L’ancien Premier ministre a lancé une flèche à l’adresse de ses alliés chrétiens, en déclarant que «quelques sièges parlementaires ne valent pas le sang versé par les martyrs» du 14-Mars
Pour la deuxième année consécutive, la commémoration de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri a été organisée dans la salle fermée du Biel (Centre-ville de Beyrouth), en l’absence des principaux chefs chrétiens du 14-Mars, l’ancien président de la République et leader des Kataëb, Amine Gemayel, et le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, ainsi que du leader druze Walid Joumblatt.
Si les «raisons de sécurité» ont été invoquées pour justifier cette absence, les analystes privilégient plutôt les profondes divergences entre le dirigeant du Courant du futur, Saad Hariri, et les deux chefs chrétiens, à cause de la loi électorale.
En effet, contrairement au Hezbollah et au Mouvement Amal, qui ont appuyé sans réserves le choix électoral de leurs alliés chrétiens (Courant patriotique libre et Marada), Hariri s’est non seulement refusé à soutenir ses partenaires chrétiens mais leur a adressé de sévères reproches pour avoir opté pour le projet orthodoxe, qui assure une parité absolue entre chrétiens et musulmans aux élections législatives.
L’ancien Premier ministre a d’ailleurs lancé une flèche à l’adresse de ses alliés chrétiens, en déclarant dans un discours retransmis sur un écran géant que «quelques sièges parlementaires ne valent pas le sang versé par les martyrs» du 14-Mars.
Pour tenter de ressouder les rangs ébranlés de cette coalition, Hariri a longuement abondé dans son thème favori, celui des «armes illégales». Il a lancé une attaque sans précédent contre le Hezbollah, lui faisant assumer tous les maux dont souffre le Liban, dénonçant «la mainmise politique et sécuritaire de ce parti sur le pays». Dans le même temps, il a affirmé «tendre la main» à la communauté chiite dont le Hezbollah n’est pas, selon lui, le représentant.
Affirmant opter pour «la modération» et «la logique de l’Etat», M. Hariri a cependant justifié, d’une certaine manière, la floraison de nombreux groupes armés extrémistes, dont certains s’inspirent d’Al-Qaïda. Selon lui, il s’agit d’une réaction à la présence des armes entre les mains de la Résistance anti-israélienne.
L’ancien Premier ministre qui n’a pas condamné l’agression contre l’Armée libanaise à Ersal, a réaffirmé l’inéluctabilité de la chute du régime du président Bachar al-Assad et a assuré qu’il rentrerait avant les élections.
L’apparition de Hariri à l’écran a été saluée par des tirs nourris de la part de ses partisans, notamment à Tripoli, ce qui a provoqué un vent de panique chez les habitants et les automobilistes, qui ont cru à une reprise des affrontements dans leur ville.
Réagissant à l’attaque virulente du chef du Futur contre le Hezbollah, le leader du parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a appelé à laisser tranquille «les armes de la Résistance» et à essayer d’en profiter pour faire face à Israël qui reste «le véritable ennemi et danger».
source: mediaramalb.com