Entretemps, des dizaines de milliers de Libanais et d’étrangers se trouvent abandonnés à leur sort.
Des militaires fidèles au président ivoirien Laurent Gbagbo ont appelé samedi à la mobilisation des troupes pour la "protection des institutions de la République", dans un message lu sur la télévision d'Etat RTI.
Un militaire, accompagné d'une dizaine d'autres membres des Forces de défense et de sécurité (FDS), a lu dans la matinée un "communiqué numéro 1 du PC du point d'appui" à l'antenne de la RTI, au moment où les éléments FDS restés fidèles à M. Gbagbo défendent leurs derniers bastions à Abidjan face aux forces d'Alassane Ouattara.
"Les positions des FDS ont été attaquées par des hordes de combattants de fortune, appuyés notamment par les forces de l'Onuci (mission de l'ONU) et de la (force française) Licorne", a-t-il déclaré.
"Les FDS, tenant à réaffirmer leur détermination, à assurer leur devoir régalien de protection des personnes, des biens et des institutions de la République de Côte d'Ivoire" demandent "à l'ensemble des personnels des forces armées" de rejoindre cinq unités situées à Abidjan.
Le camp Gbagbo avait dit vendredi avoir repris la RTI, symbole du régime, aux forces pro-Ouattara.
Les forces d’Ouattara accusés de violations
Ce dernier, lequel jouit du soutien de la Communauté internationale, se trouve depuis vendredi sous le feu des critiques des organisations humanitaires qui soupçonnent ses forces de commettre des représailles criminelles.
Ce samedi, c’est Human Rights Watch (HRW) qui l’a sommé d’ordonner à ses forces de ne pas commettre des actes de représailles contre les partisans de son rival.
"Ouattara devrait envoyer un message public sans équivoque à tous ses commandants et à toutes ses forces qui se battent en son nom, selon lequel les représailles, de quelque type que ce soit, seront punies", écrit Daniel Bekele, directeur Afrique de HRW dans un communiqué reçu à Dakar.
L'organisation leur demande également "de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer un traitement humain à quiconque se trouve en détention, y compris les combattants des forces de Gbagbo" et d'enquêter et poursuivre "selon les normes internationales" les auteurs "d'exécutions sommaires et autres atteintes graves" aux droits de l'homme.
Les FRCI de M. Ouattara, qui contrôlent depuis près d'une semaine la quasi-totalité du territoire ivoirien, ont lancé vendredi une offensive dans la capitale économique Abidjan pour prendre le palais et la résidence du président sortant Laurent Gbagbo .
Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), "au moins 800 personnes" ont été tuées mardi 29 mars lors de "violences intercommunautaires" à Duékoué, ville de l'ouest de la Côte d'Ivoire.
Vendredi, le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a accusé les partisans d’Ouattara, d’être impliqués dans de "graves violations des droits humains", a déclaré vendredi le porte-parole du Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Rupert Colville, cité par les médias européens.
Selon lui, il s'agit de pillages, d'extorsions de fonds, d'enlèvements, d'arrestations arbitraires et de mauvais traitements de civils. Dans ce contexte, le porte-parole du Haut commissariat a appelé les forces en Côte d'Ivoire à une "retenue extrême".
Les Libanais, et les autres étrangers: pillés, vandalisés et bloqués.
À l’instar des autres étrangers, la communauté libanaise qui est avec ses 100.000 ressortissants, l'une des communautés étrangères les plus importantes se trouve abandonnée à son sort.
Interrogé par les médias libanais, l’ambassadeur du Liban Ali Ajamai a qualifié la situation à Abidjan de très mauvaise, signalant que la communauté libanaise y est prise pour cible par les bandes de pillards.
« Elle fait l’objet de vagues de pillages, de la part de voleurs qui œuvrent en pleine journée, attaquent les domiciles, menacent et font chanter leurs propriétaires, voire même ouvrent le feu au sein des maisons, s’ils n’obtiennent pas de l’argent liquide. Parfois, il demandent à prendre les clés des voitures », précise-t-il.
Selon le quotidien francophone libanais L’Orient-le-jour, des villas et des commerces appartenant à des Libanais ont été mis à sac, alors que de nombreux Libanais, à l’instar de tous les étrangers, sont bloqués chez eux depuis jeudi matin et n’osent pas sortir.
Pour se protéger au cas où ils ont besoin de sortir, certains d’entre eux se paient les services de bandes qui n’hésitent pas à les abandonner pour celui qui les paient plus généreusement.
" Nous avons payés la somme de 10.000 dollars pour qu'ils nous protègent jusqu'à lundi prochain", a révélé le ressortissant libanais Saïd Jaafar à notre chaîne AlManar.
Lançant un appel au secours aux autorités libanaises, Jaafar a toutefois reconnu que pour l'instant, personne ne peut se rendre à l'aéroport, pour y être évacué. Un avion de la MEA devrait se rendre dans ce pays à partir de dimanche.
" Seul Dieu peut nous sauver" a-t-il dit, précisant que les centaines de Libanais qui ont été secourus par les militaires français qui oeuvrent dans ce pays sont ceux qui disposent de la double nationalité.
Alors que le porte-parole de l'état-major français des armées a affirmé qu'environ 1.400 étrangers étaient regroupés samedi matin dans le camp militaire français de Port-Bouët près d'Abidjan, capitale économique ivoirienne où les tirs à l'arme lourde ont repris autour des bastions de Laurent Gbagbo.
"On doit approcher les 1.400 dont un tiers de Français", a indiqué à l'AFPle colonel français Thierry Burkhard.
Et d'ajouter que les ressortissants étrangers cherchent à se mettre en sécurité pour échapper aux pillards. "Il n'y a pas d'accrochages. Les pillards n'accrochent pas la force Licorne, ils cherchent à piller les habitations. Ce n'est pas dans cette zone-là qu'il y a des combats", a-t-il souligné.
Vendredi soir quelque 900 personnes étaient rassemblées au camp, situé dans le sud de la ville, près de l'aéroport d'Abidjan.