Morsi appelle les dirigeants de l’opposition à un dialogue national.
Dans un discours à la nation, au ton ferme, retransmis en direct à la télévision, M. Morsi a en outre appelé les dirigeants de l'opposition à un dialogue national lundi, au moment où le pays traverse une crise politique aggravée par ces violences.
Selon un communiqué de la présidence de la République, les trois dirigeants du Front du salut national (FSN), la principale coalition de l'opposition, Hamdeen Sabbahi, Amr Moussa et Mohammed ElBaradei, ont été conviés entre autres à ce dialogue à 18H00 locales (16H00 GMT) au palais présidentiel au Caire.
L'état d'urgence entrera en vigueur à partir de minuit (dimanche à 22H00 GMT) à Port-Saïd, Suez et Ismaïliya, pour une période de 30 jours, a-t-il dit.
Cette mesure sera accompagnée d'un couvre-feu nocturne de 30 jours dans ces trois provinces de 21H00 à 06H00 locales (19H00 à 04H00 GMT).
Le président égyptien a aussi menacé de prendre "d'autres mesures exceptionnelles" si les émeutes reprennent.
"Je suis contre les mesures exceptionnelles mais j'avais dit que si j'y étais contraint, je le ferais pour éviter que le sang ne coule et pour protéger les citoyens. Et me voilà les imposant", a poursuivi le président.
"Si je vois que les fils de la nation ou les institutions ou biens publics ou privés sont en danger, je serais contraint de faire encore plus", a-t-il dit en allusion à d'autres mesures exceptionnelles. "Je le ferai pour l'intérêt de l'Egypte. C'est mon devoir et je n'hésiterai pas un instant".
Les troubles ont débuté dès vendredi dans plusieurs villes du pays, dont Suez et Ismaïlya, à l'occasion du 2e anniversaire du début du soulèvement ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak.
A Port-Saïd, les violences ont éclaté après la condamnation à mort samedi de 21 supporteurs du club de football local Al-Masry, pour leur implication dans des violences ayant fait 74 morts en février 2012, après un match à Port-Saïd contre une équipe du Caire, Al-Ahly.
Des proches des condamnés à mort ont alors essayé de prendre d'assaut la prison où ces derniers sont détenus à Port-Saïd et des habitants ont aussi attaqué deux postes de police.
"Les décisions de justice doivent être respectées par tous. Elles ne sont pas dirigées contre une partie spécifique et ne sont pas partiales", a dit M. Morsi.
Le président égyptien a affirmé qu'il "ferait face à toute menace contre la sécurité de la nation avec force et fermeté dans le respect de la loi", soulignant avoir donné aux forces de l'ordre des "instructions" en ce sens.
Il s'est en outre indirectement pris à l'opposition, critiquée ces derniers jours par les Frères musulmans pour ne pas avoir dénoncé les violences.
"Ce dont nous avons été témoins ces derniers jours -violences, agressions contre les institutions publiques et privées, (...) recours aux armes et couper les routes- sont des actes étrangers au peuple égyptien et n'ont rien à voir avec la révolution", a-t-il dit.
"Le peuple égyptien refuse ces actes et rejette ceux qui les défendent et s'abstiennent de les dénoncer", a encore dit M. Morsi.
Terrain
Sur le terrain, une personne a été tuée lundi dans des affrontements entre policiers et manifestants qui se poursuivaient pour la cinquième journée consécutive près de la place Tahrir au Caire, a annoncé un responsable de la police.
De petits groupes de manifestants s'étaient heurtés toute la nuit aux forces de l'ordre aux abords de la place Tahrir.