Morsi appelle à rejeter la violence.
Vingt et un Egyptiens ont été condamnés à mort samedi dans le procès des violences ayant suivi un match de football l'an dernier à Port-Saïd (nord-est), au lendemain du deuxième anniversaire de la "révolution" marqué par des heurts meurtriers entre manifestants et policiers.
Après le verdict, deux policiers ont été tués par balles par des inconnus à Port-Saïd, selon une source sécuritaire, alors que des proches des condamnés à mort tentaient d'envahir la prison où ces derniers sont détenus, selon la télévision d'Etat et des témoins.
Des sources officielles ont fait état de 14 morts.
Selon la télévision d'Etat, plus de 50 personnes ont aussi été blessées dans ces violences.
Selon des témoins, des assaillants inconnus ont ouvert le feu en direction de la police qui a riposté avec du gaz lacrymogène. Des violences ont éclaté dans des rues proches de la prison, et les commerces ont fermé.
Au Caire, le verdict a en revanche été accueilli par les cris de joie et les youyous des membres des familles des victimes présents dans la salle d'audience.
Devant le tribunal, un homme ayant perdu son fils dans les violences pleurait de joie. "Je suis satisfait du verdict", a-t-il dit à l'AFP.
En février 2012, 74 personnes étaient mortes à Port-Saïd après un match entre le club cairote d'Al-Ahly et une équipe locale, Al-Masry.
Plus de 70 personnes, dont neuf policiers, étaient jugées pour leur responsabilité présumée dans ces violences.
Un groupe de 21 personnes a été condamné à mort samedi matin, a annoncé le président du tribunal. Les accusés restants seront fixés sur leur sort le 9 mars.
"Soit justice leur est rendue, soit nous mourrons comme eux!", avaient mis en garde au tribunal des membres des familles des victimes en brandissant des photos de leurs proches.
Des centaines d'"Ultras" d'Al-Ahly, des supporteurs fervents et organisés qui revendiquent la majorité des victimes, s'étaient rassemblés tôt samedi devant leur club au Caire, agitant des drapeaux.
Mercredi, des centaines d'entre eux avaient mené une série d'actions symboliques au Caire, encerclant la Bourse puis bloquant une station de métro ainsi qu'un axe central de la capitale.
Les Ultras sont réputés pour leur soutien actif à la révolte populaire qui a provoqué début 2011 la chute de Hosni Moubarak et pour leur participation aux manifestations contre le pouvoir militaire de transition qui ont suivi.
Sept morts, Morsi appelle à rejeter la violence
Le verdict de ce procès, qui était très attendu, intervient au lendemain du deuxième anniversaire du début du soulèvement ayant renversé Hosni Moubarak, qui a été marqué par des violences ayant fait sept morts et 450 blessés dans le pays, selon le ministère de la Santé.
D'après le ministère de l'Intérieur, 95 policiers font partie des blessés.
L'armée a déployé dans la nuit des hommes et des blindés légers pour protéger les bâtiments de la police et du gouvernorat local à Suez --où six personnes ont été tuées.
Manifestations et heurts se sont produits ailleurs dans le pays, notamment aux abords de la place Tahrir au Caire et à Alexandrie (nord).
A Ismaïliya (nord-est), des manifestants ont mis le feu au siège local du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation politique des Frères musulmans, et envahi le siège du gouvernorat.
Des bâtiments publics ont également été la cible des contestataires à Damiette (nord) et Kafr el-Cheikh (delta du Nil).
Le président Mohamed Morsi a appelé ses compatriotes à "rejeter la violence dans les paroles et dans les actes" et promis que les responsables de ces heurts meurtriers seraient "traduits en justice", dans des messages postés dans la nuit sur ses comptes Twitter et Facebook.
L'opposition, composée de mouvements en majorité de gauche et libéraux avait appelé à défiler en reprenant les mêmes mots d'ordre qu'il y a deux ans : "Pain, liberté, justice sociale".
Ce regain de tension dans la crise opposant le président Mohamed Morsi qui se prévaut d'avoir été démocratiquement élu en juin dernier, et l'opposition qui l'accuse de dérive autoritaire, est aggravé par les lourdes difficultés économiques que traverse le pays.
L'Egypte affronte une grave crise économique, avec l'effondrement des investissements étrangers, la chute du tourisme et un déficit budgétaire en hausse notamment.
Un ferry grec cible de tirs à Port-Saïd, pas de victimes
Un ferry grec en provenance du port israélien de Haïfa a reçu des tirs samedi matin alors qu'il était ancré à Port-Saïd, le
port égyptien théâtre de troubles meutriers, a indiqué le ministère grec des Affaires Etrangères.
Le bateau, où personne n'a été blessé, a repris la mer et se trouvait dans l'après-midi au large de la ville, a précisé le ministère. En l'état, les autorités estiment que ce ferry, Island of Rhodes, n'a pas été visé mais pris dans des tirs, selon une source diplomatique.
Le chef de la diplomatie grecque, Dimitris Avramopoulos, a contacté son homologue, Mohamed Kamel Amr, "pour être informé des mesures que comptent prendre les autorités égyptiennes pour retrouver les responsables", a indiqué un communiqué du ministère grec.