Des échauffourées entre policiers et manifestants se sont aussi produites à Alexandrie (nord), selon des témoins.
Des milliers de manifestants protestaient vendredi place Tahrir au Caire contre le président Mohamed Morsi et pour réclamer une "nouvelle révolution", à l'occasion du deuxième anniversaire du soulèvement populaire qui renversa Hosni Moubarak.
"Ca va être une grosse journée (...) parce que les Egyptiens en ont marre", prédit un manifestant, Mohammed Abdallah, en référence à la profonde crise politique et économique que traverse le pays.
Dans une rue menant à l'emblématique place Tahrir, de jeunes Egyptiens lançaient des pierres vers un mur de blocs de béton renforcé par les forces de l'ordre la veille. La police répondait sporadiquement par des tirs de gaz lacrymogène, selon un journaliste de l'AFP.
Des échauffourées entre policiers et manifestants se sont aussi produites à Alexandrie (nord), selon des témoins.
Des heurts avaient déjà opposé jeudi au Caire la police à des manifestants qui tentaient de démanteler ce mur pour pouvoir circuler librement dans le centre-ville. Une vingtaine de personnes avaient été blessées, selon une source
médicale.
"A bas le pouvoir du Guide" des Frères musulmans, dont est issu le président Morsi, scandaient vendredi les manifestants.
"Je suis ici pour exiger la liberté et la justice. L'Egypte a besoin d'une nouvelle révolution pour les jeunes et pour une vraie démocratie", affirmait Chawki Ahmed, 65 ans.
L'opposition, composée de mouvements en majorité de gauche et libéraux et qui affiche une unité encore précaire, a appelé à défiler à travers le pays contre le président Morsi et les Frères musulmans, en reprenant les mêmes mots d'ordre qu'il y a deux ans: "Pain, liberté, justice sociale".
"Sortons vers les places pour finaliser les objectifs de la révolution", a
appelé sur Twitter Mohamed ElBaradei, l'une des figures de proue de
l'opposition laïque. Les forces de l'ordre ont prévu de renforcer leur présence, selon une source de sécurité.
Les Egyptiens appelés à célébrer "pacifiquement"
Jeudi soir, Morsi a appelé ses compatriotes à célébrer "de manière pacifique et civilisée" le deuxième anniversaire de la révolte qui avait débuté le 25 janvier 2011.
Face à ses adversaires, Morsi se prévaut d'être depuis juin dernier le premier président civil et démocratiquement élu du pays, et a promis de gouverner "pour tous les Egyptiens".
L'opposition l'accuse en revanche de reproduire un système autoritaire et socialement injuste, et de privilégier l'idéologie islamiste sur l'intérêt général.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a de son côté demandé aux Egyptiens de s'en tenir aux "principes universels du dialogue pacifique et de la non violence".
Les Frères musulmans n'ont pas officiellement appelé à manifester vendredi. Pour marquer l'anniversaire, ils ont lancé une initiative intitulée "Ensemble nous construisons l'Egypte", consistant en une série d'actions sociales et caritatives.
Le climat est alourdi par l'annonce attendue samedi du verdict dans le procès des responsables présumés de la mort de 74 personnes à l'issue d'un match de football à Port-Saïd (nord-est) en février 2012.
Les "Ultras" du club cairote d'al-Ahly, qui assurent compter la grande majorité des victimes, menacent de manifestations violentes et d'une "nouvelle révolution" s'ils n'obtiennent pas justice.
Outre la crise politique, l'Egypte affronte une grave crise économique, avec l'effondrement des investissements étrangers, la chute du tourisme et un déficit budgétaire en hausse notamment.