Les Musulmans de France se trouvent de nouveau " les bouc émissaires" des problèmes de la société française
Le parti présidentiel UMP organise mardi à Paris un débat controversé sur la laïcité et la place de l'islam en France voulu par le président Nicolas Sarkozy, en l'absence des responsables musulmans, qui dénoncent une stigmatisation, et du Premier ministre François Fillon.
Une douzaine de ministres devraient être présents à cette convention, convoquée de 16h00 (14h00 GMT) à 20h00 (18h00 GMT) dans un hôtel parisien, qui devrait déboucher sur une proposition de résolution parlementaire et quelques mesures ciblées, sans toucher à la loi de 1905 qui organise une stricte séparation des églises et de l'Etat.
Le chef du parti majoritaire UMP (droite) Jean-François Copé a multiplié les interventions dans les médias pour justifier ce débat controversé, alors que ses détracteurs, à droite comme à gauche, dénoncent des visées politiciennes pour contrer la montée du Front national (extrême droite).
Parmi les sujets qui seront abordés figurent la formation des imams, les lieux de culte, la rédaction d'un "code de la laïcité et de la liberté religieuse", les règles à l'hôpital et à la crèche ou la création d'un "diplôme sur la laïcité et les principes républicains".
Après les discussions sur "l'identité nationale" en 2009/2010 qui avaient donné lieu à des dérapages racistes, l'annonce de ce nouveau débat a soulevé les inquiétudes de nombreux musulmans, qui sont en France entre 5 et 6 millions.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM), instance représentative, a annoncé qu'il le boycottait la réunion, faisant part de l'exaspération des musulmans qui se sentent "traités comme les boucs émissaires" des problèmes de la société française.
Et samedi, quelques centaines de personnes ont manifesté à Paris contre cette convention.
Les musulmans ont annoncé qu'ils seraient représentés par des "observateurs", tout comme les catholiques, les protestants et les orthodoxes. Pour les juifs, le Grand rabbin de France Gilles Bernheim a dit qu'il participerait lui-même au débat.
Le Premier ministre François Fillon, qui sera absent mardi, n'avait pas caché dès le départ son hostilité à l'idée de ce débat. D'autres membres de l'UMP, notamment la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, lui ont emboîté le pas en annonçant qu'ils n'y assisteraient pas non plus.
A un an de la présidentielle de 2012, l'islam est devenu un thème majeur du débat politique en France, sur fond de montée du Front national de Marine Le Pen.