Des forces spéciales ont été déployées depuis trois jours dans le Sud, voisin de la Libye et de l’Algérie, pour protéger des installations pétrolières et gazières du Sahara.
Deux agents des forces tunisiennes ont été blessés lors de heurts avec des jihadistes présumés dans la nuit de lundi à mardi à Kasserine (centre-ouest), et l'armée a renforcé sa présence dans le Sahara, près de sites pétroliers, pour prévenir tout acte "terroriste".
Un haut responsable policier a indiqué à l'AFP sous couvert de l'anonymat qu'une opération spéciale avait visé à Kasserine trois personnes appartenant à la mouvance salafiste jihadiste.
Alors que les forces spéciales appréhendaient l'un des suspects, ses deux complices ont ouvert le feu blessant deux agents dont l'un grièvement à la jambe et à la hanche. Ce dernier a été hospitalisé à Tunis et les trois salafistes présumés ont pu prendre la fuite abandonnant un fusil d'assaut de type Kalachnikov.
Des opérations "de ratissage" sont en cours dans la région pour les retrouver, selon la même source. Contacté par l'AFP, le ministère de l'Intérieur a refusé de commenter ces informations.
Selon une source au sein de la garde nationale, s'exprimant aussi sous couvert d'anonymat, les trois salafistes présumés seraient liés au groupe que les forces tunisiennes ont pourchassé pendant une dizaine de jours en décembre dans la région de Kasserine, à la frontière algérienne.
Fin décembre, les autorités tunisiennes avaient annoncé l'arrestation dans cette zone de seize hommes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et que 18 personnes étaient recherchées.
Par ailleurs, des forces spéciales ont été déployées depuis trois jours dans le Sud, voisin de la Libye et de l'Algérie, pour protéger des installations pétrolières et gazières du Sahara.
Il s'agit de "mesures de précaution" à la suite de la prise d'otages d'In Amenas en Algérie, a confié à l'AFP une source de la sécurité dans la région.
Plusieurs sociétés énergétiques étrangères sont présentes en Tunisie comme l'italien ENI, le franco-britannique Perenco, l'autrichien OMV - dans des accords de partage de production avec le groupe public tunisien ETAP - et le canadien Winstar.
"Ces mesures visent la prévention de toute attaque terroriste ciblant les champs (pétroliers et gaziers tunisiens) en particulier ceux situés à la frontière algéro-tunisienne", a aussi indiqué une "source sécuritaire" à l'agence officielle TAP.
La prise d'otages près In Amenas en Algérie, un site gazier à la frontière libyenne et à 300 km au sud de la Tunisie, avait été menée mi-janvier par un commando islamiste, dont onze membres étaient des Tunisiens. Un Algérien et 37 étrangers avaient été tués, de même que 29 ravisseurs.
Le désert que se partagent la Libye, la Tunisie et l'Algérie est devenu une zone importante de trafic d'armes notamment à destination des groupes jihadistes dans le nord du Mali.
Les trois pays ont signé mi-janvier un accord devant aboutir à un renforcement des contrôles et à une coopération accrue contre le trafic d'armes, de drogue, la traite des personnes et le "terrorisme" dans la région.