28-04-2024 10:05 AM Jerusalem Timing

Mali: les islamistes "dynamitent" un pont stratégique près du Niger

Mali: les islamistes

La porte parole du HCR a déclaré que les réfugiés font largement état "d’atrocités attribuées aux rebelles liés à Al-Qaida".

  

Des combattants islamistes ont "dynamité" un pont stratégique, près de la frontière nigérienne, sur la route menant à Gao, une des principales villes du nord du Mali, selon l’AFP.

   Ce sabotage, qui a entrainé la mort de deux personnes dans un accident de la route, vise un des axes que pourraient emprunter les soldats tchadiens et nigériens de la force africaine en cours de déploiement au Niger.

   "Les islamistes ont +dynamité+ le pont de Tassiga. Personne ne peut plus passer pour aller au Niger, ou venir vers Gao", a déclaré Abdou Maïga, propriétaire de camions de transports.

   Son témoignage a été confirmé par une source nigérienne de sécurité: "Depuis ce matin, aucun véhicule n'a quitté ici la frontière pour Gao, parce que les islamistes ont détruit le pont de Tassiga à l'aide de dynamite. Plus personne ne peut passer".

   "Cet acte de sabotage prouve que les islamistes ont peur. Mais nous avons d'autres routes, d'autres plans qu'ils ne savent pas", a commenté un responsable de l'armée malienne, pour relativiser cette action.

  Deux personnes ont ensuite été tuées vendredi au cours d'un accident. "Un camion qui roulait vite, n'a pas vu qu'on ne pouvait pas traverser le pont de Tassiga. Il a fait un accident, il y a eu deux morts sur le coup, et trois blessés", a déclaré au téléphone à l'AFP, Oumar Maïga, un autre commerçant malien.

   L'accident et son bilan ont été confirmés par une source de sécurité nigérienne: "l'accident du camion sur le pont de Tassiga a fait deux morts. Le camion est tombé dans le vide".

 "Après le pont de Tassiga, j'ai une crainte, que les islamistes détruisent le pont de Wabaria de Gao. Ils sont fous, et ils peuvent le faire", a commenté un élu de la région.

  Tassiga, est une localité malienne, située à 60 kilomètres de la frontière nigérienne. Deux mille soldats tchadiens et 500 nigériens sont en cours de déploiement au Niger, dans l'objectif d'ouvrir une nouvelle voie vers Gao pour aller chasser les groupes islamistes armés au Mali.

 Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'aviation française a bombardé des positions islamistes à Ansongo, à 40 km de Tassiga, sur la route menant à Gao.     

 9.000 nouveaux réfugiés depuis l’intervention française (HCR)   

Plus de 9.000 Maliens ont fui dans les pays voisins depuis le début des attaques militaires françaises au Mali le 11 janvier, a indiqué vendredi le HCR à Genève.

   Du 11 au 23 janvier 5.486 réfugiés sont arrivés en Mauritanie, 2.302 au Burkina Faso et 1.578 au Niger, selon le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies.  Le nombre total de réfugiés dans la région dépasse désormais 150.000 et il y a environ 230.000 déplacés à l'intérieur du Mali.

   Pour sa part le Comité International de la Croix Rouge, tout en soulignant ne pas disposer d'une "évaluation globale" sur les personnes déplacées suite aux combats, estime qu'il ne s'agit pas à ce jour de mouvements  "alarmants".
Mais il "faut suivre cela dans les jours et les semaines à venir", a dit à la
presse Mme Yasmine Praz Dessimoz, chef des opérations du CICR pour l'Afrique du nord et de l'ouest.

   La porte parole du HCR a précisé que les réfugiés font largement état "d'atrocités attribuées aux rebelles liés à Al-Qaida". Melissa Flemming a ajouté que les témoignages affirment que "les rebelles n'empêchent pas les gens de partir des zones qu'ils contrôlent mais ils fouillent minutieusement leur sacs et prennent la nourriture, l'argent et ce qui a de la valeur".

   Ils confisquent aussi les véhicules privés, une des raisons expliquant que les refugiés parcourent de longues distances à pied ou avec des ânes.
   Les réfugiés déclarent craindre des représailles par des milices ethniques et font état de la présence de bandits armés.
   Le CICR avec la Croix rouge malienne a pu fournir de la nourriture et des biens de première nécessité à plusieurs milliers de déplacés ainsi qu'une assistance à l'hopital de Gao, en zone rebelle, où sont traités des blessés des
combats.
   Depuis la reprise des hostilités le CICR a profité de l'accès à toutes les parties, militaires maliens et français mais aussi groupes armés du nord, "pour leur rappeler l'impératif de respect des lois humanitaires internationales", a
souligné Mme Praz Dessimoz. L'organisation cherche notamment à avoir accès aux personnes récemment arrêtées. 

   Le CICR travaille aussi à fournir du carburant pour assurer l'approvisionnement en électricité des villes de Kidal, Gao et Tombouctou, dans le nord du Mali.

   "On constate sur place qu'il y a des informations inquiétantes par rapport à des déplacements de population dans le nord, dans les régions de Gao, Tombouctou. Pas massivement, mais il y a des mouvements parce que les combats se rapprochent", a affirmé la responsable du CICR.