25-11-2024 07:15 AM Jerusalem Timing

Egypte: funérailles sous haute tension pour les morts de Port-Saïd

Egypte: funérailles sous haute tension pour les morts de Port-Saïd

Les 31 tués de samedi sont morts par balles.

Plusieurs milliers de personnes participaient dimanche dans une ambiance très tendue aux funérailles de personnes tuées la veille à Port-Saïd (nord-est de l'Egypte), après la condamnation à mort de 21 supporteurs de football locaux.
  
Des coups de feu d'origine indéterminée ont été entendus pendant que les dépouilles étaient transportées d'une mosquée vers le cimetière, provoquant la panique dans la foule avant un retour au calme, ont rapporté des témoins, sans faire état de victimes.
  
La rue principale de la ville était envahie par des habitants participant au cortège des funérailles. "Il n'y a de Dieu que Dieu", criait la foule.
Certains exprimaient aussi leur colère contre le pouvoir islamiste, scandant "A bas le pouvoir du Guide" des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi.
  
Le bilan officiel fait état de 31 morts samedi, mais le nombre exact des victimes inhumées dimanche n'est pas encore connu.
  
Les commerces étaient fermés pour la deuxième journée consécutive. Les forces de l'ordre n'étaient pas visibles pendant les funérailles, selon les témoins.
  
Les violences de la veille, qui ont continué dans la nuit, ont éclaté juste après la condamnation à mort de 21 supporteurs du club de football local, Al-Masry, pour leur implication dans des violences qui avaient fait 74 morts en février 2012, après un match contre une équipe du Caire, Al-Ahly.
  
Des médecins ont indiqué à l'AFP que toutes les victimes de samedi ont été tuées par balles réelles. L'armée pour sa part a démenti avoir utilisé de telles munitions.
  
Des militaires avaient pris position samedi dans la ville portuaire située à l'entrée nord du canal de Suez, pour protéger les bâtiments publics et les sites sensibles.
  
Beaucoup d'Egyptiens estiment que les violences de l'an dernier à Port-Saïd ont été orchestrées par la police ou par des partisans du président déchu Hosni Moubarak.
  
Des habitants de Port-Saïd assurent que les condamnations à mort ont été motivées par le souhait d'éviter des troubles plus graves encore avec les supporteurs très organisés d'Al-Ahly, les "Ultras", qui avaient menacé de semer le "chaos" si le verdict n'était pas assez sévère.
  
  

"Un verdict politique"
  
    

"C'est un verdict politique qui a sacrifié nos enfants pour éviter le chaos. Nos enfants sont des boucs émissaires", a affirmé à l'AFP un habitant, Achraf Sayyed.
  
Samedi, des habitants de Port-Saïd avaient attaqué deux postes de police et des proches des condamnés à mort avaient essayé de prendre d'assaut la prison où ces derniers sont détenus.
  
Dès vendredi, plusieurs villes d'Egypte, dont Le Caire, ont connu des troubles à l'occasion du deuxième anniversaire du début du soulèvement ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak.
  
Les affrontements lors de cette "Journée de la Révolution" entre forces de l'ordre et opposants au président Morsi ont fait neuf morts et des centaines de blessés, reflétant les profondes divisions politiques dans le pays et les tensions persistantes entre la police et une partie de la population.
  
Au Caire, des accrochages sporadiques ont continué d'opposer dimanche, pour la quatrième journée consécutive, de petits groupes de jeunes manifestants à des policiers près de la place Tahrir, où les forces de l'ordre répliquaient aux jets de pierres par des tirs de gaz lacrymogènes.
  
L'ambassade des Etats-Unis a annoncé sans plus de détails qu'elle suspendait ses services au public en raison de ces heurts se déroulant non loin de ses bureaux.
  
Des affrontements ont également été signalés dans la nuit à Suez, à l'entrée sud du canal du même nom, où quatre commissariats ont été attaqués. C'est dans cette ville que huit personnes avaient perdu la vie vendredi.
  
Dans ce climat de vives tensions, l'opposition regroupée au sein du Front du salut national (FSN), a réclamé samedi une "solution globale" à la crise politique incluant notamment un "gouvernement de salut national".
   Faute de quoi, a-t-elle prévenu, elle boycotterait les législatives prévues en principe en mars ou avril, et réclamerait une présidentielle anticipée.
 
 L'opposition laïque et le pouvoir sont à couteaux tirés depuis novembre, quand le président Morsi s'est doté temporairement de pouvoirs exceptionnels, puis a fait passer lors d'un référendum controversé un projet de Constitution soutenu par les islamistes.