24-11-2024 06:35 PM Jerusalem Timing

Cheikh Hassoun: La Syrie aborde une phase de reconstruction avec l’aide de l’Iran

Cheikh Hassoun: La Syrie aborde une phase de reconstruction avec l’aide de l’Iran

Dans une interview exclusive avec Mehrnews, le grand Mufti de la Syrie érvèle les dessous de la crise syrienne, ses enjeux..

 Le  Grand Mufti de la Syrie cheikh Badraddine Hassoun a déclaré dans une interview exclusive à l’agence d’information iranienne Mehrnews que « la Syrie est sur le point de connaître une nouvelle phase de reconstruction en coopération avec la République islamique d'Iran ».

Il a affirmé que «la situation en Syrie est sur la voie de l'amélioration car l’attaque contre la Syrie était internationale et non individuelle».

Et d’ajouter : «Il y avait un plan qui avait pour titre  le printemps arabe. Ce dernier a balayé la Tunisie, la Libye et l'Egypte, ainsi que le Yémen.  En apparence, il visait  la chute des dictateurs et l’instauration de la démocratie sauf que  le citoyen arabe a découvert que ce printemps ne visait pas que la suppression des dictatures mais aussi plonger les peuples de la région dans le chaos.  Tel était aussi le plan  en Syrie ».

Et de poursuivre : « Les fils de la Syrie souhaitent un véritable changement,  mais ce dernier doit se réaliser  à travers eux et non dicté par l'extérieur comme en Tunisie, en Libye et en Egypte. En Libye, des flottes se sont déplacées et des avions ont bombardé pour « le changement ». En Tunisie, des changements ont éclaté mais ils ont donné lieu au vide. En Egypte, le changement a développé le chaos. Au Yémen , le président Ali Saleh est absent. Et le président Moubarak en prison. Le président Ben Ali est parti ».

« Aujourd’hui, le printemps arabe évolue vers  un chaos planétaire.. Chaos arabe.. Chaos islamique. C’est pourquoi en Syrie le peuple dans sa majorité a pris conscience de l’enjeu et a refusé d'embrasser ce printemps arabe. Certes, il sait que le régime a commis des erreurs mais les corriger ne doit pas impliquer une alliance internationale de plus de cent pays qui ont rompu leurs relations diplomatiques avec la Syrie et l’ont assiégé  économiquement.  Le peuple syrien a compris que ce printemps arabe était un grand mensonge.  Et donc quand les Syriens ont rejeté ce faux printemps, ils (les cent pays)  lui ont envoyé des combattants venus de l'extérieur de la Syrie : du Yémen et de l'Afghanistan. Même des Chinois ont été capturés  sur le sol syrien, ils étaient venus pour faire le jihad en Syrie ! Comme si la Syrie, qui est le premier pays de la résistance, qui soutient la résistance depuis 48 est aujourd'hui un pays qui doit être libérer.. Libérer de qui ? De son gouvernement? Oui son gouvernement a commis des erreurs mais c’est au peuple de changer son gouvernement et non pas  les autres ».

Il a poursuivi: « C’est pourquoi le peuple syrien rejette aujourd'hui cette étiquette que les médias lui ont  collé  à la peau et que les mondes  musulman et arabe ne cessent de répéter :  la Syrie brûle,  la Syrie est dans le chaos. Non, la Syrie est politiquement toujours contenue et hier, Lakhdar Brahimi a déclaré que le régime en Syrie était encore fort. Oui,  il est endommagé mais  à cause  d'un boycott économique et aussi à cause des terroristes combattants venus des quatre coins du monde.

Et de souligner : «  Ces terroristes ont un jour nui aux intérêts des États-Unis, ils ont attaqué  Manhattan comme ils ont nui à un certain nombre de pays arabes et même  à Paris quand ils ont frappé les trains. Ils sont venus aussi en Syrie et y ont détruit ses infrastructures, ils ont frappé nos trains et nos raffineries de pétrole et d'énergie et même nos moulins et nos boulangeries ! Quel genre de démocratie est-ce que de détruire le pays et tuer son peuple pour changer  un régime ? C’est ce que la majorité du peuple syrien a refusé ».

« Aujourd’hui le peuple syrien cherche à se reconstruire  de l'intérieur sans ingérence étrangère, indépendamment de tout agenda extérieur. Or, nous savons que la première chose qui sera imposée au peuple syrien est un futur accord de paix avec l’ennemi israélien. Tout comme on a imposé à l’Egypte le respect du traité  de paix avec Israël. Je pense  qu'ils veulent imposer des accords dans l’avenir  au profit d'Israël ».

Interrogé sur  le rôle des pays de la région comme l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie dans la crise syrienne,  Cheikh Hassoun a répondu: « Notre problème avec ces pays  c’est qu’ils ne disposent de leurs décisions. Elles leur sont dictées de l’extérieur ».

Concernant l’Arabie-saoudite, cheikh Hassoun a indiqué que « le régime et le peuple saoudien estiment que la situation en Syrie n'est plus un projet de changement du régime mais plutôt un projet de destruction de la Syrie ».

« Je pense donc que le régime saoudien a commencé à s’inquiéter de la crise syrienne en ce sens  que ce qui se passe en Syrie risque d'éclater aux  Émirats arabes unis ou en Arabie saoudite voire dans toute la région et même la Turquie", a-t-il noté .

Justement pour ce qui est de la Turquie, cheikh Hassoun a parlé d’«un fossé entre le peuple et le gouvernement turc».

«Le peuple turc n’a pas  accepté ce qui se passe en Syrie, il a exprimé son opposition à cette guerre provoquée contre la Syrie par des manifestations de grande envergure dans lesquelles le parti de la justice a été dénoncé. Or, le problème du gouvernement et de l'armée turque c’est que la Turquie est un membre de l'OTAN et ce dernier est le mur de protection d'Israël », a précisé cheikh Hassoun. 

Et de poursuivre : « Il est donc logique que le régime turc et non le peuple turc soutient ces terroristes, les attire de partout et les accueille pour les  envoyer en Syrie.  Nous sommes sûrs que si  la Turquie ferme ses frontières durant deux semaines, comme l’a souligné le président Bachar al-Assad, face à ces terroristes. La crise syrienne se terminera aussitôt. Mais,  il y a des milliers de terroristes qui viennent des quatre coins du monde. Nous avons capturé un bon nombre d’entre eux et ils nous ont avoué qu’ils croyaient se battre  en Palestine. Ils sont venus de Tchétchénie et du Kirghizistan »..

« Donc, il y a mensonge de la part de  certains régimes arabes tels que le Qatar .. Et je suis triste pour le peuple du Qatar dont son argent est dépensé pour  la destruction de la Libye et aujourd'hui pour la destruction de la Syrie", a-t-il ajouté.

Il a expliqué que « notre problème réside avec les régimes et non avec les peuples. Le peuple turc, le peuple du Qatar, le peuple saoudien et le peuple jordanien : tous sont peinés  par ce qui se passe en Syrie. Or,  le problème dans ces régimes, c’est qu’ils ne se rendent pas compte que s’ils parviennent à détruire la Syrie, ses conséquences seraient catastrophiques sur  eux. C’est ce dont le Président Bachar a mis en garde au cours de plusieurs rencontres avec la presse.  L’explosion de la Syrie  provoquera une autre pas seulement dans le monde arabe et islamique mais aussi ailleurs.  Ainsi pas seulement l'Iran et la Syrie seront  touchés par le terrorisme, mais tout autant la Russie et aussi la France. Il ne s’agit pas de menaces, mais  le terrorisme n’a pas de frontières, il peut éclater sous multiples aspects. Comme en Afghanistan où les Etats-Unis ont crée les talibans pour combattre l'Union soviétique. Puis les  talibans se sont retournés contre  Washington et ont attaqué New York.  Et ils les combattent toujours alors qu’ils veulent  les reconnaître maintenant ».

Et de conclure : « Louange à Dieu,  nous avons en Syrie une armée forte et un peuple instruit. Et malgré, cette pression médiatique qui a été pratiquée sur le peuple syrien depuis deux ans jusqu'à ce jour.. Plus de 300 chaînes de télévision arabes et plus de 1100 canaux internationaux, toutes dirigées contre la Syrie, le citoyen syrien refuse toujours l’ingérence étrangère pour sortir de la crise.  C’est ce qui s'est passé durant ces 24 heures à la conférence de Genève, où l'opposition syrienne de l’intérieur et celle de l’extérieur se sont  réunies et ont  demandé de dialoguer avec le régime syrien. Elles ont affirmé qu’elles voulaient  résoudre le problème de la Syrie de l’intérieur et non de l'exterieur ».