je n’ai toujours pas reçu les résultats de l'autopsie que j’avais demandée ».
Et de poursuivre : «J'ai ressenti une joie parce qu’il est mort en martyr car il se battait pour la liberté de son peuple, de notre pays. Certes, j’ai pleuré un certain temps car c’est une situation qu’on ne peut pas contrôler. Mais je sais maintenant qu’il est dans un lieu sûr, un lieu accueillant ».
Le père exige aujourd’hui un tribunal pour juger ceux qui ont provoqué la mort de son fils dans un incident «barbare et sauvage» :«Celui qui connaît Ahmad sait qu'il était pacifique et calme, tout le monde le sait et même s'il avait tort, c’est un crime que de le tuer ainsi et de mutiler son corps».
Mohammed AlMatar dénonce le communiqué du ministère de l'Intérieur qui prétend que des échanges de tirs ont eu lieu et que la police ne faisait que se défendre.
«Ce genre de déclarations est publié à la hâte après chaque incident où il y a un mort sans ouvrir une enquête sur l’affaire. Je rejette en bloc cette version des faits, mon fils est un martyr, il a été torturé, tué et mutilé », précise le père.
La mère endeuillée n’arrête pas de pleurer, sa voix est faible et elle parle peu : « Mon fils était le chef de la famille ; en l'absence de son père, il restait avec nous jour et nuit. Nous ne pouvons croire qu’il était muni d’une arme à feu pointée en direction de la police».
Le corps d’Ahmad alMatar a été remis à sa famille après plusieurs jours. Une foule monstre a insisté à ses funérailles, près de cinquante mille personnes. Le père rapporte: «Le nombre de personnes qui ont participé à son enterrement a atténué le choc de notre tragédie, c’est à ce moment que j'ai réalisé que mon fils avait raison ».
La famille du martyr Mohammad AlMatar fait partie des 15 familles qui ont perdu leurs fils, des martyrs qui sont tombés pour que soient réalisées les revendications des habitants de Charqieh dont : la libération des prisonniers politiques et la fin de la discrimination sectaire pratiquée contre les chiites du royaume estimés à deux millions de personnes sur 27 millions soit le nombre de la population totale.