Le chef de l’opposition bulgare Serguei Stanichev reproche aux autorités d’annoncer des faits sans disposer de preuves irréfutables.
La Bulgarie s’est résignée aux pressions américano-israéliennes en accusant mardi le Hezbollah d’être derrière l'attentat anti-israélien du 18 juillet 2012 à Bourgas (est), conduisant les Etats-Unis et "Israël" à demander à l'Europe d'agir face à la « menace » de ce mouvement libanais.
"Nous pouvons en tirer la conclusion légitime que les deux personnes, dont l'identité a été établie, font partie à l'aile militaire du Hezbollah", a prétendu le ministre de l'Intérieur, Tsvetan Tsvetanov.
En réaction, le président du parti socialiste bulgare (opposition) Serguei Stanichev a reproché aux autorités d'annoncer des faits sans encore disposer de preuves irréfutables.
"Il est clair que le gouvernement bulgare a adopté une approche politique dans cette affaire, et ne fait que répéter les accusations d’ « Israël » annoncés juste après l’attentat, et avant même le début de l’enquête", a-t-il affirmé. M.Stanichev a ajouté que « ces accusations exposent la sécurité nationale du pays au danger" et rappelé qu’"une enquête était toujours en cours et on ne peut pas parler de preuves fondées jusqu'à présent".
Selon des responsables de l'enquête à Bourgas, une reconstitution de l'attentat aura lieu au printemps prochain en vue d'établir si l'auteur de l'attentat était un kamikaze ou si l'explosif avait été déclenché à distance.
Côté libanais, le quotidien libanais an-Nahar a cité des sources proches du Hezbollah selon lesquelles le mouvement libanais n’est pas concerné de réagir aux accusations bulgares. Et d’ajouter, il est fort probable que le Hezbollah se prononce sur ces prétentions lors de la commémoration du martyre des dirigeants de la résistance qui aura lieu le 16 février courant.
Les Etats-Unis et "Israël" pressent l'UE
Entre-temps, Washington a rapidement réagi à la nouvelle, qui avait déjà filtré dans plusieurs journaux américains mardi.
Le conseiller spécial du président Barack Obama pour la lutte contre le terrorisme, John Brennan, probable futur chef de la CIA, a ainsi demandé aux pays européens de prendre "des mesures préventives" pour mettre au jour les infrastructures du Hezbollah ainsi que ses réseaux opérationnels et financiers.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, pour sa part, appelé l'Union européenne à "tirer les conclusions quant à la vraie nature du Hezbollah".
L’entité sioniste a accusé depuis le jour de l'attentat l'Iran d'en être le commanditaire, et le Hezbollah libanais d'en avoir été l'exécutant, ce que les deux parties nient.
Sans se prononcer sur le résultat de l'enquête de Sofia, le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a estimé qu'il fallait encore examiner "sérieusement" les implications des déclarations bulgares. "L'UE et les Etats membres examineront la réponse appropriée en fonction de tous les éléments identifiés par les enquêteurs", a-t-elle déclaré.
Rappelons que l'explosion s'était produite au moment où un jeune homme portant deux sacs, sur son dos et sur son ventre, s'était approché d'un des autocars qui devaient transporter des touristes israéliens le 18 juillet dernier de l'aéroport de Bourgas vers leur hôtel.
Selon le ministre bulgare de l'Intérieur, les deux personnes identifiées "possédaient des passeports d'Australie et du Canada" et "vivaient sur le territoire libanais depuis 2006 et 2010".