Une telle affaire "ne peut pas être réglée par de simples excuses du porte-parole du ministère de l’Intérieur".
L'opposition égyptienne a appelé samedi à la démission du ministre de l'Intérieur après des séquences vidéo montrant un homme nu sauvagement battu et traîné lors de la répression vendredi soir d'une manifestation devant le palais présidentiel au Caire.
"Les images horribles et déshonorantes montrant des officiers de la sécurité centrale et des policiers traînant et battant sauvagement un homme complètement nu autour du palais présidentiel doivent conduire à une démission
immédiate du ministre de l'Intérieur" Mohamed Ibrahim, a dit Khaled Daoud, porte-parole du Front du salut national (FSN), principale coalition de
l'opposition.
Une telle affaire "ne peut pas être réglée par de simples excuses du porte-parole du ministère de l'Intérieur", a-t-il ajouté, alors que les images, diffusées par des chaînes de télévision et sur l'internet, suscitaient de vives réactions sur les réseaux sociaux.
Sur la vidéo, on voit des policiers anti-émeutes battre avec des matraques l'homme nu, la cinquantaine, qu'ils ont traîné avant de l'embarquer dans un fourgon blindé, en poste devant le palais.
Le FSN devait se réunir dans l'après-midi pour examiner sa stratégie après les violents affrontements entre manifestants hostiles au président Mohamed Morsi et les forces anti-émeutes devant le palais présidentiel qui ont fait un mort et des dizaines de blessés vendredi.
Pourtant le pouvoir et l'ensemble de la classe politique s'étaient engagés jeudi à favoriser le dialogue pour sortir de la grave crise politique et à prévenir la violence.
La présidence de la République a dénoncé "des actes de vandalisme" ayant émaillé les manifestations de vendredi et évoqué dans un communiqué de possibles "violations des libertés civiles".
"La présidence ne tolèrera pas de tels abus", affirme-t-elle, notant dans un communiqué que "dans un incident, un individu a été vu alors qu'il était traîné et battu par la police, et le ministère de l'Intérieur a annoncé une enquête".
Fin 2011, l'image d'une manifestante voilée que l'armée traînait sur la chaussée près de la place Tahrir au Caire et mettait à découvert son ventre, avait provoqué l'indignation à travers le pays et dans le monde.
Dans la nuit de vendredi à samedi
D'importants effectifs de la police anti-émeutes étaient déployés samedi matin aux abords du palais présidentiel au Caire après une nuit de violents heurts entre police et manifestants qui se sont soldés par un mort et des dizaines de blessés.
Aucun manifestant n'était visible autour du palais et les principales avenues du secteur ont été rouvertes au trafic, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Mais les rues adjacentes étaient jonchées de pierres, utilisées par les manifestants dans leurs affrontements avec les forces de sécurité, qui se sont prolongés tard dans la nuit.
Les manifestants, qui répondaient vendredi à un appel de l'opposition pour protester contre le président islamiste Mohamed Morsi, ont lancé pierres, cocktails Molotov et feux d'artifice contre le palais. La police a lancé des gaz lacrymogènes et tiré en l'air pour tenter de les disperser.
Samedi matin, une odeur de gaz lacrymogène continuait de flotter dans l'air dans les environs du palais, dont le mur d'enceinte était recouvert de graffitis hostiles à M. Morsi: "Renverser le régime", "Liberté".
La Garde républicaine, une unité militaire chargée de la protection de la présidence, n'était pas déployée devant le palais contrairement à de précédentes violences en décembre.
Sur la place Tahrir au Caire, la situation était également calme au lendemain des heurts ayant opposé policiers et manifestants durant cette nouvelle journée de protestations à travers le pays.
Les heurts se sont renouvelés vendredi malgré l'engagement de l'ensemble des forces politiques à éviter la violence, après des accrochages qui ont fait 56 morts en une semaine dans le pays divisé entre pro et anti-Morsi, premier président civil et islamiste d'Egypte.