Les membres de la patrouille étaient vêtus d’uniformes et circulaient en Humvee.
Des images diffusées par les médias ont démenti la version véhiculée par le chef de la municipalité de Ersal et des milieux proches du 14-Mars selon laquelle la patrouille de l'armée libanaise qui a pénétré à Ersal, vendredi, circulait à bord de voitures banalisées et que ses membres étaient habillés en civil, rendant leur identification difficile par les assaillants.
Ces photos montrent clairement que les membres de la patrouilles étaient vêtus de leur uniforme; on y aperçoit plusieurs soldats blessés gisant à terre, ainsi que les cadavres de deux militaires tués, le commandant Pierre Bachaalany et le sergent Ibrahim Zahraman, atrocement mutilés. Selon certaines informations, ils auraient été massacrés à coups de couteaux et d'objets contondants. D'autres images montrent des dizaines de personnes rassemblées autour d'un Humvee de l'armée endommagée.
L'attaque contre l'Armée libanaise est la conséquence directe du climat de tension entretenu dans le pays depuis le début de la crise syrienne. Elle prouve que certaines régions se sont transformées en zones de non-droit, où de dangereux individus, recherchés pour terrorisme, sont protégés sous le prétexte du soutien aux rebelles syriens.
Lorsque le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, en avait parlé, il y a près d'un an, il avait été la cible d'une virulente campagne de dénigrement lancée par le 14-Mars. Réagissant à ce grave incident, M. Ghosn n'a pas écarté la possibilité que des membres de l’Armée syrienne libre aient pris part aux affrontements. Selon lui, l'incident de Ersal est une preuve de la présence d'Al-Qaïda dans la région.
D'ailleurs, la patrouille de l'armée venait arrêter le dénommé Khaled Hmayyeh, recherché pour activités terroristes. Tué lors de l'échange de tirs avec les membres de la patrouille, Hmayyed était lié, selon des sources de sécurité citées par les journaux libanais, aux branches libanaises et syriennes d'Al-Qaïda.
Le président de la République a appelé l’armée à empêcher toute action qui pourrait porter atteinte à la sécurité du pays. "Toute atteinte à la sécurité sera combattue fermement", a déclaré Michel Sleiman, appelant le commandement de l'armée à empêcher toute attaque "contre les officiers et les soldats".
Le Premier ministre Najib Mikati a tenu, quant à lui, des propos ambigus. Il a semblé souscrire à la version de la patrouille banalisée, tout en exprimant son soutien à la troupe. Le chef du gouvernement s'exprimait au ministère de la Défense, où il s'est joint au ministre Ghosn et au commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwaji, qui ont tenu une réunion d'urgence consacrée à la situation de Ersal. Le général Kahwaji a interrompu une visite à Paris pour suivre les développements sur le terrain.
En dépit des pressions politiques et des interventions discrètes, l'armée exige que soient livrés sans condition tous les responsables de l'embuscade contre sa patrouille. En attendant, d'importants renforts ont été dépêchés dans la région et Ersal est désormais totalement encerclé.
Entretemps, les funérailles du commandant Bachaalani et du sergent Zahraman ont eu lieu dans un climat de tristesse et de colère. Ils ont été inhumés respectivement à Ballouné (Kesrouan) et à Akkar.
Mediarama