Le Hezbollah prêche-t-il la patience avant de recourir aux armes lourdes politiques et constitutionnelles
Le Hezbollah a jouté, loin des projecteurs, un rôle de premier plan dans les concertations qui ont mené à la prorogation pour 15 jours des travaux de la sous-commission parlementaire chargée d’examiner les projets de loi.
Sa logique consiste, compte tenu des circonstances délicates que traverse le Liban, à éviter toute réaction impulsive et donner toute ses chances à l’entente, avant de passer à l’autre phase qui sera inaugurée par les commissions parlementaires conjointes.
Il est d’autant plus important d’épuiser toutes les possibilités d’entente que les Kataëb et les Forces libanaises hésiteraient à prendre dès maintenant le chemin des commissions. Mais dans 15 jours, si la sous-commission ne parvient pas à s’entendre sur une loi consensuelle, ces deux formations seront à l’avant-garde de la bataille pour voter le projet orthodoxe à l’assemblée générale.
Aussi, le Hezbollah prêche-t-il la patience avant de recourir aux armes lourdes politiques et constitutionnelles, surtout que les données actuelles sont satisfaisantes pour l’alliance quadripartite de la majorité (Hezbollah, Amal, Courant patriotique libre et Marada).
En effet, le projet orthodoxe dispose d’une autosuffisance parlementaire et l’alliance de la majorité a retiré des mains du Courant du futur et du président de la République Michel Sleïmane la carte de la loi de 1960, après avoir pris la décision de bloquer en Conseil des ministres la formation de la Commission indépendante de surveillance des élections, même au prix d’un clash avec le chef de l’Etat.
Dans ce contexte, les choix sont désormais les suivants: organiser les élections sur la base d’une loi consensuelle ou du projet orthodoxe ou, alors, reporter le scrutin. Il n’y a pas très longtemps encore, les quatre alliés étaient placés devant le choix de l’organisation des élections sur la base de la loi de 1960, en cas d’échec des démarches consensuelles.
Tandis que les quatre alliés montent une garde vigilante devant la tombe de la loi de 1960, certains dirigeants du 8-Mars espèrent que cette nouvelle donne poussera le Courant du futur à cesser de parier sur la chute du régime syrien pour améliorer ses positions dans les négociations.
Il est clair que le 8-Mars a fait preuve d’une supériorité tactique dans la gestion de la bataille de la loi électorale. Il est apparu soudé, disposant d’une vision claire et appuyant à fond son allié chrétien. Des avantages qui ont fait défaut chez le 14-Mars, pourtant réputé pour sa bonne organisation et la solidité de ses alliances… avant que ses rangs, unis par le Tribunal spécial pour le Liban, la Syrie et les armes du Hezbollah, ne soient dispersés par la loi électorale.
Enfin, la proposition (de M. Saad Hariri, ndlr) d’élire un sénat avant l’élection d’un «Parlement non confessionnel» ouvre les portes de l’amendement de la Constitution… que tout le monde souhaitent sauf le Courant du futur.
Encore un pêché commis par ce parti, pour la seul raison qu’il ne possède pas d’immunité lorsqu’il n’est pas au pouvoir.
Imad Marmal : journaliste libanais proche de la majorité
Assafir-Médiarama